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Disques

Cass McCombs – Mangy Love

Cass McCombs - Mangy Love

Clairement, son art à lui, c’est le songwriting. Certes. Mais en aucun cas il n’oublie, tel un esthète hautement averti, de soigner, en plus du contenu textuel et de l’aspect mélodique, le matériau sonore et son enveloppe. Or donc, Cass McCombs sait composer, écrire, jouer et… s’entourer, une notion bien plus importante qu’il n’y paraît : oui, tout est solide et semble couler de source chez le prolifique natif de Californie qui, de facto, n’est jamais à court d’inspiration.

En effet, de la gestation de ses chansons jusqu’au choix final du tracklisting – et ce n’est certainement pas ce huitième album studio qui dérogera à la règle – le détendu de la six-cordes gère parfaitement son répertoire, continue d’offrir des motifs de guitare variés et jamais sottement volubiles, auxquels le chant polymorphe du surdoué répond avec beaucoup d’aisance, de sentiment et de générosité. À la faveur de ce nouvel excellent cru viennent s’additionner de part et d’autre les voix d’Angel Olsen, Blake Mills et Kurt Heasley, conviés en tant que choristes de luxe. (Puisqu’on vous dit qu’il sait s’entourer !)


Au bout de quinze ans de présence discographique sur la planète, Cass McCombs sait toujours et encore quel ingrédient incorporer au moment opportun. Cette fois, il s’agit d’un dosage maîtrisé de groove faussement nonchalant, minutieusement réparti sur l’ensemble de l’album. Cet élément, qui n’est habituellement qu’occasionnel, sied parfaitement à ces douze morceaux qui prennent alors des allures particulièrement sensuelles en contrepoint d’une plume acérée voire acide par endroits. On constate que l’inestimable artisan ne cesse de renouveler son œuvre tout en creusant paradoxalement le même sillon. Une mélodie renversante par-ci (l’extraordiaire “Low Flyin’ Bird”), un riff funky par-là (l’évident “Switch”), une entêtante réminiscence afro-beat ailleurs – tout au long de “Run Sister Run”, accrocheuse, accessible et épique déclaration d’amour appuyée à la gent féminine – voilà déjà un début de menu alléchant !

Et c’est sans compter sur le remuant “In A Chinese Alley” qui n’est pas sans rappeler le corps instrumental du phénoménal hit “Big Love” (1987) de Fleetwood Mac, ou encore la ballade “Laughter Is The Best Medicine” qui convoque des cuivres rhythm’n’blues un poil jazzy comme pour mieux installer le climat chaleureux de ce long format décidément très imprégné de l’atmosphère propre à l’environnement natal de son auteur. On note également l’insertion de quelques titres aux couleurs plus froides tels que “It”, orné de chœurs d’opéra tout en finesse en arrière-plan, l’inaugural “Bum Bum Bum” aux sentences aussi saillantes que des couperets dans lesquelles il est question de guerre et de (sur)consommation, et le final “I’m A Shoe”, à l’humeur désespérément sombre et évoquant une ville-fantôme, tous trois venus tempérer intelligemment cette enthousiasmante incandescence. Ainsi, le Cass McCombs de 2016, dans ses contrastes, vient rappeler à sa manière ceux des soulmen d’antan.

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