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Concerts

The Limiñanas avec Pascal Comelade – La Cigale, Paris, 29 septembre 2016

Originaires de la région de Perpignan, les Limiñanas font partie de ces groupes que je n’ai jamais pris le temps de réellement écouter malgré les louanges de mon entourage. L’approche de ce concert à la Cigale – comme une consécration pour une formation très réputée à l’étranger, mais qui jouait encore à la Mécanique ondulatoire il y a trois ans –, a été l’élément déclencheur pour rattraper mon retard. La claque a été telle que l’intégralité de leur discographie a réveillé mes enceintes. Autant vous dire que j’attendais leur concert avec impatience. 

Liminianas 1

Le groupe arrive en force sur scène, sept musiciens tous vêtus de noir, selon leur habitude. Bien qu’on nous ait annoncé un concert des Limiñanas avec Pascal Comelade, leur récent album commun (“Traité de guitarres triolectiques (à l’usage des portugaises ensablées” — sic) sera quasiment ignoré ce soir, à l’exception de deux morceaux. Leur voisin catalan sera d’ailleurs des plus discrets, jouant du clavier au fond de la scène – parfois, étonnamment, en frappant les touches avec la tranche des mains, façon kung-fu (mais après tout, l’un de ses 45-tours ne s’appelait-il pas “La Dialectique peut-elle casser des briques ?”, titre repris d’un film situationniste ?)… Son apport est néanmoins décisif et il est le seul véritable soliste, le reste du groupe répétant généralement les mêmes accords du début à la fin des morceaux.

Le concert s’ouvre sur “Malamore”, l’un des temps forts du nouvel album du groupe. Morceau idéal pour lancer les hostilités, son introduction atmosphérique évoluant peu à peu vers des sonorités plus fuzz. Le ton est donné, le son est plus ample et plus musclé que sur disque, on sent une grande cohésion chez les musiciens même si le groupe est à la base un duo, Lionel (guitare) et Marie (batterie). Vont s’enchaîner à toute berzingue pas moins de vingt-trois titres, résumé parfait de leur carrière. Nous passons des méandres psyché de “Liverpool” au déluge fuzz de “Funeral Baby”, avec pas moins de quatre guitares (trois électriques et une acoustique).

Liminanas 2

Le groupe joue le plus souvent dans une quasi-obscurité, ce qui ajoute à la puissance évocatrice des morceaux, dont les instrumentaux “One of Us” et “Stela Star” enchaînés en milieu de set. D’où la surprise de voir les spots éclairer une danseuse au look 60’s (choucroute, robe courte et petites bottes) perchée sur un podium en fond de scène, sur « El Beach Mi ». Nous sommes alors transportés dans un temps que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître. Sur ce même titre, Comelade se fait plaisir en apportant par instant une touche jazzy au piano. La danseuse yé-yé reviendra occasionnellement, jusqu’au dernier titre du concert – cette fois-ci, en bikini.

Même si cela était peu probable, nous espérions la visite d’un invité de marque sur “Garden of Love”. Peter Hook, featuring de luxe à la basse sur ce morceau du nouvel album, ne sera finalement pas présent, mais le groupe nous réserve une autre surprise. C’est l’acteur et musicien Jean-Pierre Kalfon, au look d’éternel rockeur malgré ses 78 ans. Il lit un poème de Rimbaud – s’il n’avait pas le texte sous les yeux, on dirait plutôt qu’il le déclame – sur “Suicide” pour clôturer la première partie du concert. Lionel attendra le premier rappel pour se mettre au chant (parlé) sur le classique du groupe, “Je ne suis pas très drogue”. Le concert s’achèvera par un “Chocolate in My Milk” aux guitares rutilantes, histoire d’achever le public de la Cigale.

Ce concert, mon premier du groupe, fut donc une grosse claque. Suffisamment pour regretter de ne pas les avoir vus en action dans des caves à la chaleur moite, avec les amplis à 14. Car, s’ils jouent encore aujourd’hui comme s’ils se produisaient dans ce genre d’endroits, les Limiñanas évoluent désormais dans une autre dimension. Et c’est amplement mérité. 

 

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