Il lui a fallu en effet deux ans de travail pour que Mobbin’ No Sobbin‘, enregistré avec le renfort d’un autre Texan, le rappeur d’Austin Western Tink, voit enfin le jour, en mars 2013, faisant suite à quelques mixtapes, à son travail sur deux titres de Live.Love.A$AP (« Trilla » et « Kissin’ Pink »), la sortie qui a valu à A$AP Rocky la considération que l’on sait, ou encore à ses beats sur des morceaux d’Heems et de Kitty Pride, notamment le meilleur jamais proposé par cette dernière, cet irrésistible « Orion Belt » enregistré en 2012 avec Riff Raff.

Mobbin’ No Sobbin‘, donc, donne dans le cloud rap. A l’exception du très mélodique « Short Texas », où Beautiful Lou lui-même rappe, et d’interludes qu’on n’avait jamais vues aussi nombreuses sur un disque de rap depuis les années 90, toutes les caractéristiques du genre sont ici représentées : des nappes majestueuses sur le mystique « Today » et sur « Fancy Schmancy », des beats abyssaux d’une pesanteur rare sur « Gity Up », « No Trust » « How I’m Livin’ », et « Drawn », des titres tous augmentés des voix graves et ralenties autrefois chères à DJ Screw, dont le style screwed-and-chopped est d’ailleurs nommément cité sur « Blow My High ». Le producteur parvient même à appliquer sa formule à une plage qui se veut inspirée du très dansant style bounce (« Bounce Back »).

Les paroles, cependant, ne sont pas aussi noires que les sons. Hormis peut-être le pessimiste (et splendide) « Hi-Roller », le registre de Western Tink est, comme l’indique le titre (« plutôt frapper que chialer », en gros), celui du rap canal historique, offensif et fier, à l’image de « Swangin’ & Bangin' », un temps fort de la mixtape, joliment agrémenté de rafales d’armes à feu. Mais pour le reste, Beautiful Lou use de toutes les routines du cloud rap, avec un tour plus sombre et plus expérimental encore, et donc souvent plus excitant, à quelques ratés près, que tout ce qu’on a entendu depuis deux ou trois ans dans la même veine.