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Disques

Joseph Fisher – Chemin Vert

Joseph Fisher - Chemin Vert

Il n’y a pas si longtemps, un dimanche soir, je prenais mon courage à deux mains pour monter sur la petite scène du Pop In, à Paris, afin d’exécuter deux titres avec une vieille guitare acoustique. Une fois ma prestation modestement exécutée, j’essayais de me remettre en prenant un verre au bar tout en me disant que j’aurais pu mieux faire. Dans ces moments-là, je me surprends encore d’avoir croisé l’oreille bienveillante d’Antoine Bourguilleau alias Joseph Fisher, bassiste pour Superdrug et Panama, historien renommé et pilier de la scène ouverte du Pop In dont le public a eu la primeur des morceaux que l’on peut enfin entendre sur son premier album, le très beau “Chemin Vert”. 

Il va sans dire que Joseph Fisher avance avec la ferveur de celui qui griffonne ses mots entre deux cigarettes. Il a composé ici une poignée de chansons évoquant une certaine élégance brute que l’on entend surtout du côté de la Perfide Albion, avec Sarah Records et les Smiths en références cardinales. On peut d’ores et déjà classer “Désordre” parmi les plus belles adaptations de Joy Division – aux côtés de “Ceremony” version Galaxie 500 et de “She’s Lost Control” repris par Girls Against Boys –, et on se rappelle une fois de plus que les joies les plus simples sont les plus prenantes en entendant les guitares doucement psychédéliques de “Gardez tout”. S’il fallait ne garder qu’un titre, ce serait probablement “La Ville nouvelle” dont la tristesse diffuse vous prend à la gorge, ou peut-être « Partageur et partagé” pour son côté coquin et sa mélodie enlevée.

Neuf titres et trente-six minutes plus tard, on n’a qu’une envie : y revenir. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette guitare qui, quand elle n’est pas distordue, évoque la musique brésilienne, cette basse prognathe et cette voix brute qui donne une patine tirant vers l’orfèvrerie pop au fur et à mesure des écoutes. A l’heure où les productions d’une flopée d’artistes français manient sans rougir les références anglo-saxonnes, Antoine/Joseph se place tranquillement dans le haut du panier. Pour la peine, on espère un concert pour bientôt.

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