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Luna – Interview

Les années 90 n’ont pas été celles de Luna. Pas assez tourmentés, pas assez gueulards, pas assez bruyants, pas assez électro non plus, les New-Yorkais n’auront jamais eu les faveurs du grand public malgré leurs mélodies tubesques et la gueule d’acteur de Dean Wareham. La faute aussi à un label – Elektra aux Etats-Unis – qui n’aura pas su vendre leur rock à guitares classique et soigné, mais moins lisse qu’il n’y paraît. Trop doux et trop vieux pour le fameux « retour du rock » dans la décennie suivante, le groupe finira logiquement par se saborder au milieu des années 2000.

Depuis, Dean Wareham n’a pas chômé, sortant des disques sous son nom ou avec Britta Phillips (associée à la plupart de ses projets), signant les B.O. des films de Noah Baumbach et y faisant des cameos, mettant en musique les « screentests » d’Andy Warhol ou consacrant des concerts au répertoire de sa mythique première formation, Galaxie 500 (à défaut de reformer le trio). Le retour de Luna paraissait une nouvelle étape logique, et on ne fut donc pas surpris d’apprendre l’an dernier que le groupe – dans le line-up présent sur les derniers albums – donnait quelques concerts aux Etats-Unis, en Océanie et en Espagne (où il a encore de nombreux fans). Et la France ? Il aura suffi d’attendre un peu.

C’est donc quelques jours avant leur concert parisien, en octobre dernier, qu’on rencontrait les quatre musiciens, d’abord pour une longue séance photo du côté de la rue Saint-Sabin, à laquelle ils se prêtaient de bonne grâce, puis pour une longue interview avec Dean Wareham. S’il a déménagé il y a quelques années à Los Angeles avec Britta, l’homme a gardé une certaine prestance East Coast, un mélange de réserve et de franchise. Entre passé et présent, une conversation à la coule avec Mister Cool.

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Comment s’était passée la transition de Galaxie 500 à Luna ? Dans l’intervalle, tu avais sorti un single sous ton nom avec une première version d’“Anesthesia”.

Dean Wareham : A l’époque, les maisons de disques te donnaient de l’argent pour enregistrer des démos. Environ 3 000 dollars. La première chose que j’ai faite après le split de Galaxie 500 est d’en enregistrer quelques-unes. Six au total. C’est pour ça que j’ai sorti une première version d’“Anesthesia” en solo. Mais j’avais toujours l’idée de fonder un groupe. J’ai appelé un des rares bassistes que je connaissais à l’époque, Justin Harwood. Je l’avais rencontré en Angleterre. Il venait juste de quitter The Chills. Nous partagions le même manager. Je lui ai parlé de mon projet et très rapidement nous avons sauté tous les deux dans un avion pour New York pour commencer à auditionner un autre musicien. Nous avions trouvé un batteur mais il n’était pas très bon, il oubliait sans cesse ses parties. J’ai appris peu de temps après que les Feelies venaient de se séparer. J’ai aussitôt appelé Stanley Demeski, leur batteur, pour former un trio, et c’est cette formation qui a enregistré le premier album, “Lunapark”. Columbia et Elektra se sont montrés intéressés sur la base de mes six maquettes. J’ai choisi Elektra car notre contact venait du milieu indépendant. Mais au fond de moi, la formule idéale d’un groupe restait le quatuor. Mon expérience avec Galaxie 500 m’avait montré que jouer à trois demande énormément de travail pour donner de l’ampleur au son du groupe. A quatre ou à cinq, tu n’as pas besoin de jouer tout le temps pendant les concerts. C’est pour ça que j’apprécie quand Britta (bassiste) ou Sean (Eden, guitariste) chantent quelques titres en concert. Nous avons donc passé une annonce dans le “Village Voice” pour trouver un deuxième guitariste. C’est comme ça que nous avons recruté Sean. Tout le monde procédait de cette manière à l’époque. Les membres de Kiss se sont rencontrés de la même façon ! Pour moi, ça correspond vraiment à la naissance de Luna, même si notre premier album avait déjà été enregistré. Notre premier travail à quatre a été d’enregistrer des faces B pour les singles extraits de “Lunapark”. Elles sonnent mieux que les titres de l’album, je trouve.                                            

C’est sans doute lié aussi au fait que vous ressentiez moins de pression.

Oui, tu es généralement beaucoup plus détendu pour l’enregistrement des faces B. Ou en tout cas, la pression n’est pas la même. Tu enregistres plus rapidement, plus facilement tout en t’amusant. On se retrouve avec des morceaux parfois meilleurs alors que l’album est déjà bouclé.

Vous êtes de passage à Paris pour jouer l’album “Penthouse”. Quel souvenir gardez-vous de la période de l’enregistrement ?

Nous l’avons enregistré en deux sessions. Une première de quatre semaines aux studios Sorcerer, sur Mercer Street à Manhattan. Mario Salvati qui s’était occupé de l’album du retour de Television en 1992 était aux commandes. Nous aimions le son très naturel de ce disque, c’est pour cette raison que nous avons fait appel à lui. Nous avons également enregistré pas mal de faces B là-bas. C’est par l’intermédiaire de Mario que Tom Verlaine a joué sur “Penthouse”. Nous avions un deal. Tom jouait sur certains titres et en échange il pouvait utiliser le studio à la fin de nos journées d’enregistrement, vers une heure du matin. C’était un sacré avantage pour nous car Tom a un son de guitare qui correspond à l’esprit de Luna. Un son très clair, éloigné des clichés rock. On a l’impression qu’il effleure sa Stratocaster. Nous avons ensuite passé trois semaines aux RPM Studios avec Pat McCarthy pour le mixage. Il voulait changer un paquet de choses. Nous n’avions pas vraiment la mêmes vision car il venait d’un monde différent du nôtre. Ce type bossait pour des groupes comme U2 lorsqu’il a débuté. Il travaillait très lentement, en portant une grande attention aux détails. Il voulait que l’on enregistre des parties supplémentaires avant de commencer à mixer. Mais par ailleurs, il était très doué. L’année suivante, c’est lui qui a mixé l’album “Ray Of Light” de Madonna, un disque que j’adore sur lequel il a fait un travail fantastique. C’était aussi un collaborateur régulier de R.E.M. Les deux studios d’enregistrement que nous avons utilisés n’existent plus aujourd’hui, car les loyers à New York sont devenus trop chers.

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A la fin de l’enregistrement, sentiez-vous que vous teniez un disque de qualité ?

Oui, mais uniquement à la fin. Surtout moi ! J’étais bien plus excité par ce disque que par “Bewitched” ou “Lunapark”. La cerise sur le gâteau, c’est qu’exactement à la même période nous avons été signés par le groupe indépendant Beggars Banquet pour l’Europe. J’en étais très fier et cette collaboration a été bénéfique au groupe. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point les majors étaient inefficaces pour les petits groupes comme nous en Europe. Ils savent s’occuper d’un Neil Young dans les règles de l’art, mais n’ont aucune idée de la façon de promouvoir des artistes américains de moindre envergure.

Quelle approche live apportez-vous aux titres de l’album aujourd’hui ?

Nous avons réécouté tous nos albums avant de commencer à tourner. Je trouve que nous jouons bien mieux qu’à l’époque. Ce break dans notre carrière nous a empêchés d’être en pilotage automatique. Nous avons dû réapprendre à jouer ces titres, mais avec notre jeu et notre personnalité actuels. J’ai réécouté récemment des enregistrements live de la période 1995-1996, je peux donc comparer. Nous avons en plus eu l’occasion de jouer avec notre ancien batteur, Stanley Demeski des Feelies, pour quelques dates à Brooklyn. J’en garde un excellent souvenir.

Tu jouais régulièrement des morceaux de Luna accompagné de Britta et d’autres musiciens. Est-ce très différent de les jouer avec l’une des formations de Luna ? Aimerais-tu faire comme les Feelies dernièrement : jouer le même soir avec tous les line-up différents du groupe ?

Ça pourrait être intéressant. Je ne savais pas que les Feelies avaient fait ça. A un moment, ils avaient d’ailleurs deux batteurs, voire trois pour quelques concerts.

On retrouve Laetitia Sadier sur la reprise de Serge Gainsbourg, “Bonnie and Clyde”, le morceau caché de “Penthouse”. On a toujours tendance à évoquer New York, l’influence du Velvet Undeground lorsque l’on parle de Luna. Comment est née l’idée de cette reprise, et quelle part a la musique française dans ta culture musicale ?

Je n’ai pas écouté de musique française avant la réédition d’albums de Serge Gainsbourg en 1994. Depuis, j’ai découvert de vieux disques de Brigitte Fontaine, Françoise Hardy, Michel Polnareff. Et aussi quelques trucs plus récents. Mais vous avez tout de même quelques groupes qui ont rencontré un succès international. Beaucoup chantent en anglais mais, comme Daft Punk ou Air, utilisent des effets sur leurs voix ou invitent d’autres personnes à chanter. J’aime beaucoup Air, je les ai vus récemment en concert à Los Angeles. Pour en revenir à notre reprise de “Bonnie and Clyde”, c’est Laetitia Sadier qui a choisi la chanson. Comme nous, Stereolab avait été signé chez Elektra par Terry Tolkin. Terry voulait initialement que l’on enregistre “Je t’aime moi non plus”, mais je trouvais ça trop attendu. Laetitia m’a beaucoup aidé pour la prononciation. A tel point que certaines personnes ayant entendu le morceau ont supposé que je parlais français. Et bien non !

Les quatre premiers albums de Luna sont sortis chez Elektra. Penses-tu que le son du groupe aurait pu autant se développer et évoluer si vous n’aviez pas bénéficié des moyens d’un tel label ?

Nous avons enregistré le plus souvent avec de petits budgets, mais je trouve pourtant que nos albums période Elektra sonnent bien. Les gros labels veulent que tu mettes de l’argent dans tes disques, le problème étant que c’est de l’argent qu’ils t’avancent. Pas besoin de dépenser des sommes folles. Tu peux enregistrer un disque qui sonne bien pour un budget de 20 ou 30 000 $. Ces dernières années, j’ai remarqué que beaucoup d’artistes préfèrent utiliser leur home studio. Le résultat est souvent moins convaincant. Le dernier Daft Punk est époustouflant en termes de qualité sonore. Mais il a été enregistré dans le studio le plus cher de Los Angeles. Pour moi, rien ne dépassera la qualité des enregistrements des années 70. Une bonne console 16 pistes et des bandes de deux pouces, c’était la recette idéale pour obtenir un son chaleureux. Je me transforme un peu en nerd en disant ça, mais aujourd’hui la norme est plutôt le 24-pistes et on laisse moins d’espace aux instruments. Bref, nous avons été chanceux chez Elektra. Surtout que juste après “Bewitched”, le boss du label a changé et nous nous attendions à être virés. Encore aujourd’hui, je suis étonné d’avoir pu enregistrer quatre albums pour eux.

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Que penses-tu du successeur de “Penthouse”, “Pup Tent” ?

Ce n’est pas mon préféré. Nous sommes allés un peu trop loin avec ce disque. C’est sans doute lié au fait que nous avons bénéficié de quatre mois d’enregistrement. Nous les avons passés dans dix studios différents. Il nous a coûté une fortune, on a explosé le budget alloué. C’est sans doute l’album de Luna avec le meilleur son, pourtant les chansons sont moins bonnes que celles de “Penthouse”. Une fois de plus nous avons bataillé avec le producteur. Il voulait travailler de 3 heures de l’après midi jusqu’à 4 heures du matin, et je détestais ça.  

Envisages-tu d’enregistrer un nouvel album avec Luna ?

Nous avons enregistré sept reprises ces derniers temps. Peut être que nous en aurons suffisamment à l’arrivée pour sortir un disque l’année prochaine. Ça me va très bien, car un album de covers ne me met pas la pression, et ça limite les risques de disputes ! Après tout ce temps, tu finis par être en compétition avec les albums que tu as enregistrés par le passé. Je trouve qu’il y a déjà suffisamment d’albums de Luna disponibles pour satisfaire tout le monde. Honnêtement, qui écoute les albums récents des Buzzcocks ou de Wire ? Personnellement, je ne me tourne que vers leurs classiques. Mais c’est peut être spécifique au mouvement punk. Ont-ils encore quelque chose de pertinent à dire ? Je n’en suis pas convaincu. Les gens ont le droit de penser la même chose de Luna.

En parlant du punk, à la fin des années 70, toutes les majors signaient des groupes “punk” ou “new wave” pour profiter de la tendance. C’était un peu la même chose aux Etats-Unis avec l’“alternative rock” dans les années 90, après le carton de Nirvana ou Pearl Jam. Dans ton autobiographie “Black Postcards”, tu affiches beaucoup de recul par rapport à tout ça.

Oui c’était à peu près identique. Il faut tout de même noter que les groupes punk américains n’ont pas eu le même succès que les anglais à la grande époque. Il a fallu attendre l’arrivée de Nirvana. Je ne sais pas si vous connaissez ce super documentaire qui s’appelle “The Year That Punk Broke” sur Sonic Youth, Nirvana et Dinosaur Jr entre autres. On ne pouvait pas trouver meilleur titre, car il a fallu attendre 1991 pour ces groupes alternatifs explosent. S’en est suivie l’heure de gloire des radios alternatives qui passaient du Smashing Pumpkins et du Pearl Jam. Même Elektra a passé un deal en achetant des parts de Sub Pop dans l’espoir de tomber sur un nouveau Nirvana. C’était les années grunge. Des années qui n’ont pas beaucoup aidé un groupe comme Luna… Et pour nous achever, la Britpop est arrivée juste derrière… Nous étions en décalage. J’ai aussi une voix particulière qui était un frein pour les passages en radio. Nos paroles étaient également étranges pour l’époque. On m’a souvent demandé si j’étais amer par rapport à cette période où le succès n’était pas au rendez-vous. Mais non, à aucun moment je n’ai éprouvé ce genre de sentiment.

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Dans ce livre, tu démythifies beaucoup la vie de musicien de rock. Aimes-tu lire des autobiographies de musiciens, comme celles publiées ces dernières années par les membres de New Order, par exemple ?

J’ai le livre de Bernard Sumner mais je ne l’ai pas encore lu. Récemment j’ai beaucoup aimé le livre de James Fearnley sur les Pogues. C’est merveilleusement bien écrit. Il a dû être écrivain avant de faire partie des Pogues (il a en effet écrit un roman en 1981, ndlr). Il y parle surtout de Shane McGowan et c’est un régal. Sinon, les biographies de Glen Matlock (des Sex Pistols, ndlr) et de Dee Dee Ramone sont pas mal.

Comme nous le disions, “Black Postcards” est un compte rendu plutôt honnête et factuel de la vie d’un musicien rock. Dans tes paroles tu es plus allusif, elliptique et ironique. Pourquoi cette différence ?

Bob Dylan ne raconte rien sur lui dans ses mémoires. Je vois les choses d’une tout autre façon. Je trouve ça bien plus courageux, voir terrifiant d’écrire honnêtement et de se dévoiler plutôt que de raconter des histoires améliorées ou inventées. J’ai peut être même été trop honnête dans mon livre. En ce sens, j’éprouve un grand respect pour les journalistes qui s’expriment avec leurs tripes et qui savent pertinemment que leur point de vue ne va pas plaire à tout le monde.

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D’ailleurs, tu écris toi-même des articles pour la presse ou le net. D’autres musiciens comme Lloyd Cole ou Robert Forster le font également. Est-ce quelque chose que tu prends du plaisir à faire ?

Oui, mais je suis incroyablement lent. J’ai besoin de deadlines sinon je ne boucle jamais rien. Il me faut une semaine pour écrire trois pages que je retravaille par la suite pour un résultat final plus court. Ça m’est difficile, mais au moins je fais travailler une partie différente de mon cerveau. Mon éditeur souhaite que j’écrive un deuxième livre, mais je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Le précédent m’a pris un an et demi. Enfin, j’exagère… Mon éditeur en avait marre d’attendre et m’a dit que le livre partirait à l’imprimerie à telle date. J’ai passé un an à ne rien faire et six mois à travailler pour rattraper le temps perdu.

Tu es né en Nouvelle-Zélande. Même si tu n’y as habité que quelques années, et au-delà de la présence de Justin Harwood dans le groupe, la scène néo-zélandaise (Flying Nun) a t-elle été une influence pour toi, notamment à l’époque de Luna ?

Un petit peu. Car même si ma famille a déménagé aux Etats-Unis, nous rentrions régulièrement l’été pour des vacances. Parfois, comme au début des années 80, pour quelques mois. J’ai découvert à cette époque The Clean et d’autres groupes intéressants. Même si ce n’était pas conscient, toute cette scène a eu une influence sur moi. Je m’en suis rendu compte bien plus tard. A l’époque, j’étais plus intéressé par Jonathan Richman et le Velvet. Mais il était impossible de connaître toute la discographie de ces artistes. Quand j’avais 18 ans, on ne trouvait que le live de 69 du Velvet Underground et Loaded. Le reste était introuvable. Et maintenant, tu as dix versions de chaque album chez les disquaires !

Tu tiens des petits rôles dans les derniers films de Noah Baumbach. Les personnages sont typiquement des intellectuels East Coast, pas toujours sympathiques. En quoi sont-ils proches de toi, et quelle est la part d’ironie que tu mets dans ton interprétation ?

J’ai joué un banquier dans “Frances Ha”. J’étais à l’école avec des gens comme ça. Je m’exprime un peu comme eux, comme quelqu’un de riche, mais je suis loin de l’être. Dans “Mistress America”, j’incarnais un pédiatre râleur, ce qui me correspond parfaitement au niveau du caractère. Je ne suis pas un acteur professionnel, j’essaie juste de trouver des éléments de ma personnalité qui rendent mon personnage crédible. Le rôle le plus drôle était certainement mon personnage de chamane dans “While We’re Young”. Il prônait la consommation d’ayahuasca (breuvage à base de lianes consommé traditionnellement par les chamanes des tribus indiennes d’Amazonie, ndlr), du coup tout le monde me demandait si j’en avais déjà pris. Eh bien non, malgré le fait que ça soit très à la mode aux Etats-Unis en ce moment. Surtout à Brooklyn et à Los Angeles. Personnellement, j’ai trop peur d’essayer. Les gens se retrouvent le week-end pour en consommer, c’est considéré comme thérapeutique. En résumé, ça revient à prendre une quantité énorme de champignons hallucinogènes. Tu pleures, tu pètes les plombs… Les seules personnes que je connaisse qui ont tenté l’expérience sont des idiots. Raison de plus pour me décourager (rires). Le musicien Ben Lee en a fait une véritable religion. Vous devriez regarder ses vidéos sur internet, c’est assez comique.

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