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Concerts

SARH, Caen, festival Nordik Impact, 24 octobre 2014

SARH, c’est le nom d’une ville du Tchad, c’est aussi un ailleurs, un îlot de liberté où s’est posé le projet multiforme de DJ Pone et de José Reis Fontao, de passage à Caen pour le festival des cultures numériques et indépendantes Nordik Impact. 

Le premier est DJ au sein du collectif électro Birdy Nam Nam, le second est chanteur et guitariste du groupe de rock Stuck In The Sound. Si leurs univers semblent aux antipodes l’un de l’autre, leur fusion d’une électro-pop sombre et lumineuse n’en est que plus réussie. Un premier album paru en juin s’accompagne aujourd’hui d’une tournée, véritable invitation à un voyage introspectif.

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Il est 19h à l’église Notre-Dame-de-la-Gloriette de Caen lorsque les premiers spectateurs prennent place dans l’enceinte de l’édifice. Quelques minutes plus tard, les lumières s’éteignent. DJ Pone s’installe aux platines, José le rejoint au micro. Un écran blanc vertical au centre du chœur reçoit des projections lumineuses tandis que des tentures noires volent à l’horizontale, les deux formant le signe d’une croix. Un silence monacal accueille « Welcome to Sarh », plongée désertique de plusieurs minutes dans des percussions et cordes africanisantes. José salue sobrement le public « Bonsoir, nous sommes SARH » avant d’enchaîner avec « Blind ». Depuis le centre de la nef, un ballet de lumière accompagne la ritournelle. 

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Puis vient « Urquinaona », premier extrait de l’album du même nom et d’une trilogie de clips cinématographiques, l’influence de Radiohead n’est pas loin. Après trois titres face à un public attentif, José dit que c’est la première fois qu’il joue dans une église, cadre impressionnant s’il en est, il n’ose pas faire de blague. Vient alors « Venise ». L’écran est le réceptacle de variations lumineuses d’une blancheur immaculée. Le chant de José, tel une incantation, plonge alors le chœur dans l’obscurité. C’est au tour de « Waving Goodbye ». Tandis que DJ Pone s’active aux platines, José Reis Fontao est rivé à son micro, presque immobile. Captifs, les spectateurs acclament la suite. José présente alors DJ Pone avant de s’engager dans « Sailing with Lost Souls », titre qui se distingue de l’album par son intensité, l’énergie est perceptible mais contenue au travers de son entêtante rythmique – « I’m someone else, I’m someone ». 

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Le chanteur de Stuck In The Sound laisse tomber son immuable capuche pour « The Last Feeling », il a troqué la voix rugissante qu’on lui connaît pour une interprétation posée, parfois mélancolique. La musique de DJ Pone est ici dans l’épure, on se rapproche de Massive Attack. José demande à DJ Pone s’il souhaite passer un message. Il dit alors que la musique se prête parfaitement au cadre de l’église. Ils échangent tous deux des regards complices. Plus difficile pour le public, assis, de s’exprimer pleinement. Il me faudra saisir l’occasion de les revoir en salle. Sur « U and I », José prend furtivement possession du centre de la scène, et sa silhouette noire, telle une ombre chinoise, tend les bras vers le public. 

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On aimerait voir les paroissiens debout et la messe se transcender comme à l’appel d’un gospel. Les deux amis sont heureux d’être là et cela se voit. L’écran illustre la longue séquence instrumentale préambule d’ »Aïssa » puis laisse place à la seule voix de José, qui termine dans un solo scandant « Be my love ». Le chant est au service de la musique. Dès les premières notes du titre suivant, José appelle le public à taper des mains, il s’exécute sur les premières mesures de « Colors », pause à mi-morceau pour les inviter cette fois à se lever. Une heure a passé, « Colors » reprend, mais c’est déjà la fin.  José Reis Fontao et DJ Pone remercient le public. C’est leur quatrième concert, souhaitons-leur un second album, et de nouveaux titres pour étoiler un set moins filant. 

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