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Disques

Alan Corbel – Like A Ghost Again

Alan Corbel - Like A Ghost Again

Le rennais Alan Corbel revient avec un second disque, « Like A Ghost Again » qui refuse de choisir entre folk et pop et qui délivre 10 chansons à la fois efficaces et attachantes.

C’est étrange cette sensation que l’on ressent à l’écoute de la musique d’Alan Corbel : on se sent immédiatement transporté dans de grands espaces ouverts, et sans doute trouvera-t-on une origine à cette impression dans la région d’adoption du monsieur, la Bretagne. Car même si nulle celtitude ne transpire de ses titres, on y trouve une forme de minéralité qui contribue sûrement à cette âpreté à peine perceptible, qui permet à ces dix chansons de s’affranchir du risque de la redite.

On ne sait trop ici où situer la légèreté dans ce qu’elle peut avoir de richement anecdotique. Prenez « An Old Friend » et ses accents Radiohead période « The Bends » ou encore « Born On The Wrong Day » où le Breton montre qu’il sait également bien s’entourer, comme ici et sur 4 autres titres où Albin De La Simone apporte sa touche de piano si singulière.

« Loved By A Man » rappellera le meilleur de « Hot Dreams » de Timber Timbre pour cette même illustration de Fifties débarrassé de ses oripeaux de naïveté. Plus varié dans sa forme que son premier disque édité en 2012, « Dead Men Chronicles », réalisé par Bertrand Belin, on devine dans « Like a ghost again » un artiste qui tâtonne et tente des expériences mais là où il reste assurément le plus pertinent, c’est dans une mélancolie assumée comme le superbe « She Is » pas très éloigné de l’univers de ses voisins de palier, Fragments, auteurs d’un aérien « Imaginary Seas » en 2016. Il sera difficile de réfréner un frisson à l’écoute du violoncelle de « The Sweetness Of The Dust » et cette voix sur le fil, parfois haute perchée, parfois dans l’ombre.

« The Wonderer » réveillera le spectre de Madrugada ou encore de Midnight Choir, en un mot cette école d’une Pop de l’Europe du nord qui sévissait à la fin des années 90 et au début de la décennie 2000. On y retrouve cette même chaleur glaçante, ce vent fort. La musique d’Alan Corbel est toujours sur le fil, celui de la sensibilité qui pourrait devenir sensiblerie, celui de l’épure qui pourrait se diluer dans le silence, celui de l’honnêteté qui pourrait n’être que mièvrerie. On pourrait être tenté par l’indifférence, la distance ou le recul mais pernicieusement, l’emprise s’installe à l’image du osseux mais vibrant « Two Hearts In Love ».

Alan Corbel triture, malaxe une matière sonore qui lentement mais sûrement sait ne conserver que l’essentiel, une émotion à vif, palpitante comme un pouls qui s’affole.

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