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Disques

Citizens! – Here We Are

Citizens! - Here We Are

En écoutant le premier album de Citizens!, on se dit que tous ces jeunes groupes sans aucune âme le clament haut et fort comme leur principal savoir-faire. Qu’on ne s’y méprenne point : ne pas avoir d’âme n’est pas forcément, pour un musicien, une tare rédhibitoire, et on peut inverser la proposition avec des artistes qui ne sont qu’une âme, et rien de plus (poussez moi du coude, et je citerai à vue de nez Joanna Newsom et le Bill Callahan solo dont les disques respectifs réchaufferont mon séjour en Enfer).

Précisons : il est extrêmement difficile d’éprouver un sentiment humain d’un tant soit peu de profondeur devant « Here We Are ». Mais, parallèlement, impossible de ne pas lui accorder une efficacité redoutable – même si quelque chose d’un peu guindé, heurté dans les rythmes n’en fait pas le groupe le plus à même de nous transformer (ou quiconque) en gogo-dancer désossé comme Valentin (reconnaissons qu’il y a de la marge). En cela, Citizens! marche clairement sur les plates-bandes de Franz Ferdinand ; Alex Kapranos – en vacances (forcées ?) de son groupe – est d’ailleurs à la production, ce qui s’entend : le ralenti-sprint à la fin de « (I’m in Love With Your) Girlfriend », la guitare world de « Nobody’s Fool » cousine de « Outsiders » qui citait de son côté les Talking Heads présents ici dans le refrain de « Caroline » (« Stop Making Sense », heumm, n’en jetez plus) et d’autres petits détails par ci, par là en plus du plan d’ensemble (faire danser les bas du cul avec de petits riffs malins et des chapelets de vents synthétiques). Beaucoup moins rigides-suants que leur modèle écossais, les cinq Citizens! ont quand même à leur actif deux quasi-tubes éléctroïdes : « True Romance » et surtout l’amusant « Reptile » qui promettent quelques jours heureux aux compilations de leur label Kitsuné. Et ces pourvoyeurs définitifs en hype métrosexuelle de se rengorger certainement comme des Dr Frankenstein : nos petits Londoniens à cardigans sont bien des créatures à leur papa (Alex) et à leur maman (la marque au renard) avec une mention spéciale pour le chanteur Tom Burke dont la voix outrageusement maniérée est aussi parfaitement androgyne.

Citizens!, à tout prendre, évoque plus d’une fois Suede en moins glam-décati. On sent même dans « I Wouldn’t Want To » un désir de chaleur comme du Hot Chip engourdi que réduit à néant le piano sautillant du refrain à la Two Door Cinema Club. Et l’acoustiquement terminal « Know Yourself » fait la part belle au glissé de guitare, ce qui peut surprendre, comme si une fraise Tagada languissait devant une gariguette en reluquant, folle de désir, ses akènes (au moins, cette chronique aura enrichi le vocabulaire du lectorat moyen). En bref, Citizens! se mâchouille les soirs de disette. Pas mal mais pas de quoi, non plus.

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