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Disques

Monsters of Folk – s/t

MONSTERS OF FOLK
(Rough Trade / Beggars) [site] – acheter ce disque

MONSTERS OF FOLK - S/tDe tout temps, il y a eu des supergroupes, dénomination parfois bien usurpée pour résumer la longueur des CV des membres qui le composent. Même en sport, il y a eu des exemples fameux, mais au moins autant d’exemples fumeux d’additions de talents, et quand le succès est au rendez-vous, généralement celui-ci ne dure pas. Et donc là, ce sont quatre noms du folk qui se sont réunis sous une seule et même bannière, au titre d’ailleurs bien pompeux de Monsters of Folk. Ils, ce sont Conor Oberst (décidément toujours sur la brèche), M Ward, Yim Yames (de My Morning Jacket) et Mike Mogis.

Comment se passe l’écriture d’un tel disque ? J’aimerais le savoir, car il y a quand même quatre egos à ménager, qu’ils s’en défendent ou non. Nos "monstres" ont tranché : il y a quinze titres, ce qui devait permettre à chacun de mettre son empreinte sur un nombre substantiel de morceaux. Peut-être suis-je un brin négatif quand je dis ça, pourtant, c’est l’impression que j’ai eu à l’écoute de ce premier essai. Jamais le disque n’est déplaisant, c’est certain : il y a des mélodies, les racines folk, country et americana n’ont de secrets pour aucun de nos quatre mousquetaires. Et pourtant, il manque l’étincelle, qui serait certainement apparue si cela avait été un vrai effort de groupe, mais jamais on ne sent que le résultat est le fruit de l’addition des quatre talents. L’entame est très encourageante : "Dear God (Sincerely M.O.F.)" est caressant à souhait, et ouvre déjà le disque sur un ailleurs que les territoires folk. Quelques boucles électroniques de batterie, un Wurlitzer et une forte touche de soul (arrangements, voix de tête de Yim Yames) nappent le titre d’une délicieuse torpeur, avant que "Say Please" ne mette Conor Oberst au premier plan. Très bon titre, dont on se dit pourtant qu’il aurait pu être sur l’album du chanteur paru il y a peu : petit problème en vue, car rien ne permet de déceler réellement la présence des autres monstres, sinon à grand peine dans les choeurs. Et ce sentiment va peu à peu se faire plus prégnant, sur "Whole Lotta Losin’", mais aussi sur "Baby Boomer", "Goodway" ou "Slow Down Jo" : autant de titres agréables, mais sur lesquels on sent une forme de fainéantise. Sans grosse exigence envers eux-mêmes, nos quatre fines plumes se reposent sur leur talent mélodique, la solidité de leur background et leur aisance naturelle à faire sonner immédiat ces titres, qu’ils soient country, americana ou blues. Pour n’importe quel autre artiste, on pourrait trouver ça excellent, ou au moins encourageant, mais là, c’est juste un peu décevant, avec ce goût de trop peu.

Alors que retenir de cet album ? Les bons titres qui suivent, comme "Temazcal", ballade vespérale magnifique, aux arrangements et choeurs enchanteurs ? "The Right Place", swinguant avec une élégance naturelle enivrante ? Toujours est-il que "Ahead of the Curve" confirme l’adresse du songwriting de Conor Oberst, que "Man Named Truth" est un chouette numéro de country nerveuse, mais que pas mal de titres feraient plutôt de bonnes faces b ("Map of the World", "Magic Marker") que des titres forts. La conclusion, c’est que ce disque n’aurait pas dû comporter 15 titres, et qu’il y aurait gagné en cohésion, en force, et aurait évité cette fin en demi-teinte, entièrement composée de ballades à la guitare acoustique sans grande saveur. On aurait ainsi mieux apprécié le travail de production de Mike Mogis (son chaleureux mais jamais racoleur), les harmonies vocales (forcément réussies) et cette science de la mélodie qui accroche facilement l’oreille. Là, le propos se perd un peu et vient troubler la perception de ce disque qui a tout pour lui, mais ne convainc qu’à moitié. Le mot de la fin revient à un ancien entraîneur de foot, qui a eu cette réflexion "Un joueur, c’est cher, deux joueurs, c’est très cher. Ce qu’il y a entre les deux, ça n’a pas de prix" : il reste aux monstres à trouver ce fameux feeling entre eux.

Mickaël Choisi

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Dear God (Sincerely M.O.F.)
Say Please
Whole Lotta Losin’
Temazcal
The Right Place
Baby Boomer
Man Named Truth
Goodway
Ahead of the Curve
Slow Down Jo
Losin’ Yo’ Head
Magic Marker
Map Of The World
The Sandman, the Brakeman and Me
His Master’s Voice

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