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Best Coast – The Only Place

Best Coast - The Only Place

Mine de rien, Bethany Cosentino avait une certaine pression pour faire ce nouvel album, car il devait succéder au très apprécié « Crazy For You », disque d’un temps, d’adolescente qui enlumine ses amours et sa vie faite de soleil et de plage. Mais depuis, celle qui s’affichait encore avec son (beau) chat a grandi, elle a aussi beaucoup tourné et « The Only Place » est l’exacte retranscription de la transition dans laquelle est engagée l’Américaine.

Le disque est du coup extrêmement attachant, à l’instar de cette anti-star que la jeune femme incarne. Il y a toujours cette part très innocente dans sa musique, ces préoccupations gentiment légères, mais il y a un voile de mélancolie, de recul. Il y est question d’un âge fantasmé, l’enfance et l’adolescence, qui sont associés à une période protégée, alors que l’évocation de l’âge adulte et des dernières années sont reliées à une période de responsabilités, d’apprentissage de l’absence et de l’affirmation de soi. « The Only Place » est l’entrée en matière idéale : elle est une parfaite pop-song, avec une ligne de guitare qui me fait fondre à chaque fois et une mélodie ultra-catchy, mais on sent déjà poindre une affection particulière pour un lieu dont on sent qu’il n’existe plus comme avant (montagnes, plage et soleil sans soucis). Et dès « Why I Cry », c’est l’âge adulte dans lequel on est projeté : la vie partagée, l’incompréhension (avec Nathan Williams de Wavves, son boyfriend d’un temps ?), même si elle est chantée de façon très positive, sur une note très pop. Et ce mouvement de balancier se poursuit tout du long : évocation d’une vie harassante (« Last Year » parle d’un tourbillon que l’on peut assimiler à l’emballement qu’a vécu Best Coast) avant d’évoquer à nouveau l’avant (« My Life » : « If I could go back in time… », comparé à une vie présente dissolue). Mais le tout reste cohérent dans la forme, avec de vrais progrès dans les mélodies, dans une atmosphère lo-fi qui ne vire jamais au cliché, un charisme chez Bethany Cosentino plus fort, plus attachant aussi. En affirmation en tant qu’adulte « How They Want Me to Be ») comme en punkette nostalgique (« Let’s Go Home »), en jeune femme incertaine (« Do You Love Me Like You Used To Do ») ou en phase d’affirmation (« Better Girl »), c’est une musicienne talentueuse que l’on entend prendre confiance en elle, et elle a bien raison : « The Only Place » est un disque très réussi, et au capital sympathie qui le rend terriblement attachant.

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