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Black Kids – Partie Traumatic

BLACK KIDS – Partie Traumatic
(Mercury / Universal) [site] – acheter ce disque

BLACK KIDS - Partie TraumaticBubblegum… Tel est le qualificatif dont est affublée la musique des Black Kids, ces cinq jeunes Américains de Jacksonville qui, comme tant d’autres groupes en Angleterre, s’amusent à tricoter une pop bardée de claviers et de guitares scintillantes pour (soi-disant) faire danser les foules. Sauf que non, il y a un problème, et c’est justement le terme bubblegum qui est la clé de l’énigme.

Parce que le chewing-gum, moi, j’aime bien ça. Mais ça ne dure jamais très longtemps : la plupart perdent leur goût au bout de dix minutes de machouillage frénétique, se transformant en une chose inodore et (souvent) incolore, dont on a tôt fait de se débarasser. La musique des Black Kids, c’est un peu pareil : il y a dix morceaux, mais il n’y a pas besoin d’attendre la fin de ceux-ci pour avoir une sorte de nausée qui vous prend, insidieuse et pernicieuse, et qui vous fait capituler.

Moi, je les préfère à la chlorophylle, mes chewing-gums. Il y en a qui mélangent les saveurs, mais c’est lourd et n’apporte rien. Les Black Kids, c’est le même problème. Leur pop se veut dynamique, sautillante et légère, mais elle est aussi digeste qu’un milk-shake fraise-vanille-ananas : ils superposent les couches de claviers, les guitares bien proprettes, et multiplient les voix. La subtilité n’est pas le point fort de ces Américains, qui manient un tractopelle pop rose fluo avec la grâce d’un Chuck Norris de mauvais poil. Même si quelques titres font mouche, comme "I’m Not Gonna Teach Your Boyfriend How to Dance With You", "Listen to Your Body Tonight" (assez exutoire) ou "I’m Making Eyes at You" très synth-pop, c’est toujours à petite dose. L’immense majorité du disque est trop gâchée par des mélodies simplistes, trop marquées "teenage-pop" ou alors surchargées d’effets inutiles, avec un chant franchement limité, comme si Ali Youngblood (le chanteur donc) n’avait jamais mué. La production n’arrange pas les affaires du groupe, alors qu’elle est le fruit de Bernard Butler, autrement plus inspiré lorsqu’il était dans Suede (d’ailleurs, qu’il s’occupe plutôt comme son ancien copain Brett Anderson en faisant un bel album solo). Pourtant, ils en ont des idées, ces jeunes gens, mais c’est un peu le même problème que… Late of the Pier par exemple. Sur la durée d’un album, les manques d’inspiration sont trop fréquents pour ne pas se montrer rédhibitoires : pourquoi brailler tous les refrains ? Pourquoi, encore et toujours, vouloir mettre toutes les idées qui leur sont passées par la tête, surtout quand elles ne sont pas bonnes ? Quel besoin de faire ressembler "Look at Me (When I Rock Wichoo)" (et d’autres titres d’ailleurs) à la bande-son d’un club de fitness ? Bref, "Partie Traumatic" est assez éprouvant comme disque, parce qu’en plus, s’il ne comporte que 10 titres, on frôle quand même les 40 minutes.

Au final, le constat est plutôt décevant : voici encore un groupe à rajouter à la longue liste de ces groupes aussi vite connus qu’oubliés, météorites pop qui ne laissent derrière elles qu’un souvenir vague, voire énervant. Comme un chewing-gum en fait, on y revient : vous le mâchez, le crachez, c’est oublié. Next !

Mickaël Choisi

Hit the Heartbrakes
Partie Traumatic
Listen to Your Body Tonight
Hurricane Jane
I’m Making Eyes at You
I’ve Underestimated My Charm (Again)
I’m Not Gonna Teach Your Boyfriend How to Dance With You
Love Me Already
I Wanna Be Your Limousine
Look at Me (When I Rock Wichoo)

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