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Concerts

Hommage aux Swell Maps, Café OTO, Londres, 3 décembre 2021 (1/2)

En décembre dernier, Philippe, notre collaborateur occasionnel, a bravé l’adversité brexito-covidesque pour aller voir à Londres deux concerts en hommage au mythique groupe postpunk Swell Maps, autour du très culte Jowe Head. Il nous raconte par le menu, et en deux parties, cette véritable aventure musicale… et sanitaire en compagnie de musiciens hauts en couleur, dont certains bien connus de nos services.


L’événement musical était annoncé peu avant la crise du Covid : des concerts hommage aux Swell Maps par leur ex-bassiste Jowe Head, cofondateur du groupe avec les frères Godfrey (Nikki Sudden & Epic Soundtracks), faisant écho à l’actualité discographique de celui-ci.

En effet, après le décès des parents Godfrey et le changement de mains des droits, la réhabilitation du back-catalogue du groupe de Birmingham est en marche. Elle a commencé avec la sortie chez Easy Action (label spécialisé dans le rock 70’s, le glam, et toutes les carrières de Nikki Sudden et Dave Kusworth) d’une compilation curatée par Jowe : “MayDay Signals”. D’autres sorties seraient prévues comme celle du LP jamais édité “Daga Daga Daga” d’Epic Soundtracks et Jowe Head, tandis qu’une biographie du groupe écrite par ce dernier sera aussi publiée prochainement chez Sounds On Paper / Cargo, accompagnée d’un 45t.

Jowe Head, outre divers projets, s’est de plus en plus penché sur le passé ces derniers temps. Ainsi, il y a quelques années, il avait donné quelques concerts en Ecosse où il jouait ainsi le répertoire des Swell Maps et des Television Personalities au sein desquels il avait également officié. Le projet ne s’était pas étendu plus que cela, et les chances de le voir venir jouer en France étaient faibles. Il s’était pourtant produit à Paris, au Motel, à l’occasion de la sortie d’un livre sur les TVP. Outre des reprises de ces derniers, le concert avait inclus quand même quelques originaux de son cru, ainsi que son titre phare au sein des Swell Maps, “Cake Shop Girl”.

L’annonce de deux concerts événements autour du répertoire des Swell Maps avec de nombreux invités, au café OTO à Londres en juin 2020, ne nous avait bien sûr pas échappé. La crise sanitaire avait eu raison de ces dates, et l’événement fut plusieurs fois décalé… pour finalement avoir lieu les 3 et 4 décembre 2021.

On pensait donc pouvoir enfin assister à ces concerts. Mais c’était compter sans Omicron…

Depuis le printemps dernier et la sortie de “MayDay Signals”, c’était toujours avec incertitude que la possibilité d’aller voir ces concerts était évoquée. Il avait fallu attendre août pour un assouplissement des voyages entre Paris et Londres, et pour être prudent j’avais tenté fin août un voyage pour un petit showcase de Jowe Head & The Infernal Contraption dans une boutique d’Hoxton afin de tester la possibilité de voyager à Londres.

J’y suis venu, j’ai vu, et j’ai vaincu les restrictions aberrantes qui demandent de réserver des auto-tests à faire dans les 2 jours ET dans les 7 jours même si l’on reste que 24h… Attention de noter aussi qu’un pass vaccinal en France valide avec une dose pour une sérologie positive n’est pas reconnu comme tel en Angleterre et peut nous livrer à des complications. Mais ce premier test s’étant déroulé sans encombre, c’était sans trop poser de questions que j’envisageais ce voyage à Londres taille réelle pour les concerts au Café OTO.

Sauf qu’Omicron a compliqué les choses !

Ainsi, durant les deux semaines précédant le concert, nombre de mesures ont été décidées : renforcement du contrôle sur la seconde dose, isolement obligatoire durant 2 jours minimum pour tous les arrivants sur le sol anglais, puis – cerise sur le gâteau à la dernière minute – test obligatoire pour rentrer en France (bien sûr à faire dans le privé, les services gratuit du NHS ne sont pas acceptés) ! Nombres de touristes qui avaient prévu un voyage à ce moment là se sont découragés, mais bien qu’étant à deux doigts de baisser les bras (sacrée gymnastique !), j’ai opté pour une approche jusqu’au-boutiste, à pousser le bouchon tant que ça resterait possible. Pari gagnant !

Si je me suis bien isolé quelque part au sein de la capitale c’était alors dans l’enceinte du Café OTO où, dès mon arrivée, j’ai pu me connecter au wifi afin de booker auprès du NHS les auto-tests que la salle demandait. Petite visite express dans une pharmacie afin de retirer la boîte, et de retour à la salle, Dr Lee McFadden (plus connu comme bassiste au sein The Long Decline, Alternative TV, The Bitter Springs – compagnons d’armes de Vic Godard – différentes formations de Jowe Head, et aujourd’hui les Cult Figures) m’aide à réaliser ce test.

Arrive ensuite un autre musicien, qui aura le droit au même traitement. Mon kit sera fort utile, donc, et Lee aidera également celui-ci à faire son test. « Now I’ve lost all my dignitiy », nous dit-il alors, « 21st Century style »… ce à quoi je peux répondre « so now… you are a 21st Century Man ! » car il s’agit d’un collaborateur très spécial pour ces concerts, à savoir… Luke Haines. Oui, l’ex-chanteur de The Auteurs, vétéran de la britpop, dont les derniers passages en France datent d’il y a presque 10 ans ! Tout en continuant à sortir des albums solo de manière très régulière chez Cherry Red Records, Luke mène aussi une carrière de journaliste en écrivant des colonnes dans le “Record Collector”, ou bien en animant une émission de radio, “Righteous in the Afternoon”.

Les Swell Maps, ainsi que les carrières de Nikki Sudden, Dave Kusworth, Epic Soundtracks et Kevin Junior, ont ainsi été régulièrement mis en avant dans ses articles, et la sortie récente de son dernier album “Setting the Dogs on The Post Punk Postman”, dont la chanson titre est un hommage à Vic Godard mais aussi à Epic Soundtracks, annonçait la couleur. Je n’étais donc pas surpris de le retrouver ici, car déjà j’avais été mis au parfum, mais j’ignorais totalement en fait qu’il n’était pas juste un simple invité mais un membre à part entière de cette nouvelle formation des Swell Maps où, en qualité de chanteur/guitariste, il pouvait sembler en partie se substituer à Nikki Sudden.

Dans l’après-midi, les balances se succèdent. Les musiciens se placent et s’échauffent sur les riffs de divers morceaux. Leurs amplis posés au milieu de la scène seront déplacés progressivement par les régisseurs. Le groupe est constitué d’un noyau dur avec Jowe Head (chant, guitare, basse), David Lance Callahan (guitare, connu pour faire partie des Wolfhounds), Luke Haines (chant, guitare), Lee McFadden (basse, chant), Lucie Rejchrtova (piano), et Jeff Bloom (batterie). Le siège derrière les fûts sera laissé parfois à Ian Wadley qui interprète quelques morceaux plus expérimentaux et moins “punk” que les autres, avec l’esprit dans lequel Epic jouait ces titres. Les invités spéciaux du concert étaient John Cockrill (guitariste original des Swell Maps, ainsi que des The Independent Piggies) et le guitariste des Cult Figures Jon Hodgson qui prêtera aussi main forte (oui, cela fait vraiment beaucoup de guitaristes pour un seul groupe !). Malheureusement, les autres membres survivants du groupe, à savoir Richard Earl, et Phones Sportman, avaient décliné l’invitation (Phones n’a d’ailleurs jamais joué en live). On regretta aussi l’absence de la saxophoniste Chlöe Herington qui était malheureusement en quarantaine ce soir là, et testée positive le second soir.

C’est ainsi pendant près de 3 heures que va se mettre en place petit à petit la soirée, avec des balances, des répétitions, et la révélation de quelques surprises qui nous attendent…

Une de ces surprises était la projection de petits films dans un coin de la salle (malheureusement peu visible pendant le concert) accompagnée de la disposition de petites figurines en carton à l’effigie des membres du groupe : Nikki, Jowe, John, Epic.

La première partie était assurée par The Cult Figures, petit groupe de Birmingham, connu à l’époque pour avoir sorti deux 45t produit par les Swell Maps (Zip Nolan…). Le groupe de Gary Jones et Jon Hodgson s’est alors reformé récemment dans une nouvelle formation comprenant Stuart Hilton à la batterie et Lee McFadden à la basse. Malheureusement Gary étant assez malade, il fut remplacé ce soir là par un autre chanteur, le très souriant Fraser Gillespie qui fit sa seconde apparition sur scène avec le groupe.

Le groupe joue six morceaux, uniquement des titres de la formation originale.

Après un bref interlude, où je peux retrouver un ami qui m’apporte mon auto-test PCR que j’avais dû commander (trop bête, je serai parti avant que le labo puisse obtenir les résultats !), le concert démarre. C’est avec une impro au piano et aux ondes radio, basée en fait sur une obscure démo disponible au sein des anthologies compilées par Jowe, “Wireless”, que le groupe fait son entrée sur scène devant une salle pleine à craquer ; pour jouer ensuite pendant près d’une heure et demie une quinzaine de morceaux, essentiellement des extraits du premier album et les singles les plus punk du groupe.

Ainsi pour avoir pu jouer la mythique ligne d’intro de “Read About Seymour”, Lee confiera que c’était sans doute le meilleur concert de sa vie. Des morceaux plus expérimentaux étaient quand même présents dans le set, comme “Gunboats”, “Bronze and Baby Shoes”. “Midget Submarines” devait quant à lui s’accompagner d’un solo d’aspirateur, malheureusement celui-ci fut inaudible dans le mix à la grand déception du groupe (« Sorry I was a bit hoover the top ! », s’excusera Lee).

En rappel, “Cake Shop Girl” est interprétée en la présence de Gina Birch (The Raincoats), invitée spéciale de ces deux soirs.

Une résurrection réussie des Swell Maps, donc, qui n’était pas juste une réinterprétation du répertoire par « Jowe et son groupe », mais réellement une continuité du groupe puisque les différentes facettes de l’esprit Swell Maps peuvent se retrouver au sein de ce line-up gigantesque.


Cult Figures setlist :

  1. Reactions Nil
  2. Almost A Love Song
  3. Laura Kate
  4. I Remember
  5. P.W.T (avec Jowe Head)
  6. Zip Nolan

Swell Maps setlist :

  1. Wireless
  2. H.S. Art
  3. Read About Seymour
  4. International Rescue
  5. Let’s Build A Car
  6. Gunboats
  7. Bronze And Baby Shoes
  8. Don’t Throw Ashtrays At Me
  9. Midget Submarines
  10. Real Shocks
  11. Vertical Slum / Full Moon In My Pocket (avec également Mother Sky / When The Saints Go Marching In / Set The Controls For The Heart Of The Sun)
  12. My Lil’ Shoppes ‘Round The Corner
  13. Cake Shop Girl (avec Gina Birch)
  14. Harmony In Your Bathroom
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