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Disques

Will Orchard – Behind the Shadow Glass

Folk intimiste et pop rêveuse à la production délicate, Will Orchard persiste et signe un nouveau petit miracle pour secouer notre torpeur américanienne.

Et revoici Will Orchard, deux ans après l’enthousiasmant “Learning To Stand” (2023) et une non moins convaincante mini-tournée européenne où nous l’avions découvert, à Stockholm-Larry’s Corner en compagnie de Jess Kerber.

Deux choses : 1. La hipsterie internationale n’a toujours pas emboité le pas. 2. Bien mal lui en prend puisque Will Orchard réemprunte les mêmes routes que lors de la tournée précédente, signe évident qu’il s’est passé quelque chose pour le public de curieux qui avait fait confiance aux programmateurs et aux lieux ambitieux.

Car le talent est là. On aurait pu penser à une énième passade mais « Behind the Shadow Glass » confirme tout le bien qu’on disait déjà de la musique de Will Orchard, soit une pop rêveuse, une americana des banlieues et des home studios, un Wilco dégraissé (sacrilège !) ou qui aurait pris l’air, un folk-rock de peu qui sait composer de belles chansons intimistes et les habiller d’un rien, d’un brin de folie pour embellir ses jambes grêles. Alors on retrouve la voix des limites, au bord de la rupture, à la Neil Young, figure tutélaire des voix de têtes cassées bien sûr mais aussi une voix qui dégage une naïveté et une fraicheur confondantes. Un côté apollonien là où Neil verserait dans le dionysiaque.

Si les chansons de Will Orchard tiennent diablement bien la route, et on parle d’une route arpentée des milliards de fois, elles tiennent aussi la distance sur disque avec une production à la fois légère mais pensée, riche mais sans lourdeur. Que ce soit avec une partie de batterie en retrait (Pale Blue) mais qui ne se refuse pas une petite explosion d’embruns ici ou là, quelques notes de piano bien sûr mais aussi quelques claviers qui apportent rondeurs, couleurs et motifs jouant sur une répétition bien mécanique (Late Bloomer), toujours gagnante dans l’ajout du côté motorik à l’americana des familles (Wilco encore).

Comme pour ”Learning To Stand” (2023), “Behind the Shadow Glass” bien qu’immédiat, révèle ses saveurs au fil des écoutes et l’auditeur glanera ici et là ses propres accroche-cœurs. Pour moi, c’est la brutalité soudaine d’un vers ou d’une guitare dans In the Shadow of Their Dark ou Nothing Fog qui m’emporte ou Something Gotta Go qui m’évoque une Sheryl Crow qui jouerait plus sur ses biscoteaux que sur ses formes lascives. Et comment ne pas être touché par cette science des transitions, avec le doublet de chansons Pale Blue / It Took Me So Long to See ? 

Enfin, il y a Palm of Your Hand, chanson et production sans doute les plus fortes du disque qui devraient finir de mettre tout le monde d’accord et empocher l’adhésion des grincheux. Je n’en dis pas plus, allez écouter cette lumineuse merveille.

Avec l’aide de Johanna D, reliseuse de foggy notions.

Behind the Shadow Glass” est sortie en numérique et LP (édition très limitée) le 5 septembre 2025.


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