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How to Love : Ropoporose dans l’espace avec Carpenter

Le festival How to Love revient à Petit Bain (Paris XIIIe) du 11 au 16 février pour sa septième édition. Au programme, toujours de la BD, de l’illustration, de l’animation, de l’écriture, des rencontres insolites, et bien sûr de la musique avec Mondkopf, Tristesse Contemporaine, Nova Materia ou Tomaga (le programme complet est ici). On conseille particulièrement la soirée du dimanche 16 février, où le duo vendômois frère-sœur Ropoporose jouera sur une projection de “Dark Star”, le film de John Carpenter.
Nous avons demandé à Pauline et Romain de nous présenter ce ciné-concert et de commenter quelques extraits du film (pêchés sur YouTube, donc de qualité variable).

A propos de leur travail sur le film

« “Dark Star” est le film de fin d’études de John Carpenter, dont il a également composé la musique (comme à son habitude pour ceux qui le connaissent). Il relate l’histoire d’un vaisseau spatial envoyé par la Terre, Dark Star, dont le but est de détruire toute planète instable ne pouvant accueillir la vie humaine. Les quatre équipiers du vaisseau ont été envoyés en mission il y a 20 ans déjà et ils semblent être oubliés et bafoués par les commanditaires de la mission. L’atmosphère au sein de l’équipage est pesante, loufoque, sujette à tous les possibles.

A l’origine de ce projet, le festival rennais Travelling, qui a coutume de commanditer des créations de ciné-concert à chacune de ses éditions, le plus souvent à des groupes indés francais. Nous connaissons Fabrice, le directeur, depuis très longtemps, et nous sommes ravis qu’il ait choisi de faire appel à nous !

Comme l’idée était de choisir un film en concertation, nous avons été dirigés vers une société de distribution française, Carlotta, qui réédite notamment d’anciens films, et nous sommes tombés par hasard sur “Dark Star”, que nous ne connaissions ni l’un ni l’autre. D’abord, ce film avait un bon potentiel pour une mise en musique, parce qu’il est tantôt très drôle, tantôt sérieux, et ces deux éléments font que l’univers est à la fois déjanté, changeant. Surtout, nous sentions la possibilité de rendre comique une scène sérieuse ou décisive, et vice versa.

Aussi, il dure environ une heure et quart, ce qui est un très bon format scénique. Ce film nous a aussi beaucoup fait rire, et c’est toujours le cas, après une centaine de visionnages ! Ce qui est bon signe. Nous avons pu obtenir les droits de la part du distributeur européen, et avons entamé nos résidences de création, soit environ 12 jours de composition.

Naturellement, nous avons eu une inclinaison à composer des morceaux qui aient quelque chose d’assez kitsch, d’assez psychédélique, pour coller à l’esprit du film de Carpenter. Mais on a beaucoup laissé parler nos habitudes de composition, sans toutefois chercher à faire des morceaux dans un format classique couplet/ refrain. On a composé cinétiquement et c’est un processus créatif très agréable qui permet de déconstruire un peu le carcan pop dans lequel nous évoluons ordinairement, de questionner la répétition, et bien sûr l’illustration des images.

Concernant le rapport au son, nous travaillons à partir du fichier film ordinaire, avec le son original, mais avons la possibilité de le baisser ou de le couper. Nous avons plusieurs manières d’accompagner le film : ne rien faire, déjà (c’est important de ne pas chercher à apparaître à tout prix) ; réaliser des bruits, des ambiances sonores accompagnant le son du film avec plusieurs bidouilles, des synthés, des percussions ; jouer des séquences musicales enfin, le plus souvent entre guitare barytone, plusieurs synthétiseurs et une batterie, et ce à la place de la musique originale.

Tous les dialogues étant en anglais, les sous-titres français ont tout leur intérêt pour la compréhension des scènes lorsque le son est coupé. Tout est affaire de partis pris, mais il est fondamental qu’on puisse suivre l’histoire. »

Scènes commentées


« Nous aimons énormément la musique du générique de début (d’ailleurs co-écrite par Carpenter) et nous avons eu du mal à nous en détacher, puisqu’elle va à merveille avec la séquence des crédits. Dans tous les cas, et pour toutes les séquences, nous n’avons construit la musique que nous jouons ni par rapport, ni en opposition à celle de Carpenter, mais plutôt en accord ou en opposition avec les images du film.
Dans le cas du générique, nous avons opté pour une musique assez cool dans l’esprit, avec une mélodie entêtante, mais assez lente aussi, qui laisse le temps de découvrir les personnages. On ne savait pas toujours à l’avance ce que l’on voulait jouer sur les scènes, parfois le hasard et l’ambiance naturelle du film ont été plus importantes que l’intention que l’on aurait pu se donner en amont. »


« Dans le cas de cette séquence, nous avons choisi de la laisser telle quelle. Romain joue juste un peu de batterie dessus, comme pour créer un dialogue instrumental. Ce passage est le seul de tout le film où la musique originale est jouée dans l’univers diégétique, et c’est une des raisons pour laquelle nous n’avons pas senti le besoin de nous y immiscer. Nous n’aurions pas pu feindre des sons semblables, et nous aimions l’ambiance donnée par la musique, et le fait improbable qu’elle soit jouée dans un vaisseau sur un instrument aussi imposant. »


« Pour cette scène, nous sommes plutôt restés dans un univers sonore proche de celui de Carpenter, uniquement synthétique, sans guitare, avec des sons très typés, une mélodie très simple et une basse drone. Nous faisons courir cette scène plus longtemps que l’extrait vidéo, pour nous c’est une longue séquence de musique, avec de la boîte à rythmes par la suite. »


« Dans les dix dernières minutes du film, le récit s’emballe complètement, et on sent inexorablement que tout son côté bordélique, accidenté mène inexorablement vers une fin comme celle-ci. Musicalement, notre présence devient plus forte dans le dernier tiers du film, avec la réapparition du thème du générique, comme une boucle avec le début. Il y a aussi cette scène surréaliste où le commandant tente de faire changer d’avis la bombe sur le point d’exploser en usant d’arguments existentialistes ; on joue volontairement sur les longueurs ou les accélérations à l’image, pour accompagner l’emballement jusqu’à son terme. Notre vision musicale reste, avant tout, d’accompagner le film, sans toujours coller au ton initial. »

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