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Disques

Robyn Hitchcock – The Man Upstairs

Robyn Hitchcock - The Man Upstairs

Est-il vraiment utile d’écrire sur un nouveau disque de Robyn Hitchcock en 2014 ? On pourrait se contenter de signaler sa sortie : ses rares fans français se précipiteraient pour l’acquérir, et le reste du pays continuerait à vaquer à ses occupations. Si “The Man Upstairs” mérite néanmoins qu’on lui consacre quelques lignes, c’est parce que, sans vraiment marquer une rupture dans la discographie relativement homogène de l’ex-Soft Boys, cet album (quelque chose comme son vingtième en solo) présente quelques intéressants signes distinctifs. D’abord, il a été enregistré quasiment unplugged. Certes, ce n’est pas la première fois que Hitchcock choisit cette option acoustique (cf. le très beau “Eye” de 1990), mais il avait rarement autant poussé le dépouillement que sur ce disque enregistré en une semaine et dans une formation réduite (guitare, violoncelle, piano), qui s’ouvre sur un “one, two, three, four” qui sent – ou feint – le live en studio.

Si le chanteur a exaucé son vieux rêve de travailler avec le légendaire Joe Boyd, producteur de Fairport Convention et surtout Nick Drake, le rôle de ce dernier semble avoir surtout consisté à lui suggérer d’enregistrer un album “à la Judy Collins” circa 67, mêlant titres originaux et reprises (cinq de chaque). La plus belle est sans doute “The Ghost in You”, emprunté aux Psychedelic Furs, placée en ouverture de l’album. La cure d’amaigrissement sonore met en évidence la beauté de la mélodie du morceau original, l’un des meilleurs du groupe new wave anglais (sur l’album “Mirror Moves” paru il y a trente ans, avec production d’époque…). Idem pour “To Turn You On” de Roxy Music et “The Crystal Ship” des Doors. Les deux autres covers ont le mérite de faire connaître des titres méconnus, “Don’t Look Down” de Grant-Lee Philips, l’ex-leader un peu oublié de Grant Lee Buffalo, et “Ferries” du duo indie pop norvégien I Was A King dont la chanteuse Anne Lise Frøkedal fait d’ailleurs les chœurs sur l’album.

Quant aux originaux, s’ils ne figureront pas forcément sur un best-of, ils restent dans la bonne moyenne d’un auteur aussi prolifique que constant. Mention spéciale au joli et bilingue “Comme toujours”, qui rappelle Bill Pritchard, et surtout au superbe “Recalling the Truth” qui clôt le disque sur des accents alternative country. “The Man Upstairs” est peut-être un poil trop pépère, mais vient rappeler que Robyn Hitchcock reste l’un des artisans songwriters les plus respectables – et respectés – de ces 35 dernières années. Et qui, sans les tubes et la renommée des Doors, de Roxy ou des Furs, poursuit bon an mal an son petit bonhomme de chemin.

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