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Disques

V/A – La Souterraine vol.4

 V/A - La Souterraine Vol​.​4

On avait été emballés par les trois précédents volets : on ne pouvait donc pas faire l’impasse sur ce quatrième volume des compilations La Souterraine. Comme d’habitude, le casting est alléchant, et on a dû s’y mettre à plusieurs pour une analyse non objective et collective de ce très beau recueil de “l’activité souterraine en francophonie”.

Carl et les Hommes Boites – Le chanteur (Maéva Pensivy)

C’est par une reprise carrément casse-gueule sur le papier que s’ouvre ce quatrième volume de La Souterraine. Contrairement à Chamfort ou Christophe pour ne citer qu’eux, Balavoine ne semble a priori pas faire figure de “reprisable” dans la pop française actuelle. Ça tombe bien Carl Roosens est belge, et s’en fiche comme de la guigne de la bienséance pop française. A l’aide de son chant un peu monocorde, d’une ritournelle de synthé crade et du martèlement de la boîte à rythme, sa version nous fait redécouvrir la noirceur de ce texte désabusé.

Barbagallo – Ca, tu me (Mickaël Choisi)

Epatante découverte pour ma part que ce Toulousain, membre d’Aquaserge, dont le folk lunaire est soigneusement arrangé, bizarrement entraînant alors qu’il y a un fort parfum de nostalgie qui flotte sur ces 3 minutes. Bien entouré (Benjamin Gilbert d’Aquaserge ,Pedro Wesende de Tahiti 80 à la production), le musicien signe un titre entêtant, que l’on sent filer entre les doigts avec grâce. Premier EP en vente sur Objet-Disque.

Laure Briard – Révélations mystiques (David Dufeu)

Auteure d’un EP sorti chez Tricatel – « Laure Briard chante la France » -, la Toulousaine creuse une veine purement pop à la française, encore une fois, avec ces « Révélations mystiques » : des paroles naïves sous influences psychotropes (avec références à Ravi Shankar et au yoga, et grosses reverbs sur toutes les pistes), sussurées d’une voix un peu ivre, comme parfois chez Stereolab, viennent se poser sur un morceau à la dynamique bien plus structurée, à la Camera Obscura. Ce mélange incertain se révèle un peu piquant, d’un exotisme un peu factice, mais charmant.

Orso Jesenska – Paroles (ChloroPhil)

Les premiers accords m’ont un peu fait peur : j’ai cru à une n-ième chanson avec un (trop envahissant) ukulélé… Mais cette crainte disparait très vite : une douce guitare pleine d’écho, une voix douce à la Dominique A / Florent Marchet / Bertrand Belin, une rythmique (contrebasse et batterie) subtile, un texte intelligent. Orso Jesenka fait un très beau retour, 3 ans après « Un courage inutile », et mieux entouré que jamais (Thomas Belhom, Mocke, Booby Jocky et Marianne Dissard participent à « Parole »).

Ricky Hollywood – Trop de bruit (Mickaël Choisi)

La fête a l’air bel et bien finie sur ce titre, dont la pop 80’s embrumée exhale un fort parfum de fin de soirée, petit matin. La défaite n’est pas loin, mais il y a une lueur d’espoir qui s’accroche à cette mélodie synthétique et pourtant si charnelle. C’est la redescente, mais aussi la promesse de retrouver les sommets, comme le laisse espérer la fin du morceau, plus chaleureuse. On ne peut que lui souhaiter.

Doria Pamphilj – Perturbations atmosphériques (David Dufeu)

Doria Pamphilj, c’est soit une galerie d’art à Rome appartenant à la famille du même nom, soit le nom de Dorian Pimpernel quand ils chantent en français. Ici c’est du second cas qu’il s’agit, vous l’aurez compris. Les Parisiens nous avaient habitués à une pop sous influence transmanche, mais toujours originale et fuyant les sentiers battus. La voix très aérienne, le mid tempo et l’instrumentation aérée évoquent assez vite Broadcast, même si le morceau, avec ses sons de cordes et de scie, alliés à l’évidence de la mélodie, ressemble fort à un tube purement pop.

Taulard – Fuir (Maéva Pensivy)

1’17’’ d’énergie pure avec chant, batterie, synthé et guitare qui se tirent la bourre, des cœurs à remuer les tripes au milieu et une furieuse envie de prendre les voiles ou de tout péter à la fin du morceau, pas de doute on est bien chez Taulard. La formule est toujours un peu la même mais on s’en fout parce que leur punk synthé fait incroyablement plaisir. Et comme ils font une mini-tournée cet automne, on pourra même en profiter sur scène.

Rhume – Dans tes yeux (David Dufeu)

Après presque dix ans d’existence, on commence à bien les connaître, les Bordelais de Rhume, avec leurs titres qui fusionnent diversement les genres et les humeurs (quasi-anagramme du nom d’ailleurs). Ici, ne vous fiez pas au titre romantique, ils proposent un morceau tendu sur le fil d’une boucle de voix entêtante, sur laquelle viennent se poser les mots, parlés comme souvent chez Rhume, et qui dissèquent une relation intime, entre chirurgie des sentiments et surréalisme. On pourra toujours convoquer les noms de Diabologum ou de Fauve pour lancer des ponts, les trips que constituent les morceaux de Rhume sont uniques. Barré mais stimulant.

Alma Forrer – Bobby (tes nuits) (ChloroPhil)

Si je ne devais retenir qu’une chanson de cette compilation, voire une seule chanson de toutes les compilations “La Souterraine”, ce serait sans aucun doute celle là. La fragilité de la voix d’Alma Forrer, sur un fil, très légèrement frémissante, les caresses évaporées de la guitare de Mocke (ça tremble et tout ce qui tremble est vrai), la mélancolie ensoleillée du texte… On est très près de la chanson parfaite… Une chanson qui fait partie du très récent EP d’Alma Forrer (dont nous allons sûrement vous reparler).

PS : Si vous l’avez loupée, il faut absolument revoir la magnifique session POPnews / Citazine d’Alma Forrer, filmée par Vincent et Maéva au mois de juin.

Laetitia Sadier – Depuis le centre du coeur (David Dufeu)

La fin de cette compil est décidément magnifique : après le superbe titre d’Alma Forrer, l’ex-Stereolab catapulte “Depuis le centre du coeur” à la fois dans le passé, avec une production très sixties/seventies “French touch”, entre arrangements luxuriants, montées flamboyantes et légères touches de synthé kitsch, et d’autre part direct dans la stratosphère, avec cette voix très articulée et aux mélodies envolées qui finissent par planer très très haut. J’adôôôôre… Laetitia Sadier montre ici, si besoin était, qu’elle est une chanteuse au charme insaisissable, qui continue à tracer son sillon entre hommage au passé et défrichage permanent. Classe. 

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