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Disques

Tomasz Sroczynski – Symphony n°2 / Highlander

Une musique du dehors et du dedans. Ces 4 pièces instrumentales du jeune compositeur polonais Tomasz Sroczynski possèdent une ampleur incroyable qui déborde les frontières de nos sens. Pourtant, elles évoquent aussi les passions, les tensions et la langueur du plus profond de l’intime.

Le label Ici d’ailleurs a initié depuis 2014 la subdivision Mind Travels Series pour des œuvres de musique contemporaine (néoclassique, ambient ou industrielle). Cette très belle série qui s’enorgueillit déjà d’opus d’Arca, du duo Geins’t Naït + L. Petitgand et de Manyfingers est, par ailleurs, magnifiquement illustrée par des photographies de Francis Meslet dont les beautés évocatrices constituent des œuvres à part entière qui donnent un relief singulier aux musiques. 

Le 13e volume de cette collection est dédié au compositeur et violoniste Tomasz Sroczynski. Ce jeune musicien, peu connu en France, vit dans les montagnes polonaises à la frontière avec la Slovaquie et cultive déjà dans son pays un goût pour les explorations en travaillant aussi bien sur une version improvisée du “Sacre du printemps” qu’en collaborant avec la figure de proue de la musique électronique expérimentale Jacek Sienkiewicz.

Cette seconde symphonie du Polonais fait suite à un premier essai solitaire paru en 2017. Elle s’inscrit de manière décidée dans l’héritage avant-gardiste polonais du XXe siècle, notamment Henryk Górecki, dont les compositions sombres, ondulantes et marquées par le spiritualisme constituent un écho à Pierre Boulez et Arvo Pärt. Pourtant, le mode de composition de Sroczynski est également très moderne. De son violon, dont il joue en pincements, en long glissando, en tremolo ou en martelé, il créé des textures et des phrases mélodiques qu’il boucle au sampler et retravaille à l’harmoniseur. Cette démarche évoque notamment celle de la musicienne Colleen

L’ouverture de cet album, “Moderato Pastorale”, est d’une beauté insondable. Emportant l’auditeur dans un tourbillon de phrases de violon qui se déphasent à la manière de Steve Reich, cette pièce vous plonge dans les univers parallèles de son auteur. Aussi fou que cela paraisse, l’on voyage, au cœur du XVIIIe siècle, dans les grands salons de Stanislas, puis nous envolons vers la nature sauvage et rude des montagnes, avant de se perdre dans les rues à peine éclairées d’une métropole confinée. “Adagio” est probablement la pièce qui évoque le plus Górecki avec son roulement sombre et grave qui emplit l’espace comme de noirs nuages d’orage avant de s’écouler en belles harmoniques. Volontairement ou non, “Diablak” fait penser dans sa construction aux compositions de l’un des fers de lance du label – Chapelier Fou – avec sa boucle entêtante qui nous entraîne dans une forme de techno minimaliste. Pour conclure, “Highlander” est une belle pièce lumineuse qui s’ouvre progressivement par une succession de fade in de nappes de violons que l’on pourrait presque comparer à l’un de ses autres compagnons de label, Sylvain Chauveau

Cette musique est tout simplement belle car elle est vivante ! Elle vibre des émotions multiples qui habitent son auteur qui réussit magistralement à nous les faire partager.

“Symphony n°2 / Highander” sort le 26 juin 2021 sur les plateformes de streaming et sera disponible en physique à compter du 26 août 2021.

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