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Interviews

St. Vincent – Interview

ST. VINCENT

Avec son deuxième album, « Actor », sorti au printemps, l’Américaine Annie Clark, alias St. Vincent, confirme un talent singulier déjà largement entrevu sur le premier, « Marry Me ». En conjuguant ses tendances à l’expérimentation et au coq-à-l’âne stylistique avec des mélodies accrocheuses et une écriture un peu plus resserrée, cette chanteuse et musicienne polyvalente pourrait bien séduire un plus large public. En attendant son probable retour en France à la rentrée pour des concerts avec son groupe, nous avons posé à cette jeune femme toujours aussi charmante, vive et pâle quelques questions lors de son dernier passage à Paris.

St Vincent (Anne Clark)

Ton premier album était déjà très complexe et ambitieux. Comment as-tu abordé le second ?
Au départ, pour ce nouveau disque, j’avais l’idée d’essayer d’être un compositeur, au sens où on l’entend dans la musique classique. J’écoutais beaucoup Stravinsky et je me disais : « C’est ça que je veux faire ! » J’étais aussi plongée dans les musiques de films. Et puis, au cours de la réalisation de l’album, alors que j’avais déjà beaucoup travaillé sur les arrangements, j’ai opté pour la direction inverse, je me suis dit que je voulais simplement écrire des chansons pop avec des guitares. Au final, c’est un peu une combinaison de ces deux approches, et plus largement un mélange de tous les genres de musique que j’aime, du symphonique à l’électronique.

L’album s’intitule « Actor », tu parlais de BO… Le cinéma est une influence importante pour toi ?
Oui, tout à fait. Là, pour trouver l’inspiration, j’ai commencé à jouer par-dessus des scènes de mes films préférés, « La Belle au bois dormant », « Le Magicien d’Oz », « Stardust Memories » de Woody Allen qui est l’un de mes réalisateurs préférés… Des idées d’orchestrations me sont venues comme ça. Je me vois mal être actrice ou réaliser des films, mais je serais ravie si on me proposait d’écrire un score. Et j’aime bien le « rituel » d’aller voir un film en salle, l’obscurité, l’attente… Je trouve parfois la musique et le cinéma plus « humains », plus réels que les gens, d’une certaine manière.

Tu as eu besoin de faire une pause pour écrire les nouvelles chansons ?
Oui, mais ça n’a pas été tellement long. J’ai tourné pour l’album « Marry Me » jusqu’en mars 2008, puis je me suis tout de suite mise à travailler sur le nouveau. Les choses se sont faites assez rapidement, ça a duré de mars à décembre, neuf mois, comme pour un bébé (sourire). Je n’arrive pas trop à écrire pendant les tournées, donc j’ai vraiment commencé les mains vides, sans avoir de chansons. La conception de l’album a été un peu comme des montagnes russes, avec des montées faciles et des descentes effrayantes…

Comment procèdes-tu pour écrire ?
Franchement, j’aurais du mal à expliquer d’où vient l’inspiration ! (rires) Souvent, une mélodie me vient à l’esprit, que je développe. Là, j’avais aussi enregistré des parties orchestrales et je me demandais comment je pouvais chanter dessus, où la voix pouvait se poser… C’est un peu différent pour chaque chanson, mais à la base je travaille sur ordinateur, en imaginant les arrangements au fur et à mesure de l’enregistrement, en essayant de voir quel instrument, quel type de son conviendrait le mieux à tel endroit. Même si au fond je n’ai pas fait tant d’essais que ça, généralement je savais assez vite ce que je voulais.

st-vincent-01

Tu as travaillé avec un véritable orchestre ?
Non, pas du tout, l’essentiel est joué par mon ami Hideaki Aomori, qui est multi-instrumentiste. Mackenzie Smith a fait la batterie et John Congleton était l’ingénieur de son. A la base, c’est nous quatre, plus quelques musiciens additionnels comme Daniel Hart, qui joue du violon et m’accompagne en tournée. Je le connais depuis l’enfance, on a grandi dans la même rue. J’ai vraiment travaillé avec un petit effectif, des gens qui me sont proches, certains que j’ai connus via Sufjan Stevens. C’était très agréable. Pour « Marry Me », j’avais fait appel au pianiste Mike Garson, qui avait joué sur des disques de Bowie, mais cette fois-ci il n’y avait pas vraiment de parties de piano compliquées, donc ça ne se justifiait pas. De mon côté, j’ai fait les guitares et la plupart des parties de basse et de claviers. En fait, à part les bois, on n’entend pas beaucoup d’autres instruments sur le disque.

Comme tu nous le disais, tu as eu envie cette fois-ci d’écrire des morceaux plus simples, plus directs ?
En partie, oui. Je crois que sur le nouvel album, « Album Out of Work » va dans cette direction. C’est une chanson qui va droit devant elle, qui ne part pas à gauche, puis à droite… C’est la dernière que j’ai dû écrire, quand je commençais sans doute à être fatiguée du reste, de toutes ces choses compliquées. Je me suis dit que j’allais faire simple cette fois-ci.

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