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Concerts

Anna Calvi au Rocher de Palmer (Cenon), le 19/04/2011

Anna Calvi au Rocher de Palmer, soit tout près de chez moi ? Je ne pouvais laisser passer ça. Je ne fais pas partie des détracteurs de l’Anglaise, ni de ses admirateurs les plus fervents, mais je trouvais le disque bon quand même. Une interview a été ajoutée au programme, et la bonne nouvelle de la présence de Milkymee en première partie (apprise via Twitter dans l’après-midi) a fini de faire monter l’excitation d’entendre celle qui a fait le buzz (visiblement, vu sa timidité, bien malgré elle) en début d’année. Cela a dû fonctionner : la salle (entre 300 et 400 personnes) est comble.

Milkymee

Quand Emily Hanak aka Milkymee est montée sur scène, avec sa seule guitare pour l’accompagner et un T-shirt « Work Hard Love Hard », je me suis demandé si sa musique me plairait autant que sur disque. Fort heureusement, cette jeune femme a un talent terriblement méconnu, mais pourtant bien là, fort et émouvant à la fois. Le public réagit bien à ces superbes morceaux folk, enjoués ou plus graves, portés par la voix très séduisante d’Emily et un jeu de guitare sans fioritures, franc du collier. C’est l’impression qui prédomine d’ailleurs : une sincérité jamais prise à défaut, une bonne humeur rafraîchissante et un vaste panel de belles chansons, ça suffit à faire passer un très bon moment.

Anna Calvi
Je trouve une Anna Calvi transfigurée quand elle monte sur scène. Habillée exactement comme d’habitude (pantalon taille haute assez masculin, genre flamenco, chemisier rouge brillant), elle contraste avec la jeune femme timide qui a répondu à mes questions. Seule dans la lumière pour « Rider at Sea », où elle est en tête à tête avec sa guitare, distillant ses ruades agressives mais nimbées de reverb. La lumière se fait dès « No More Words » sur les deux acolytes d’Anna Calvi, et si je ne vois pas vraiment Daniel Malden , batteur de son état, j’ai pleine vue sur Mally Harpaz, multi-instrumentiste suréquipée. Et ce fut un régal que de la voir passer de son harmonium à toutes sortes de percussions, son triangle, son glockenspiel ou encore son tambourin, avec une rapidité, une dextérité et un à-propos sidérant. Mais reprenons le fil de la prestation de l’Anglaise…

Anna Calvi

Elle m’a séduit, bien plus encore que sur disque. D’une présence impressionnante (même si tout dans sa gestuelle témoignait d’une timidité réelle), l’aspect baroque du disque est un peu amoindri par l’absence des cordes (qu’Anna Calvi a elle-même jouées sur le disque), pour laisser place à un côté brut de décoffrage, un coeur énorme porté par le chant renversant de l’Anglaise. Aussi à l’aise pour faire preuve de sensualité (« No More Words, « Morning Light », « First We Kiss ») que pour monter au front (« Blackout », « Desire »), l’Anglaise transfigure ses chansons, leur donnant vie en les rendant tour à tour tranchantes ou caressantes. La guitare d’Anna Calvi (parfois secondé par un autre musicien à la guitare « cause i’ve injuried my arm« ) a aussi une teinte blues, âpre un peu plus marquée que sur le disque : cela s’est particulièrement entendu sur toute une improvisation pendant « Love Won’t Be Leaving », étiré mais toujours juste, tant on sent que la jeune femme maîtrise son sujet, et est suivie à la trace par ses deux musiciens. Si l’on rajoute à cela une reprise très réussie du « Surrender » d’Elvis Presley (en plus du fougueux « Jezebel »), et les deux rappels, le résultat final est implacable : Anna Calvi a un talent fou, une ardeur de torero en plein combat : c’était beau à voir et beau à entendre.

Anna Calvi

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