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Disques

Wednesday – Rat Saw God

L’été nous invite à nous poser, à essayer de rattraper le temps et donc à jeter une oreille sur les albums que la frénésie du quotidien nous a fait louper. Et l’album oublié du jour est le quatrième disque des Américains de Wednesday, “Rat Saw God”, sorti au milieu du printemps : un mélange efficace de grunge, de rock tendance americana et d’alt. country.

Le début de l’album pourrait être comparé au troisième pastis servi par tonton Michel : ça secoue les manettes. Toutes guitares dehors, larsens bien sentis et bienvenus, voix lointaine qui rappelle parfois Dana Margolin (Porridge Radio) ou Adrianne Lenker (Big Thief), voire une jeune PJ Harvey. Moins de deux minutes qui fleurent bon les années 1990. Tout comme “Bull Believer”, placé en deuxième position alors que bon nombre de groupes auraient conclu l’album avec ce titre flirtant avec les neuf minutes mais qui ne vous lâche pas une seconde. Gros break, voix lancinante, guitares distordues et près de trois minutes de bruit et de fureur pour conclure. Victoire par chaos. “Got Shocked” nous permet de revenir sur Terre dans un format grunge plus classique.

Mais Wednesday, c’est davantage que cela. Le groupe brille en effet aussi dans une alt. country des plus savoureuses comme sur “Formula One” avec sa guitare lapsteel et son chœur. “Chosen to Deserve”, autre tube potentiel de l’album, presque taillé comme du rock FM avec sa structure classique et son refrain entraînant, a tout d’une chanson d’amour. Sauf que Karly Hartzman y chante la jeunesse qu’elle a côtoyée, celle qui frôle la mort en se défonçant au Benadryl, qui se soûle en séchant le bahut ou encore qui baise à l’arrière des SUV.

Car oui, “Rat Saw God” raconte aussi cela, tous les péchés de l’Amérique (“Quarry”), cette honte que l’on préfère ne pas voir, la drogue cheap, le sexe moche ou même l’hypocrisie religieuse. Le tout emballé dans un son bien lourd sans être trop gras. En fin de parcours, “Turkey Vultures” dévale la pente comme un cycliste descend le Tourmalet sur fond de nappes noisy tout en évitant le ravin. Des nappes noisy que l’on retrouve sur le très réussi “TV In The Gas Pump”. “J’ai découvert qui j’étais et ce n’était pas joli”, nous chante Karly Hartzman sur “What’s So Funny”. Ça doit être cela, l’esthétique de la laideur.

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