JEREMY WARMSLEY – How We Became
(Transgressive Records / Naïve) [site] – acheter ce disque
Retour très attendu du prodige franco-anglais avec un "How We Became" à couper le souffle. Fini la pléiade de sonorités exponentielles parfois un peu hors propos. Aujourd’hui le Londonien trouve la force de s’arrêter au bon moment, chose pas évidente pour ce perfectionniste aux idées pléthoriques. Pourtant, plus que jamais, ses compositions rayonnent de complexité et d’inventivité mais, preuve d’une grande sagesse artistique, il a su canaliser le flux de sa créativité sans plus se perdre dans ses méandres. Pas d’inquiétude pour ceux qui accrochaient au côté bricoleur du bonhomme, car il demeure toujours aussi ingénieux et spontané. Au contraire, le toilettage des arrangements et de l’orchestration met davantage en exergue le génie du bidouilleur. Outre cette avancée considérable, il a gagné en maîtrise vocale : le timbre de voix et la profondeur du chant ressemblent à s’y méprendre à ceux de Rufus Wainwright, excusez du peu. Planent aussi sur cette oeuvre, l’étrangeté féerique de Björk ("If He Breaks Your Heart", "Pressure") et le talent mélodique des Beatles ("Turn Your Back", "Waiting Room"…). Bref, "How We Became" est une formidable vitrine qui propulse indéniablement le jeune singer-songwriter dans la sphère intime des compositeurs contemporains incontournables. Plus rock ("Lose My Cool", "15 Broken Swords" en sont de beaux exemples) que "The Art of Fiction" mais néanmoins très pop, la musique de celui qui aurait pu être le fils caché de Lennon, s’articule toujours autour de son cher piano qui, pour le coup, n’hésite pas à se faire plus discret au moment voulu pour faire la part belle aux guitares, particulièrement à la fête. Au rayon percussions, les programmations et la batterie se relaient, parfois s’entrechoquent, et donnent une épaisseur atmosphérique qui régit à merveille l’ensemble. Et puisqu’on parle d’ambiances, hormis sur "I Keep the City Burning" et "Craneflies" qui lorgnent davantage du côté de la mélancolie, et contrairement à ce que la pochette pourrait laisser présager, sachez que l’humeur est aux sautillements et est fichtrement salutaire de bout en bout. A noter aussi que l’édition internationale contient deux plages bonus : "The Boat Song", un très beau duo avec une jolie voix féminine (Emmy Le Grand) ; et une reprise irréprochable mais dispensable de "Temptation" de New Order. Comment finir mieux qu’en vous disant que le troisième album est déjà sur le feu. Mais, pas d’impatience mal placée, on a déjà de quoi faire avec ce sublime "How We Became". Bon, Jeremy, maintenant que tu es une légende, "Take Care" et reviens-nous vite.
David Vertessen
A lire également, sur Jeremy Warmsley :
la chronique de « The Art of Fiction » (2007)
Lose My Cool
Sins (I Try)
How We Became
15 Broken Swords
Dancing With the Enemy
I Keep the City Burning
Turn Your Back
Waiting Room
Take Care
If He Breaks Your Heart
Pressure
Craneflies
The Boat Song
Temptation