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Disques

Adrianne Lenker – Bright Future

La chanteuse et leader de l’excellent groupe Big Thief s’échappe une fois encore en solitaire (bien accompagnée tout de même) pour exprimer sa créativité débordante. Quatre ans après sa dernière escapade en solo – le très réussi doublé “Songs and Instrumentals” – Adrianne Lenker nous offre l’une de ces merveilles qui ne nous quittent plus avec ce radieux “Bright Future”.

Une fois encore donc, Adrianne Lenker nous invite au coin du feu, dans sa cabane perdue en forêt, loin du bruit et de la fureur, pour écouter ce recueil de chansons. Enregistrés sur cassette en analogique et en prise de son live, ces douze titres prouvent ce que nous savions déjà : cette nana a un talent dingue, en solo ou avec Big Thief. L’enregistrement en direct crée une intimité touchante : souffle, bruits de frottement, voix qui s’éteint quand elle s’éloigne du micro (“Real House”) ou qui sature quand elle s’en approche trop (“Evol”), etc.

Il y a quelques mois, Adrianne Lenker a dirigé un atelier d’écriture et de composition. On peut dire que les veinards qui l’ont suivi ont eu le nez creux. Le single lancé en éclaireur “Sadness as a Gift” est un tube en puissance, avec son violon de saloon, son piano accompagnant une mélodie remarquable et une interprétation qui l’est tout autant. Nous aurions tort de nous habituer à ce talent d’écriture. De la poésie pure sur le touchant “Real House” : « Je suis un enfant qui fredonne dans la clarté de l’obscur espace, où les étoiles brillent comme des larmes sur le visage de la nuit… » Avec un minimum de moyens (guitare sèche, piano, violon), Adrianne Lenker et ses compagnons atteignent des sommets mélodiques, notamment sur “Fool”, sur le bien nommé “No Machine” avec ses chœurs discrets et ses arpèges, ou encore sur “Free Treasure”, autre tube potentiel de l’album.

Si Big Thief a enfin édité il y a quelques mois le titre “Vampire Empire”, la chanteuse en propose ici une « version une » tout aussi touchante. Et si son “Evol” n’a rien de sonique, le titre est davantage qu’un exercice de style avec les mots, mais bien une émouvante déclaration où « l’amour » et « le mal » ne sont pas les seuls à être liés par leur écriture dans la langue de Shakespeare.
La lecture du livret est un délice. Ne vous y trompez pas, “Bright Future” est un album plutôt joyeux, un regard doux voire amusé sur le monde : « La planète entière se meurt. Ce ne serait pas le bon moment pour aller nager avant que toute l’eau ne disparaisse ? » (“Donut Seam”). Des larmes, il y en a, aussi. Notamment sur l’introductif “Real House” pour sa maman. Et sur le sublime finale “Ruined”, une des plus belles chansons d’Adrianne Lenker, qu’elle chante des trémolos dans la voix et qui nous laisse abasourdi, la gorge nouée.

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