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Interviews

Bodies of Water – Interview

BODIES OF WATER

Bodies of Water est sans aucun doute une des plus enthousiasmantes découvertes de l’année 2008. Leurs chansons ferventes, lyriques et épiques ont, en tout cas, charmé une partie de la rédaction de POPnews. Quelques semaines après une longue tournée européenne, David, chanteur et guitariste de Bodies of Water, co-fondateur du groupe avec son épouse Meredith, a accepté avec beaucoup de gentillesse de répondre à nos quelques questions. Nous le remercions de nouveau chaleureusement.

Les chansons de "A Certain Feeling" ne sont pas aussi évidentes que celles de votre premier album. Elles demandent plus de temps pour y entrer et saisir leurs subtilités. L’humeur des deux disques est ainsi très différente. Que s’est-il passé entre "Ears Will Pop and Eyes Will Blink" et "A Certain Feeling" ?
David : Nous avons davantage joué ensemble et avons redéfini notre manière de collaborer. Il faut s’éloigner des chansons pour être capable de voir de quelle manière et pourquoi celle-là est plus accessible (je suppose que c’est ce que tu voulais dire par "évidentes") qu’une autre, et je n’ai pas l’autorité nécessaire pour en connaître les raisons.

J’ai lu beaucoup de critiques relativement déçues par "A Certain Feeling". Je pense vraiment que ce disque est plus varié que le premier. Il y a ce rythme à la Talking Heads sur "Under The Pines","Water Here" développe une humeur très est-africaine, de grosses guitares et percussions sur "Darling Be Here", pour ne citer que quelques exemples. Sais-tu dans quelle direction vous vous dirigez et quels lieux musicaux vous aimeriez explorer à l’avenir ?
Ha Ha ! Je n’avais pas réalisé que les gens le détestaient. Nous avons dit à Secretly Canadian que nous ne voulions lire aucun retour de notre album, donc à part quelques petites choses que nos amis nous ont envoyées, nous ne savons pas vraiment ce que les critiques en pensent. Je parviens à voir pourquoi les gens pourraient être déçus, et si ce sont pour les raisons que je suspecte, alors elles sont du genre à me passer par-dessus la jambe et je me contrefiche de décevoir. L’approbation du genre de personnes n’ayant pas aimé le disque serait un clair avertissement que nous ne sommes pas sur la bonne voie. J’ai une vague idée de là où nous allons, mais ce genre de pensée est versatile, spécialement à ce stade (écrire des chansons, rassembler nos idées).

La première fois que j’ai écouté la chanson "Only You", j’en suis immédiatement tombé amoureux, tout en étant quelque peu choqué. J’écoutais encore énormément votre premier album et ce titre semblait tellement minimaliste et dépouillé en comparaison. L’instrumentation est pourtant assez massive. J’ai finalement compris pourquoi j’avais ce sentiment ambigu : seule Meredith y chante, il n’y a pas de choeurs, pas d’harmonies à quatre voix, ni breaks ni extravagances. Une chanson classique, magnifiquement interprétée, poignante. Avec le recul, il semble qu’ajouter une seconde voix, briser la structure comme à votre habitude, etc, aurait certainement gâché la composition. Ma question est la suivante : vous souciez-vous de trouver le bon équilibre, de ne pas enterrer l’esprit d’une chanson sous trop d’idées ?
J’y fais attention, oui, et je n’aurais pu le dire plus succintement que tu l’as fait. Merci !

Silvio, un de mes collègues, qui a chroniqué votre premier album, a parlé de vous comme d’un groupe "gospel pop". Qui dit gospel dit harmonies vocales, choeurs. Ce n’est pas si facile à écrire qu’il ne le semble. C’est presque quelque chose de mathématique. Avez-vous appris les règles harmoniques, la composition des accords, la tonalité, les modulations, tout ce que de jeunes musiciens apprennent au conservatoire ?
Non. J’ai reçu des leçons de piano en tant qu’enfant, mais personne d’autre dans le groupe n’a eu aucune formation officielle. Je ne nous considère pas comme des primitifs, mais à cet égard je suppose que nous le sommes (ou l’étions). Nous jouons nos harmonies à l’oreille. Je joue les accords à la guitare ou au piano, et chacun y ajuste ses parties jusqu’à ce qu’elles correspondent.

Quand on écoute vos disques, on ne peut s’empêcher de se demander comment débute l’écriture d’une chanson : par les voix, la guitare, quelques paroles, une humeur, une couleur…? Avez-vous une approche particulière, une quelconque habitude vous empêchant de perdre de vue le noyau, le coeur d’une chanson ?
Mon approche est d’emporter un petit enregistreur digital avec moi, sur lequel je chante des idées quand elles surgissent. Je mets les fichiers .wav dans un dossier sur mon ordinateur, et je fais le tri parmi les fichiers sonores à la recherche de choses qui semblent bonnes. Je les développe, et ensuite couple la musique aux mots que j’ai déjà écrits. Généralement, je dois quelque peu les modifier pour qu’ils s’ajustent à la métrique de la mélodie, et parfois je dois écrire davantage pour combler les trous. Puis je cherche les accords qui donneront à la mélodie la bonne couleur, et je l’apporte aux autres pour achever les arrangements et les harmonies.

Comment décririez-vous votre musique à quelqu’un qui ne l’aurait jamais écoutée ? Quelles sont, selon vous, les connections que l’on peut établir entre vous et l’histoire de la musique américaine ?
Je dis aux gens que nous sommes quatre, que nous chantons tous, mais qu’il s’agit bien de rock tapageur. Ce n’est pas à moi de dire où se situe notre groupe dans l’histoire musicale américaine. Crois-le ou non, tu es probablement plus qualifié que moi pour y répondre.


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