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Interviews

Sur la platine de Nor Belgraad

Annoncé par quatre singles plus qu’alléchants, le premier album du groupe lillois, qui compte quatre titres supplémentaires, est sorti le 10 mars chez Howlin’ Banana, et comble largement nos attentes. Autour du multi-instrumentiste, arrangeur et même responsable de l’artwork Clément Arnould, Nor Belgraad propose un mix musical cohérent et érudit, influencé en particulier par des amours new-yorkaises étirées sur plusieurs époques, des Talking Heads aux productions de DFA Records, particulièrement celles de LCD Soundsystem et de son démiurge James Murphy, mais aussi l’Angleterre et la Belgique punk et post-punk, et le clubbing. Les synthés et machines omniprésents, les rythmiques métronomiques mais complexes sont accompagnées de guitares bien aiguisées, de mélodies inspirées et d’un chant (parfois un spoken word) incarné.

Doté d’une identité musicale forte (et d’un esprit prolétaire revendiqué), le post-punk electro de Nor Belgraad va pourtant bien au-delà des références que Clément et Léo nous livrent ici en une dizaine de titres, qui s’étirent d’un indie rock au pedigree upper class à la culture club plus ou moins underground et nous éclairent sur leur son et la genèse de l’album. Nor Belgraad sait créer des ambiances captivantes, comme sur le presque orientalisant Washed Out Kid, le lyrique The Kiss ou les picaresques Can’t Play et Can’t Write, et sur tous les morceaux n’hésite pas à explorer les pistes les plus inattendues, tout en donnant furieusement envie de se ruer sur le dancefloor pour y inventer des chorégraphies forcément élégantes et sophistiquées. Un premier essai passionnant, en forme de coup de maître, qui donne aussi très envie de découvrir le groupe en live ce printemps.

NOR BELGRAAD EN CONCERT :

Le 6 avril à Angers (Garage), le 7 Avril à Paris (release party w/La Houle, Harmo Draüs, Café de Paris), le 29 Avril à Tours (Bateau Ivre), le 6 Mai à Nantes (Lune Froide), le 19 mai au Freydefond Festival (Saint-Agrève, Ardèche), le 2 Juin à Metz (Frigos), le 3 Juin au Festival Yeah! (Lourmarin, Vaucluse).

Album disponible en CD et digital


LCD Soundsystem – Disco Infiltrator

“Le track qui nous inspire sur le minimalisme, le groove, le clip, qui raconte 24 heures dans la vie de chaque membre de LCD. On était tombés dessus quand on avait 20 ans avec Léo (à la batterie dans Nor Belgraad), et ça nous faisait rêver, on voulait vivre la même vie qu’ils montraient à l’image. Ça a été dur de choisir un morceau dans leur discographie, c’est un groupe qui nous inspire énormément sur tous les points.”


PJ Harvey – Down by the Water 

Clément : “Pareil, difficile de choisir dans la discographie de PJ Harvey, j’avais écouté pas mal jeune adulte, puis mis de côté pendant des plombes. C’est en rencontrant ma copine (Léa, Bleu Reine) que je me suis remis à écouter. Ce morceau est à la fois langoureux et hyper intelligent dans son équilibre entre les instruments acoustiques et électroniques, un truc qu’on s’amuse beaucoup à faire dans notre musique, d’ailleurs. Et puis le truc bluesy de la voix, les paroles archi sombres, et le fait que ce morceau soit juste une boucle qui s’étale sur 4 minutes, c’est à la fois club et dans la tension.”


TC Matic – Putain Putain 

“En matière de punk, on a tendance évidemment à regarder beaucoup l’Angleterre et c’est normal, cependant ce serait oublier la Belgique, qui sont des grands fanas de l’esprit punk, très nihiliste et anarchiste au sens noble du terme. Arno, c’est pas forcément une référence sur sa musique, mais sur sa personne, son interprétation, les mélanges de toute sa carrière. Et puis en ayant grandi à Lille, on passe la frontière très facilement et rapidement, on a plein de souvenirs dans le Plat pays, des nuits interminables et imprévisibles, archi archi punk pour le coup. De notre point de vue, ce morceau est aussi une ode à l’unité, ce qui ferait beaucoup de bien au monde actuellement.”


The Happy Mondays – W.F.L. (Vince Clarke Mix) 

“En parlant d’unité, on s’est rencontrés avec Thibault (aux claviers) sur nos goûts communs pour la scène mancunienne de l’époque fin 80’s, toute l’électro de Sheffield, les trucs zarbi de Detroit de la même époque et ce qui a suivi en techno. Ce morceau en particulier des Happy Mondays, c’est je pense le track qui nous fera danser toute notre vie. Quand on mixe de temps en temps, tu peux être sûr qu’on l’enverra à pleine balle à un moment à un autre, ça fout toujours un bordel monstre et ça nous fait avoir une grosse banane systématiquement.”


Francesco Tristano – Strings of Life

“C’est un petit clin d’œil à Detroit justement, le magnifique Strings of Life de Derrick May, mais magistralement interprété par Tristano en solo piano, ce qui rappelle qu’il est possible de faire un millier de choses juste avec un seul instrument, peu importe le style et sans barrières. C’est aussi une valeur qu’on respecte beaucoup, qu’on aimerait défendre au maximum dans notre musique. C’est un mode de langage, ça peut à la fois créer des barrières mais surtout en faire tomber plein d’autres. »


PVA – Hero Man

“Ça, c’est le dernier coup de cœur en date, ce sont des amis à nous qui nous ont filé ça (Naomi et Lucas de Glass Town, qu’on embrasse), on a été séchés par le jeu et le parfait point de mélange entre musique club et musique jouée : la grosse séquence de TB303, la batterie hyper tendue, le côté susurré et hanté des paroles. Mortel, on aimerait beaucoup les voir en live d’ailleurs, ça a l’air dément.”


2PanHeads – Square

“Ce groupe, ce sont des amis à nous de Metz, qui jouaient en duo sur ce projet un peu dingue, qui mélangeait le punk et les machines, avec un côté club qu’ils ont assumé au maximum sur ce track. On le joue aussi dans nos DJ sets, à chaque fois ça te retourne la salle. Tout est pensé pour faire bouger les ventres, ça tient sur trois fois rien, que des idées au millimètre, respect total. Et en plus, ça te reste dans la tête pendant trois jours !”


Soulwax – E Talking 

“Un morceau-pierre angulaire de nos inspirations. On a découvert Soulwax lorsqu‘ils avaient sorti leur album Nite Versions, qui regroupe tous les morceaux de l‘album d’avant, mais remixés et re-interprétés comme en live. La claque absolue en terme de synthés, le compromis très rock premier degré sans que ça devienne lourd, le pied sur tous les temps, et puis ça bave dans tous les sens, c’est magique. On aimerait beaucoup avoir la même projection sur scène, un jour peut-être ? Puis le sujet des paroles nous parle, ce serait mentir de dire qu’on est allés en club sobres et sans pilule qui te réchauffe et te fait danser. L’autre côté de la Belgique, le côté un peu noble de la Flandre, le mélange des cultures : la classe.”


YouMan – Abandonare 

“Pour suivre sur le club, ce morceau incroyable de YouMan, une seule boucle de basse entêtante et obsédante, un grosse lasagne de son qui monte, qui monte, qui monte… Ça met les frissons à chaque écoute ! C’est aussi un grand classique de nos DJ sets. Au risque de passer pour des chauvins, YouMan viennent de Lille également, c’est absolument à voir en live, ils mélangent trop bien le fun et l’hédonisme de la musique de danse, avec un gros côté hyper psychédélique qui nous parle évidemment. Et des paroles en italien ! Pas de barrières, une fois encore. On trouve ça assez représentatif de la scène du Nord, qui n’a pas peur des mélanges, et qui est riche de par ses multiples origines et du fait que c’est une région d’échanges, entre l’Angleterre, la Belgique, très proche de la Hollande, de l’Allemagne et de Paris.”


Josh Caffé – Do You Want to Take Me Home?

“On termine cette petite sélection non exhaustive par un coup de cœur de Thibault, c’est le morceau qu’il a le plus joué en 2022 ; il s’agit d’une figure de clubbing différent, qu’il a découverte au mythique Pulp en 2001, un clubbing qui se mélange. Au final, le mot mélange devient le maître-mot de nos coups de cœur, de notre musique, de notre entourage et de nos volontés. Enjoy !”

BONUS : Intrigués par le nom choisi par le groupe, nous leur avons demandé son origine, voici ce qu’ils nous ont répondu.

“On avait créé un groupe fictif avec la bande il y a quatre ans de ça en étant ivres, et à un moment on a vraiment fait le groupe. Les règles de base, c’était un nom de ville plus une couleur, et c’est une super amie (Victoria Rastello), styliste hors pair dans la musique, qui nous a suggéré que c’était un nom cool, pour la blague. On l’a gardé, et modifié pour coller à nos origines du Nord. Belgrade, c’était juste parce qu’on avait un ami serbe autour de la table (Aleksandar Katancevic, qu’on embrasse fort).”


Photo : Thomas Beurdeley

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