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Bilan 2020 – Les rééditions

Rééditions, compilations de raretés, anthologies, coffrets… En 2020, on a encore eu de très bonnes raisons de regarder dans le rétro.

 

The Divine Comedy – Venus, Cupid, Folly & Time (coffret)

 

Grandaddy – The Sophtware Slump (20th Anniversary Collection)

 

The Kills – Little Bastards (compilation de faces B et morceaux rares)

 

Pale Saints – The Comfort of Madness (30th Anniversary Reissue)/Mrs. Dolphin (compilation)

 

Diabologum – La jeunesse est un art (coffret)

Pour Michel Cloup, l’année 2020 aura été avant tout celle des “Chansons d’usine”. Une puissante adaptation de “A la ligne – Feuillets d’usine”, récit de Joseph Ponthus, en compagnie de son vieil ami Pascal Bouaziz, qui fit l’objet de quelques concerts (peu, malheureusement, crise sanitaire oblige) et d’un enregistrement sorti récemment. Le Toulousain aura aussi eu – une fois n’est pas coutume – l’occasion de regarder en arrière, vers les années 90. A l’époque, le groupe dont il faisait partie, Diabologum, proposait un mélange de styles et d’influences unique dans la musique d’ici. Après leur ultime album et chef-d’œuvre, “#3”, qui avait fait l’objet d’une réédition augmentée il y a quelques années, le reste de leur discographie (deux albums et deux EP) a été republié, d’abord en coffret vinyle pour le Disquaire Day, puis en CD. On y redécouvre une formation encore tâtonnante mais déjà complètement à part dans sa façon de pratiquer le collage et le détournement, de s’abreuver aussi bien à la pop française des années 80 qu’au rock noisy américain, sans rien s’interdire. Et ça n’a pas pris une ride.

 

Pylon – Gyrate/Chomp

Toutes proportions gardées, Pylon fut un peu le Velvet Underground du début des années 80 : une existence brève, un succès commercial et une reconnaissance limités, mais une influence souterraine qui se fait encore ressentir aujourd’hui. On n’avait d’ailleurs pas été très surpris quand leur premier album, “Gyrate”, avait été réédité par James Murphy (LCD Soundsystem) sur son label DFA, en 2007 : tout le revival punk-funk plus ou moins arty des années 2000 devait sans doute beaucoup à ce quatuor d’Athens auquel ses concitoyens de R.E.M. n’a pas manqué une occasion de rendre hommage au cours des années. Cette fois-ci, c’est carrément un onéreux coffret de quatre vinyles (et un gros livre) que le label New West a sorti, rassemblant de nombreuses raretés. Les moins fortunés se contenteront d’acheter à l’unité les deux premiers albums de ce groupe aux prestations scéniques particulièrement habitées, “Gyrate” (1980) et “Chomp” (1983), concentrés de rock ludique, anguleux, énergique et totalement électrisant.

 

Jonathan Richman – I, Jonathan

Celui-ci, ça faisait longtemps qu’on l’attendait en vinyle. Quatrième album de Jonathan Richman signé de son seul nom, “I, Jonathan” (1992) n’était en effet sorti qu’en CD à l’origine. Enregistré en quelques jours avec un groupe d’amis, dans une ambiance que les notes de pochette décrivent comme particulièrement détendue (ça s’entend), ce disque au son sans apprêt est un bonheur simple du début à la fin. C’est l’Amérique qu’on aime que l’ex-leader des Modern Lovers célèbre sur “Parties in the U.S.A”, “Velvet Undeground” (hommage à son groupe fétiche), “You Can’t Talk to the Dude”, le sublime “That Summer Feeling” (déjà enregistré une dizaine d’années plus tôt avec des chœurs doo-wop) ou encore “I Was Dancing in the Lesbian Bar”, devenu l’un de ses classiques. Complètement Jojo.

 

“Strum & Thrum – The American Jangle Underground 1983-1987” (anthologie)

Le label new-yorkais Captured Tracks, à l’impeccable catalogue (DIIV, Chris Cohen, Mourn, Molly Burch, Wild Nothing…), nous avait déjà proposé de belles rééditions : le premier album des Apartments, The 6ths, The Servants, The Wake, Stockholm Monsters, ou une bonne partie du back catalogue du label néo-zélandais Flying Nun. Il a lancé cette année la collection “Excavations”, « dedicated to compiling forgotten music from the 1970s–1990s that has a connection to Captured Tracks’ sound and aesthetic ». Carton plein avec la première référence, une copieuse anthologie (deux vinyles ou CD et un livret XXL) documentant en 28 morceaux de choix des groupes college rock particulièrement obscurs bien que certains aient publié plusieurs albums. Pas vraiment une scène (éparpillement géographique trop grand, avec prédilection pour le Midwest et les petites villes universitaires), plutôt une tendance commune consistant à appliquer empiriquement aux riffs aigrelets des Byrds et au psychédélisme sixties une raideur et une sécheresse en descendance directe du postpunk. Avec R.E.M., les dB’s, les Feelies et les groupes du Paisley Underground comme grands frères, voire parrains, et Creation et C86 comme possibles correspondants britanniques, ces formations oubliées préparaient sans le savoir le terrain au triomphe du rock indépendant (ou “alternative rock”) dans les années 90. Justice leur est enfin rendue, et de très belle manière. A noter que le premier pressage a eu tellement de succès qu’il est déjà épuisé, et qu’un deuxième doit suivre bientôt.

 

Fugu – As Found (interview)

 

Rowland S. Howard – Teenage Snuff Film/Popcrimes

Par la force des choses, cette année aura manqué de concerts mémorables. S’il fallait quand même en retenir un, ce serait peut-être cette incroyable soirée de février à la Maroquinerie en hommage à Rowland S. Howard qui, outre des musiciens australiens (dont son frère Harry), rassemblait Lydia Lunch, Mona Soyoc et même Bobby Gillespie pour interpréter les morceaux de l’ex-frère ennemi de Nick Cave au sein des Boys Next Door et de Birthday Party. La minitournée de cette troupe internationale coïncidait avec la réédition de “Teenage Snuff Film” et “Popcrimes”, ses deux albums solo sortis respectivement en 1999 et 2009, l’année de sa mort. Deux grands disques pleins de balades ténébreuses et de guitares en fil de fer barbelé.
Pour l’anecdote, et pour boucler le boucle de ces rééditions, on notera qu’une reprise du même morceau de Talk Talk, le fameux “Life’s What You Make It”, figure à la fois sur “Popcrimes” et parmi les nombreux bonus du coffret de Divine Comedy. Comme un hommage (qui avait été rendu de son vivant dans les deux cas) à l’un des grands disparus de 2019…

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