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Disques

Marie Delta – Amnésie verticale

Mini-album, véritablement unique, continuité parallèle de “Route de nuit”, entre remixes et nouveaux titres éthérés, de pop électronique vaporeuse sinon évaporée. 

La maison parisienne Monograph, à l’instar du label Onement de Sylvain Chauveau, propose des sorties vinyle originales, uniques au sens propre du terme (un seul vinyle). Marie Delta est la troisième artiste à se voir proposer une sortie sur le label, titrée “Amnésie verticale”, avec un collage unique de Mathilde Aubier pour pochette.

Ce court album est un chemin de traverse de la “Route de nuit” paru cette année. On se souvient de Jean-François Stévenin prenant des voies annexes (tout une esthétique voire une éthique de cinéma) dans l’ouverture de Passe-montagne, Marie Delta fait la même chose dans sa musique.

Si la dimension pop (mélodies affirmées, voix et texte en avant) était très présente dans “Route de nuit”, “Amnésie verticale” appuie au contraire sur la rythmique, occultant la clarté pour ne laisser qu’une trace humaine presque résiduelle. Du moins dans la partie des titres nouveaux.

 “Te souviens-tu” n’est que murmures sur une musique grise, illustration musicale des répétitions des luttes perdues (Nuit Debout, Climat, loi Travail) dans le brouillard des illusions d’un Grand Soir toujours à venir. 

 “La Dune” met en avant des tintinnabulements, presque un gamelan du pauvre, des sifflements, une guitare qui traîne, un Avion Jefferson jetlagué plutôt qu’halluciné. Les belles montagnes russes de la production donnent un étrange relief à un titre très minimal. La science des grands.

 “Voie lactée” est une mélopée nimbée de claviers avec des éruptions de percussions variées, sèches ou plus mates.

“Recollection” dilue la voix dans des savants échos avec toujours cette touche poétique romantique (Nerval circulait déjà dans “Route de nuit”…) : ici une adaptation d’un poème de William Wordsworth (1770-1850), Recollection of an Early Childhood.

Avec ces nouveaux titres on sent bien qu’on n’est pas dans une voie de garage, de titres au rebut. C’est bel et bien une route parallèle, autonome et assez fascinante dans ses rapports proches et distants avec “Route de Nuit”, dont on retrouve la trace dans des remix contrepoints du début du disque :

Dans “Route de nuit” remixé par Black Devil Disco Club, la voix est plus en avant, percussions aussi pour plus de proximité et d’angoisse que sur le titre original.

“Sun Goes Wild”, remix Julien Mercier, est un voyage (voyage…) vers les années 80, voire 2000 (Ms Kittin & The Hacker). Il nous apparaît comme un strict opposé du précédent : voix dans le lointain tout comme le motif signature/riff du titre pour laisser la prédominance du beat.

Enfin, “Nettoyeuse électrique” est remixé par The Haunted House. Là encore, c’est un gros travail sur le beat pour réancrer le titre dans une ambiance plus contemporaine, beaucoup moins pop. Avec un beau final inattendu dans les suraigus.

Somme toute, un album-pas de côté sympathique qui vient nous rappeler, comme un écho lointain, en cette fin d’année, les longues écoutes de “Route de nuit”.

Avec l’aide de Johanna D., Alpha et Omega.

Paru en numérique et édition LP unique (si vous avez 600 euros…) le 18 juillet 2022 chez Monograph.

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