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Wire – Red Barked Tree

Wire - Red Barked Tree

A défaut de provoquer en nous une intense excitation, la sortie d’un nouvel album de Wire éveille toujours un certain intérêt, quand d’autres rescapés des années punk/post-punk ne récoltent plus que notre indifférence. Reformés pour la deuxième fois au début des années 2000, les Anglais ont depuis publié des disques concis et d’excellente tenue, ne montrant aucun signe d’assagissement, et encore moins de gâtisme malgré leur âge avancé. Les premières sorties de ce Wire “Mk III” avaient même surpris par leur férocité et leur radicalité sonore, avec des concerts à l’avenant. Il y a trois ans, “Object 47” revenait à une verve plus mélodieuse, dans laquelle s’inscrit également ce “Red Barked Tree” qu’on n’ira toutefois pas jusqu’à qualifier de pop.

Le but de Wire n’est plus de réinventer cette chose usée qu’est le rock. Ils l’ont déjà fait à leurs débuts, sur une triplette d’albums intouchables, puis ont de nouveau tenté l’expérience dans les années 80 – révolution moins convaincante, car essentiellement technologique. Ils se contentent ici de consolider leurs acquis, sans prétention arty, en onze morceaux plutôt concis qui portent leur patte inimitable. « Red Barked Tree » alterne ainsi décharges d’adrénaline (« Now Was », « Two Minutes », « Moreover »), aux riffs ultrabasiques et pourtant sérieusement dépoussiérés, plages plus calmes (« Adapt », « Clay », « Down to This ») où la voix neutre de Colin Newman (Graham Lewis chante aussi sur une poignée de titres) se charge d’une menace latente et indéfinissable, et chansons un peu entre les deux, midtempo (« Please Take », « Bad Worn Thing »), qui séduisent par leur sens du détail sonore, l’intégration toujours subtile d’effets électroniques dans une formule guitare-basse-batterie éprouvée. 

On ne trouvera rien ici d’aussi immédiatement efficace que « One of Us », l’ouverture en fanfare d' »Object 47″, mais on ne déplorera pas non plus la présence de morceaux qui jetteraient une ombre sur la légende du groupe. Trente-cinq ans après leurs débuts, et à l’instar de Brian Eno à qui l’on pense souvent en écoutant ce disque (cérébralité ludique, expérimentations accessibles), les vétérans de Wire restent bien les plus modernes des anciens.

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