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Disques

Faith No More – Sol Invictus

Faith No More - Sol Invictus 

Quand on nous a proposé de rejoindre POPnews, notre première réaction a été une hésitation quant à trouver notre place dans la ligne éditoriale, penchant plutôt pour ROCKnews. Un trimestre après notre intégration, trouver Swans en dixième position du classement annuel de la rédaction nous laissait espérer un large champ des possibles. Sur les vingt-deux membres que compte POPnews, la représentation féminine est inférieure à dix pour cent. Aussi, les réminiscences des premiers émois de l’équipe se font plus volontiers à l’écoute du chant de sirène d’Heather Nova quand nos années lycées rimaient avec Mike Patton, Keith Caputo et ce qu’on trouvait sur les compilations Kerrang!. Parmi les livraisons printanières de groupes aux noms évocateurs (Wire, The Pop Group, Gang of Four), celui de Faith No More nous propulse deux décennies en arrière. Rares sont les groupes dont on raye les jours du calendrier jusqu’à la sortie de l’album, on patiente avec les éclaireurs de bon augure “Motherfucker” et “Superhero”. On se rue chez le kiosquier acheter le magazine dont le groupe fait la couverture comme on dépensait notre argent de poche au rayon CD. C’était sans compter sur l’un de nos magnanimes camarades prompt à nous faire don de son exemplaire promotionnel. L’excitation de l’écoute est aussi grande que la frustration de manquer le groupe programmé au HellFest. Entre deux émotions contrastées, l’appréhension de glisser la galette dans l’autoradio. Et si les auteurs de “The Real Thing”, “Angel Dust” et “King for a Day… Fool for a Lifetime”, albums à notre panthéon discographique adolescent, ne passaient pas le crashtest de l’écoute au volant ? On vous épargne l’“Epic” histoire du groupe depuis sa création qui compte dix-huit lignes sur le registre des entrées et sorties du personnel. Après une séparation consommée, le quintet San-Franciscain remet le couvert selon le line up du précédent “Album Of The Year”, époque à laquelle on avait perdu de vue le groupe à l’aulne d’une séparation que l’on pensait définitive. Le présomptueux “Sol Invictus” met fin à dix-huit années de silence sur disque, exercice “casse-binette” de la reformation en studio après le “reunion tour” et dix années chacun dans son coin.

Dès la première écoute, on est rassuré, on est toujours dans la maison Faith No More. Les meubles ont été déplacés, la déco est un peu décatie mais les pièces sont toujours aussi accueillantes. Les colocataires sont peu ou prou les mêmes : le crooner Mister Mike “Bungle” Patton, l’omniprésent Roddy Bottum au piano, Billy Gould à la basse et la production, Mike “Rasta” Bordin à la batterie, Jon Hudson, huitième et dernier guitariste en date. Invoquer le titre d’une divinité solaire ne garantit pas l’apparition de l’inspiration. Loin du disque de rockers sur le déclin, “Sol Invictus” nous remémore pourquoi on place Faith No More sur un piédestal. Le dix titres ouvre sur celui qui donne son nom latin à l’album, référence militaire qui guide la batterie (“Cone of Shame”, “Motherfucker”). Les premières notes de piano donnent le ton des quarante minutes (« Sol Invictus, « Matador »). Le hard rock “Superhero” et le progressif “Separation Anxiety”, dans la lignée d’”Angel Dust” sont entrecoupés de “Sunny Side Up”, possible single de l’époque fusion funk métal qui fit le succès populaire du groupe à l’arrivée de Patton au chant. Ici la double voix caverneuse et enjôleuse ne tombe pas dans le versant nasal de “The Real Thing”, la guitare acoustique et les choeurs sont toujours de mise (“Black Friday”, “From the Dead”), les expérimentations exotiques de l’époque “King for a Day… Fool for a Lifetime” aussi (“Rise of the Fall”). La captation de la chaîne franco-allemande à Clisson nous permet de constater la facilité d’insertion des nouveaux titres dans le set des quinquas. On ne peut pas demander à “Sol Invictus” de détrôner d’emblée ses prédécesseurs qui ont eu le loisir de labourer le terrain laissé en jachère mais l’ensemble n’est pas loin de former une anthologie originale du groupe. Quelques semaines sur la platine laissent présager à ce soleil triomphant la destinée de nous accompagner durablement. 

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