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Young Scooter – Street Lottery

Young Scooter - Street Lottery

Dans ce monde en soi qu’est la prodigue scène rap d’Atlanta, Kenneth Edward Bailey, alias Young Scooter, s’est installé au cœur du système, il bénéficie des relations qu’il faut. D’abord, il est un ami d’enfance de Future, dont il a rejoint le Freeband Gang, lequel vient précisément de sortir une mixtape, F.B.G.: The Movie. Ensuite, il est affilié au 1017 Brick Squad de Gucci Mane, avec lequel il partage la vedette sur un récent exemplaire de la série Free Bricks. Ce n’est pourtant sur aucune de ces sorties que le rappeur se fait vraiment un nom, mais sur une autre, en solo, apparue plus tôt en 2013 : un excellent Street Lottery.

Des deux parrains mentionnés, c’est de Gucci Mane que Young Scooter se montre le plus proche. Avec son registre, d’abord, dans la plus pure tradition trap, une série de divagations improvisées sur les thèmes habituels de l’argent, de la cocaïne, de la rue, des filles faciles. Avec ces synthés pompeux qui accompagnent le tout. Et puis avec ce phrasé aussi, détaché et tranquille, où des rimes simples et naïves se succèdent, l’air de rien. A ces similitudes, on pourrait ajouter aussi les récents déboires judiciaires traversés par le rappeur, si ceux-ci n’étaient pas largement partagés au sein de toute la communauté rap.

Comme chez Gucci Mane, encore, le tout confine au produit de série, mais reste au-dessus du lot. Grâce, sans doute, à l’aspect très musical de l’ensemble, entretenu par le flow chantonnant du rappeur, comme par les beats, assurés par Zaytoven, Izze The Producer, Mike Will Made It, DJ Spinz et d’autres, et ces toutes petites mélodies qui animent presque chaque titre. Street Lottery regorge ainsi de morceaux craquants, le petit tube « Colombia » bien sûr, qui a permis à Young Scooter d’émerger, mais aussi la ritournelle « Street Lottery », l’enlevé « Run Ya Bands Up », le plus sombre « Before Rap », le virevoltant « Situation », le gaillard « Streets ain’t the Same », le martial « Migo » et l’hymne « Finessin ».

Les collaborations aussi, sont employées à point nommé. Celles, naturelles, de Future sur « Jugg Season » et « Julio », de Gucci Mane sur « Work » et « Street Light » et d’OJ Da Juiceman, OG Boo Dirty et Young Dolph du Brick Squad. Celles aussi d’un Bun B impeccable comme toujours sur « Street Lottery », du cousin du Nord Chief Keef sur « On It », de Trouble sur « Before Rap », de Travis Porter sur « Beautiful Day », et, plus surprenant, de Ma$e sur « Made it Threw the Struggle ». Ces voix multiples contribuent au petit exploit qu’accomplit Young Scooter avec Street Lottery : celui de livrer une longue mixtape faite tout entier de routines et de clichés, peu prodigue en vrais tubes, et pourtant intégralement plaisante.

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