Entracte Twist est déjà en train de jouer quand on finit de descendre les escaliers du Petit Bain. Les Français sont en charge d’ouvrir la soirée pour A Place To Bury Strangers et il faut dire que leur mélange de rock garage tendance yéyé tinté de synthétiseur 80’s a tout pour intriguer. On fait bien d’insister plutôt que de prendre une bière, car au gré des morceaux, Entracte Twist installe un truc assez motorik dans leurs compositions, de quoi nous plonger dans une sorte de douce hypnose faite de riffs réverbérés et de rythmiques répétitives. L’entrée en la matière est efficace, on attend la suite avec impatience.
La salle se remplit pour Numb.er, quintette d’obédience post-punk en provenance de Los Angeles qui met tout le monde d’accord dès le premier morceau. Des lignes de basses particulièrement répétitives s’installent progressivement dans les derniers recoins de notre cerveau, tandis que Jeff Fribourg chante d’une voix un peu glam tout en jouant quelques mélodies sombres au synthétiseur. Les guitares ne sont pas en reste, la fuzz est versatile, la reverb’ bien chargée et le delay presque à fond, on sent bien ce petit côté shoegaze qui nous prépare pour la suite. Le set est d’une redoutable efficacité et il ne nous en faut pas plus pour nous délester de quelques euros et repartir avec un vinyle de Numb.er sous le bras.
On essaie de deviner comment peuvent fonctionner les immenses racks de A Place To Bury Strangers situés sur la scène en lieu et place des traditionnels amplis. La réponse nous viendra sous la forme d’une gigantesque vague de distorsion quelques secondes après le démarrage du set. Oliver Ackermann fait beaucoup de bruit avec sa guitare et c’est uniquement grâce aux lignes de basse et à la rythmique que l’on reconnaît certains morceaux. Entre deux nappes saturées on distingue « Straight », « In Your Heart » et surtout un « Never Coming Back » de haute volée issu de leur très bon dernier album, « Pinned ». La batteuse Lia Simone Braswell tape fort sur ses fûts et chante très bien. Les stroboscopes nous rendent à moitié aveugle. Le groupe se jette plusieurs fois au milieu du public, et se lance même dans une séance de modulation de synthétiseur pour une parenthèse electro. A la fin, quand il ne reste plus que larsens stridents et saignements d’oreilles, on se dit que l’on vient de voir l’un des plus beaux déluges sonores de cette fin d’été.