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L’Epée – Diabolique

L'Epée - Diabolique

Il ne faut jamais négliger la part de rêve dans la musique. C’est ce qu’a démontré, au sens propre, Anton Newcombe. Le leader du groupe psychédélique californien The Brian Jonestown Massacre avait collaboré avec le duo français Limiñanas sur leur dernier album “Shadow People” sorti en 2018, dont la chanson titre bénéficiait de la présence de l’actrice Emmanuelle Seigner. L’alchimie entre les quatre s’était révélée telle qu’ils avaient décidé de continuer l’aventure ensemble. Il s’agissait au départ d’enregistrer un nouvel album solo d’Emmanuelle Seigner, qui aurait été son quatrième et se serait intitulé “Diabolique”. Le projet changea de forme (mais pas de titre) après qu’Anton Newcombe eut fait un rêve (voilà, on y vient) dans lequel ils jouaient tous les quatre dans un groupe qui s’appelait L’Epée. Et ce (super)groupe est né ! Les séances de l’album ont eu lieu entre Cabestany, la ville des Limiñanas, près de Perpignan, et le Cobra Studio de Newcombe situé à Berlin.

Précédé d’un EP trois titres justement intitulé “Dreams” et sorti il y a quelques mois, cet album apparaît comme le revers d’une pièce dont le “Shadow People” des Limiñanas constituerait l’avers. Soit une face plus envoûtante, plus hypnotique, bref, plus psychédélique. On le ressent tout au long du disque, avec ces rythmes répétitifs qui finissent par provoquer une sorte de transe, créés par la batterie métronomique de Marie Limiñana ou par un unique accord qui tourne en boucle sur la guitare de son mari Lionel. Au milieu, le chant, soit en anglais, soit en français, d’Emmanuelle Seigner apporte une touche langoureuse et nonchalante, son accent français exagérément prononcé sur les paroles en anglais ne manquant pas de charme. Cela est particulièrement notable sur “Ghost Rider” (qui n’est pas une reprise de Suicide comme le titre aurait pu le faire croire) où, au début, la guitare d’Anton Newcombe semble également se faufiler pour explorer les profondeurs avant de remonter vers la fin avec un riff qui ne cesse de se répéter.

C’est là la grande nouveauté de cet album si on le compare aux précédents des Limiñanas. A souvent été utilisée l’expression « garage yéyé » pour qualifier la musique du duo catalan. Elle est encore pertinente pour une chanson telle que “Dreams” où la musique est héritière de celle des groupes “Nuggets”, et où le chant rappelle celui des idoles de “Salut les copains”. Mais la plus grande implication d’Anton Newcombe dans la composition donne une nouvelle ampleur à la musique. Sa guitare aux motifs psychédéliques, ses percussions hypnotiques (“Grande” qu’on croirait enregistrée en Inde ou “Un rituel inhabituel”, instrumental comme échappé du répertoire du Brian Jonestown Massacre) sont vraiment les grands apports de cet album. A noter aussi la présence de Bertrand Belin qui cosigne trois titres dont “On dansait avec elle” qu’il chante en chœur avec Emmanuelle Seigner.

La base est l’œuvre des Limiñanas. Anton Newcombe y apporte une autre dimension. Emmanuelle Seigner amène également sa touche personnelle. L’ensemble, qui aurait pu se révéler anecdotique ou trop composite, est une vraie réussite.

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