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Beak> – s/t

BEAK> – S/t
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BEAK - S/tCertains groupes – oh ! une frange très réduite – ont le but avoué de vendre le moins de disques possible. Tâche d’autant plus louable quand elle est le fait de gros porteurs multi-platinés et qui va pousser à forcer sa nature ou à la retrouver plus simplement. "Third" de Portishead était le bruit contrit de musiciens sortis de leur mutisme pour des raisons semi-contractuelles et qui, faute de pouvoir y retourner, sabotèrent les retrouvailles. Le fan enamouré qui appelait de ses voeux un "Glory Box" bis se vit gratifié de "Machine Gun", single suicidaire très représentatif de "Third", tout en sinistrose dépassée. Au fond, la vraie raison qui motivait cette renaissance tristouille n’était-elle pas de dissiper le malentendu Portishead, groupe suintant une âme noire, mais condamné, succès aidant, à installer une ambiance de chic mélancolique à l’apéritif. "Dummy" allait avec porto, gigot, Saint-Nectaire ou -Honoré. Beak> ne va avec rien du tout, les mini-saucisses ne lui disent pas merci, le magret et les sorbets non plus.
Assez peu engageant, ce trio bristolien mené par Geoff Barrow approfondit l’embardée kraut-rock de "Third". Dès l’ouverture ("Backwell"), basse têtue et batterie véloce posent les fondations d’une rythmique à la Can entre giclées d’orgues et choeurs criards. Des marmonnements confirment de temps à autre que cette musique n’a pas été générée par des machines. Loin de la séduction douloureuse de Beth Gibbons, la voix n’est plus ici qu’un instrument d’appoint. Contrainte comme du Songs of Green Pheasant mazouté, la longue plainte à la guitare de "Battery Point" ne s’autorise de maigres vocalises qu’en fin du parcours. Alors que le pesant "Dundry Hill" semble s’échapper du tombeau entrouvert de Ian Curtis, "Barrow Gurney" élève un larsen de deux minutes au rang de morceau. Entre plomb et éclair, Beak> aime jouer au marteau sans maître. On est heureux d’apprendre que l’album est le fruit intact de sessions réduites à deux semaines ou peu s’en faut. Pas d’overdubs, annonce le groupe, ni rien du genre. Il est vrai qu’une version macarena-hyperdub de "Ham Green" se laisse difficilement imaginer. Couillu mais pas trop, secondaire quoiqu’un peu racé, Beak> affiche sa différence avec un aplomb lassant. Estimable et rien de plus.

Christophe Despaux

Backwell
Pill
Ham Green
I Know
Battery Point
Iron Acton
Ears Have Ears
Blagdon Lake
Barrow Gurney
The Cornubia
Dundry Hill
Flax Bourton

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