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Disques

My Jazzy Child – The Drums

My jazzy child - The drums

Qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir nous matraquer les méninges, les rockeurs, en ce moment ? C’est pas censé être léger, simple et volatil, la pop ? Tout comme le récent Deerhoof, « The Drums » est complexe et pourtant immédiat, cérébral et sensuel.

Damien Mingus aka My Jazzy Child livre donc sans tambours ni trompettes (mais avec plein de batterie qui déchire et un soupçon de clarinette) son troisième et meilleur album à ce jour. »The Drums » est la synthèse parfaite des aspirations pop-bossa-électronique alambiquées de « Sada Soul », son premier effort, du néo-folk lunaire de « I Insist », son deuxième donc, et de la chaleur et la fureur du live (surtout sublimé lors de la passionnante aventure des regrettés Centenaire). Si l’équilibre est atteint, il faudra aux heureux futurs acquéreurs de nombreuses écoutes pour arriver à se retrouver (mais le souhaite t-on vraiment?) dans ce fatras de boucles, riffs et rythmes. On reconnaît, en outre, nombre de connaissances déjà croisées à ses côtés : Orval Carlos Sibelius, King Q4, Aurélien Potier, Raphael Seguin, Jildaz Le braz, Guillaume Pellerin, Emiliano Flores…

Pourtant, on a l’impression que Damien nous convie dans l’intimité, tout seul chez lui, dans sa chambre-studio douillette, entouré de ses nombreux disques et figures tutélaires amies et qu’il anime pour nous un merveilleux théâtre d’ombres pour nous faire voyager dans l’histoire passionnante de la musique moderne. Les morceaux sont très courts (entre quarante-trois secondes et trois minutes trente-cinq) mais on peut aisément trouver dans chacun, trois ou quatre pistes (minimum !) de chansons qui pourraient, à première vue, sembler esquissées, comme s’il fallait faire vite. « Revolution needs action, you’ll die as a hero », déclare t-il sur « Suicide with style ». De l’action, il y en a et notre héraut se jette à fond dedans pour en découdre : il enchaîne les genres, les mélodies et textures sonores. Citons, entre autres (mais ce n’est pas justice de faire un choix) : la batterie brute de décoffrage remontant aux origines afro du rythme sur « The Escape », le field recording (« IIIIIIIII——-// »), le noise rock (« Never Look Back », I Fed you but I won’t kiss you »), le heavy déjà cité « Suicide with Style », le hardcore millésimé 90ies (« Tons of Hope », « The Party »), le rock choucroute (« We could be an Army »), l’hommage qui gratte à Loulou (« Perfect Day », en apesanteur)… D’ailleurs, peut-on imaginer meilleure antithèse à Mingus que Reed ? Damien est tout amour avec ses chansons ne cherchant même pas à cacher (ou si peu : merci l’anglais) sa fragilité, son grand coeur et ses colères de môme éternel. En cela, il chante notre génération. « The Drums » est notre musique. Pour notre plus grand plaisir.

 

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