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Disques

L’Objet – Toucan

L'Objet - Toucan

« Naître, mourir, renaître encore et progresser sans cesse, telle est la Loi ». Cette citation d’Allan Kardec, le fondateur du spiritisme, sied à merveille au nouvel album de L’Objet, tant le groupe de Julien Harpagès et Arnaud Boulogne a su se réinventer avec « Toucan », partant du post-rock ombrageux dans lequel il excellait (l’excellent et ascétique « Plank » , sorti en 2011) pour évoluer vers un feu d’artifice de couleurs et de rythmes, passant du krautrock germanique et martial à la polyrythmie de la musique africaine (ces guitares si fascinantes sur l’inaugural « Volcans » !).

L’album sonne de façon tout à fait remarquable, le groupe ayant eu à cœur de repousser les limites techniques d’enregistrement qui étaient les leurs, pour offrir un album organique et synthétique digne de ceux produits par Conny Plank, architecte sonore du krautrock.
Sur l’immense « Abidjan », croisement des sonorités modernes et des rythmiques réminiscentes de la musique traditionnelle ivoirienne, à l’image de cette ville écartée entre quête de modernité et poids des origines, les voix – innovation dans les disques de l’Objet –  surgissant au loin, résonnent comme des mantras, des incantations, tandis que la guitare d’Arnaud Boulogne flotte tel un souffle d’air chaud qui vient frapper le visage.
La destructrice « Wave » emmène tout sur son passage, avec un jeu guitare/batterie qui sonne comme une hybridation des Stooges et de Can. Le jeu de batterie de Julien Harpagès, qui oscille entre frappe métronomique et accélérations et rythmiques équilibristes aux confins du jazz et du post-rock, renforce la subtilité des lignes mélodiques qui s’entrelacent.
On ressort de ces six titres conquis et sidéré par un tel travail de composition, de production et d’arrangements, le sentiment de puissance et de quasi spiritualité qui se dégage de cet album. Reste la question du sens donné au titre de l’album : le Toucan, oiseau aux mille couleurs, ou constellation de l’hémispère sud ? Peu importe le(s) sens qu’on lui donne, ils sont tous synonymes de voyage et d’émerveillement.
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