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Disques

Death and Vanilla – To Where the Wild Things Are

Death and Vanilla - To Where the Wild Things Are

Avec sa panoplie d’instruments vintage (moog, mellotron, vibraphone…) et son appétence pour les musiques avant-gardistes ou la science-fiction des années 60, Death and Vanilla évoque inévitablement l’univers des Anglais cultes de Broadcast. Une fois passées les six minutes et demi de « Necessary Distortions », ouverture intrigante appuyée par un beat métronomique, on entre de plain-pied dans une sphère rétrofuturiste hantée par les échos du groupe de la regrettée Trish Keenan (« Follow the Light »). Vaporeuse et insaisissable, la musique du trio de Malmö (Marleen Nilsson, Anders Hansson et le nouveau venu Magnus Bodin) ne s’offre pas instantanément au visiteur. Il faut donc multiplier les écoutes attentives, nocturnes de préférence, avant de commencer enfin à cerner la beauté énigmatique de Death and Vanilla. Pop baroque, psyché cotonneuse, dream-pop, library music : élégant patchwork d’influences, « To Where the Wild Things Are » (qui doit son titre à un célèbre album pour enfants de Maurice Sendak) est assurément le travail de musiciens érudits, aux choix esthétiques affirmés.

Très inspirés par le septième art et grands amateurs de bandes originales, les Scandinaves peuvent aussi bien rendre un hommage à peine dissimulé au grand John Barry (« Time Travel ») que se livrer à une relecture des thèmes inquiétants du cinéma transalpin (« Shadow and Shape », qui déroule la bobine d’un giallo imaginaire). Si la première face de l’album explore un versant plutôt favorable aux mélodies (« Arcana »), allant même à jusqu’à lorgner du côté de Beach House (« California Owls »), la deuxième partie ouvre ensuite un nouveau chapitre débridé, plus sombre et moins confortable. Death and Vanilla oublie alors ses manières d’élève surdoué, brode en slow motion un riff de guitare surf (« The Hidden Reverse »), plonge le folk dans des nappes synthétiques hallucinées (« Moogskogen ») avant d’expérimenter à la manière de Stereolab le temps d’un étrange final sans paroles (« Something Unknown You Need to Know »). Cinématographique, sophistiqué et envoûtant, « To Where the Wild Things Are » abolit la frontière entre rêve et réalité.

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