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Festivals

Les Vieilles Charrues – Carhaix, du 14 au 17 juillet 2011

Le Festival des Vieilles Charrues soufflait cette année ses vingt bougies, après une dix-neuvième édition particulièrement décevante, aussi bien sur le plan climatique que scénique. On se souvient encore de la médiocre performance de Muse, tête d’affiche du festival, alors que le passage de Bruce Springsteen en 2009 restait gravé dans les mémoires. Cette année, là encore, les meilleures performances n’étaient pas à rechercher du côté des artistes reconnus mais bien de groupes peu populaires mais ô combien plus enthousiastes. On notera aussi une bien meilleure organisation du festival, qui a su limiter la casse avec l’aléa climatique breton  et faire disparaître l’allure sale et boueuse du camping festivalier, véritable déchèterie il y a encore un an. Chapeau.

Si le temps n’était pas au rendez-vous, on a retrouvé avec plaisir l’ambiance si particulière de Carhaix. Il faut contempler ces masses de festivaliers migrant par milliers vers les campings, déguisés comme pour un carnaval de la fin du monde, et réaliser comment les Vieilles Charrues ont réalisé le pari le plus improbable en terme de succès et d’estime au regard des festivals en France.  

Jeudi 14 juillet : Kaiser Chiefs, Pulp, Scorpions, Snoop Dogg

      Pour les vingt ans des Charrues, le jeudi est une petite déception. Le premier jour du festival ne fait plus office d’ouverture pour une tête d’affiche à part mais bien un nouveau jour comme un autre. Pulp ouvre le festival avec une certaine énergie et séduit le public mais Kaiser Chiefs loupe son rendez-vous avec le public. Scorpions, qui se voulait l’invité de marques* des Charrues pour cette date anniversaire, ne parvient pas à retrouver l’instant d’un concert, la vigueur de l’ancien temps. Le groupe de rock, en tournée d’adieu, ne parviendra bien à arracher une larme qu’aux vieux nostalgiques qui sont venus écouter « Wind of Change » et « Still Loving You ».  Snoop Dogg, très attendu, sera le seul à se démarquer de ses congénères par un show parfaitement calibré et plus exigeant que la moyenne : s’ouvrant sur la pochette de son album culte « Doggystyle », le rappeur multiplie les effets de scène : vidéos de ses anciens clips, danseuses girondes (le mot est faible) pour un “I Wanna Fuck You » brûlant, virée en BMX et partenaires déjantés, dont une mascotte de chien sortie tout droit d’un match de baseball. L’artiste traite d’ailleurs particulièrement bien son public à qui il offre pas un mais trois rappels (notamment, “Who Am I (What’s My Name)” pour les connaisseurs) ! J’en profite d’ailleurs pour signaler que Snopp Dogg, parmi les têtes d’affiche, a été le seul à en faire sur l’ensemble du festival. De tous les concerts que j’ai pu voir cette année, pas une seule tête d’affiche n’a dépassé son temps offert pour un dernier morceau : les musiciens arrivent à l’heure et quittent la scène à l’heure, et cela est particulièrement regrettable. Comme un vieux concept démodé ?

Vendredi 15 juillet : The Bellrays, Eddy Mitchell, Cold War Kids, Miles Kane, David Guetta

The Bellrays, Les Vieilles Charrues 2011
      Le vendredi s’ouvre avec sur fond de musique rock : The Bellrays font de la scène Glenmor (la plus grande des scènes du festival) leur terrain de jeu. Alors que The Octopus a peiné à faire décoller le public sur la scène voisine, le quartet californien enflamme littéralement le public par la voix soul de sa  d’une puissance incroyable, subtil mélange de Tina Turner et d’Aretha Franklin. Nourri d’influence hard-rock, le groupe achève sa prestation sur une note positive : « Highway To Hell » d’AC/DC mais revisité à la lumière du Rythm & Blues. Littéralement conquis.

Quelques minutes plus tard, on croise Eddy Mitchell pour une interview au carré presse du site. Alors que sa dernière tournée est bientôt terminée, on découvre l’homme serein, sans nostalgie particulière. Au détour d’une question, le bougre nous avouera ne pas savoir ce que chante David Guetta, comme pour mieux se moquer de ceux qui l’auraient déjà relégué au rang de vieux schnock. Pendant ce temps, Soprano beugle ce que le rap français a de pire à offrir. On retrouve Eddy Mitchell chantant avec conviction ses morceaux les plus connus (« La dernière séance », « Couleur menthe à l’eau ») ; le crooner ressort des cartons de beaucoup plus anciens (enregistrés dans les années soixante, si j’ai bien compris), accompagné d’un jazz band surgissant à l’improviste en plein milieu du concert. Une très belle sortie de scène.

On s’arrête quasiment indifférent devant Jack Johnson qui séduit pourtant à la fois jeunes filles et ménagères (je suis jaloux, parfaitement), et on va visiter Cold War Kids, une nouvelle fois relégué sur Xavier-Grall, la petite scène des Charrues habituellement pensée pour des groupes de metal ou de la musique techno. Les années passées le groupe ne m’avait pas convaincu en live, en raison du peu d’énergie délivrée dans sa prestation. J’ai malheureusement éprouvé le même sentiment cette année. L’atmosphère du Finistère peut-être ?

Cold War Kids, Les Vieilles Charrues 2011

Miles Kane signe également une performance assez banale, ceci ajouté au fait que son nouveau projet solo ne semble pas plus inspiré que son ancien groupe The Rascals et encore moins inspiré que celui avec Alex Turner, The Last Shadow Puppets. Foals distille quant à lui une atmosphère dansante assez réussi, alors que la nuit tombe sur les festivaliers. Au même instant, la gigantesque boule disco qui inaugure l’anniversaire des Charrues s’élève dans le ciel de Carhaix. Comme chaque soir, elle fait honneur à un artiste issu du monde électro.

Foals, Les Vieilles Charrues 2011

Ce vendredi, c’est David Guetta qui est aux platines pour transformer Glenmor en une gigantesque boîte de nuit à ciel ouvert. Même pris au quatorzième degré, on notera chez Guetta ce mauvais goût assumé, entre éclairage rose flash et autocongratulations incessantes, alors que les synthétiseurs  nous accablent d’une dance issue des heures les plus sombres des années 90. Il est clairement temps d’aller au lit.

 

 

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