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Concerts

Destroyer en concert à Slaktkyrkan, Stockholm, samedi 24 septembre 2022

Après avoir sorti un des plus beaux albums de l’année 2022, “Labyrinthis”, Destroyer vient massacrer en tournée son dernier bijou ainsi que le précédent “Have We Met”, sorti dans l’indifférence d’une planète pré-Covid, la tête déjà dans le sac, bien confinée.

Slaktkyrkan la bien nommée. L’église de l’abattoir. Situé en pleine zone sinistrée post-industrielle, en réhabilitation continue et impossible, en voie de boboïsation ratée, ce lieu est la destination redoutée de tout amateur de rock. Murs en béton, verrière, bar latéral : tout pour se faire massacrer les oreilles consciencieusement et méthodiquement.

On suit de (très) loin Aoife Nessa Frances car même si ça nous semble bien beau, on préfère papoter avec des copains (et on pourra la revoir bientôt à Paris dans le cadre du festival Les Femmes s’en mêlent).

On retrouve un Dan Bejar, toujours aussi autiste, s’appuyant sur son pied de micro-canne surbaissé, quand il ne s’agenouille pas (la génuflexion, rituel sacré de Destroyer).

Bejar, amen

Le show est laissé au bassiste, très technique et très absorbé, au jeté de lunettes de soleil et au headbanging forcené (ce n’est pas Lou Barlow, il est plus digne, mais tout de même).

Dan Bejar semble souffrir du complexe du bon élève. Quoi de mieux que de massacrer tout son talent dans un set punk, je-m’en-foutiste, assourdissant au possible (dont on a pu apprécier toute la maestria au premier rang, fous-sourds indécrottables que nous sommes), qui nous a permis de vérifier que les ingés son rock sont toujours recrutés sur leur surdité congénitalo-professionnelle.

Nous avons donc vu les lèvres de Bejar bouger, les guitaristes et claviers fourrager dans le brouillard, la musique étant assurée par la basse new-orderienne et la batterie très organique. Ne parlons pas de la trompette, perdue dans les gris de la tempête sonore. “It’s in your heart now”, magnifique ouverture de “Labyrinthis”, sera tout juste devinée, à tâtons dans les reliefs des basses…

Adieu délicatesse, poésie… Ça fonctionne pour “Tintoretto It’s for You”, presque métal, et sur “It Just Doesn’t Happen”, rageur certes, mais pour le reste… 

On sent presque une envie de déplaire, de ne pas caresser l’auditeur dans le sens du poil. Dan Bejar va mal, Destroyer nous inflige sa douleur d’une manière très brute. OK…

“Kaputt” surnage, “Suicide Demo…” aussi. Le jardin des délices, ce sera pour une autre fois…

Pas un mot pour le public, pourtant très dévot, un officiant au premier rang ramasse le pied de micro, offre une bière à Bejar qui ne la verra même pas… Pas de rappel bien sûr, à part ce qui est prévu sur la setlist. Générosité zéro.

Dan peu amène

On se ridiculise totalement en réclamant “The Last Song”, qui aurait pourtant sauvé la soirée, à corps et à cris, et même par billet interposé sur le tambourin près de la bière. Rien n’y fait.

Malgré les espoirs et attentes déçus, il y a une certaine grandeur dans ce massacre organisé avec quelques bons moments (“June”) :

“June” et “The Raven”:

On se replongera dans nos souvenirs de Strand pour “Kaputt” (L’ALBUM) ou de la tournée précédente dans la salle jazz de Fasching avec notre autre canadien chouchou, Krgovich, en cœur d’artichaut inconsolable au Rhodes.

On aurait aimé entendre les raffinements lo-fi (et pourtant composé seulement en trio !!!) de “Have We Met” (2020) ou les arrache-cœurs de “Labyrinthis”, même mal joués mais simplement audibles, car ces deux albums sont phénoménaux, dans une discographie pléthorique et un peu chaotique. Tant pis.. O sombres héros de l’amer, qu’il disait…

Bejar, tambourin et pied de micro

Setlist :

It’s in your heart now

June

The Raven

Times Square

Tinseltown Swimming in Blood

Tintoretto it’s for you

Kinda Dark

It just doesn’t happen

Cue Synthesizer

The River

It takes a thief

Kaputt

European Oils

Suicide Demo for Kara Walker

Chinatown

Streethawk I

Avec l’aide de Johanna D, an explosion is worth a thousand millions words but that is maybe too many words to say.

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