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Hope Sandoval – Through the Devil Softly

HOPE SANDOVAL AND THE WARM INVENTIONS – Through The Devil Softly
(Nettwerk / PIAS) [site] – acheter ce disque

HOPE SANDOVAL - Through The Devil SoftlyUne voix qui revient et c’est comme si le passé nous emportait jusqu’à ses années même pas sauvages où "Fade Into You" et "Halah" façonnaient nos humeurs. En un trio d’albums indispensables, Mazzy Star réinventait la carte du tendre et soulignait tous les gouffres où il faudrait tomber de guitares à reflets bleu psychédélique. Puis ce fut la discorde – perceptible dès le dernier, "Among My Swan", écartelé entre les désirs folk de Hope Sandoval et le fracas brimé du génial David Roback. Couple brisé, groupe aux abonnés absents, voici les Warm Inventions, l’histoire peut-être heureuse d’une émancipation. La belle à moue boudeuse est toujours en accointances avec Colm Ó Cíosóig, ancien batteur, désormais placide guitariste qu’on respecte infiniment de n’avoir pas rejoint cette arnaque millénariste qu’est la reformation de My Bloody Valentine. Leur deuxième album depuis huit ans, "Through the Devil Softly", retrouve pour une grande part la magie addictive que dégageaient les chansons de Roback. Tempêtons un peu sur la joliesse mollasse de certaines plages acoustiques qui faisait déjà la limite de "Bavarian Fruit Bread". De sa tour d’ivoire, Sandoval semble pourtant avoir compris que sa voix languide et frémissante avait besoin de mise en danger. Les plus beaux morceaux sont, sans surprise, les plus orchestrés, tous placés en fin de disque à l’exception de "For the Rest Of Your Life" et son pouls inquiet de guitare battue. "Trouble" est un séquel très convaincant de "Blue Light", cet idéal lynchien jamais atteint par Julee Cruise. "Fall Aside" avec son orgue de petit matin évoque l’entrain médiéval d’un pèlerinage jusqu’à Canterbury, tandis qu’un vague à l’âme déchirant fait chanceler "Bluebird". "In Cauda Venenum", c’est dans la queue de ce diable adouci qu’on trouve le poison le plus fort, "Satellite", qui dépasse tout ce qu’a tenté Sandoval depuis Mazzy Star. D’une voix filtrée, distante, elle livre une berceuse à damner tout adulte en âge de souffrir. On croirait entendre Faustine défiant le temps et l’espace dans "l’Invention de Morel". Le ressac ferme doucement morceau et disque, et nous revient en mémoire le beau titre des Geraldine Fibbers. "Lost Somewhere Between the Earth and my Home". On ne trouvera pas meilleure façon de décrire l’effet quasi-baudelairien distillé par le chant de Hope Sandoval. Comme une Circé qui lâcherait ses dernières phéromones pour envoûter jusqu’à l’oubli. Une voix dont il est impossible de revenir jamais.

Christophe Despaux

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A lire également, sur Hope Sandoval :
la chronique de « Bavarian fruit bread » (2002)

Blanchard
Wild Roses
For the Rest of Your Life
Lady Jessica and Sam
Sets the Blaze
Thinking Like That
There’s a Willow
Trouble
Fall Aside
Bluebird
Satellite

 

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