NON PROPHETS – Hope
(Lex Records / Pias)
Depuis All Word No Play, petit single culte des Non Prophets sorti en 2000, Sage Francis s’est davantage ill é sous son propre nom que sous celui de son groupe, que ce soit sur mixtapes (la série des Sick of….) ou sur son disque sorti chez Anticon. Le rappeur n’avait pourtant pas oublié Joe Beats, son producteur originel. C’est avec ce dernier qu’il nous propose ce nouvel album qui, d’après les notes de pochettes (pochette d’ailleurs soignée et en relief : nous sommes chez Lex Records), est celui dont il ne cesse de rêver depuis qu’il s’est mis à rapper.ustr
Aux allures de compilation de Personal Journals et à ses cohortes de beatmakers, Hope oppose un seul homme et une grande unité de son. Présent derrière chaque morceau (hormis un « That ain’t Right » produit par Sixtoo), l’ami Joe Beats ne s’adonne en effet à aucune bizarrerie anticonienne. Il leur préfère un hip hop de facture très académique avec scratches sans surprise, boucles classiques, références multiples aux grands anciens et ce qu’il faut de samples de guitare pour attirer l’oreille des non rappeurs. Et cela marche, cela fait son uvre, en dépit de nombreux passages indigents voire carrément indigestes (« Mainstream 307 » et « Xaul Zan’s Heart » par exemple).
Cela marche car il y a Sage Francis, que c’est sur lui et non sur les beats en demi-teinte qu’il faut se concentrer, et qu’il est bien sûr excellent, ce qui le distinguera toujours de gens, les Sole et les Alias par exemple, qu’il a sans doute trop fréquentés. Les prods peuvent être poussives, convenues, sans imagination, cela ne gâchera jamais rien tant que Sage saura les habiller, qu’il saura s’emballer, s’emporter ou s’adoucir au moment opportun, tant que son phrasé toujours à propos évitera les deux écueils du ton récitatif et de la débauche technique, tant qu’il sortira des « I’m not left wing, I’m not right wing, I’m the middle FINGER » et tant qu’il sera capable d’ajouter au « Life’s not a bitch, she’s a beautiful woman… » d’Aesop Rock (lui-même une réponse au « life is a bitch » rabâché par Nas et par d’autres) un excellent « Life is not a bitch, she’s just sick of being personified ».
Sage Francis est bon, dommage que Joe Beats le soit moins, qu’il tire cet album vers le bas et transforme ce qui devait être une grande oeuvre en disque simplement agréable. Dommage car quand les sons s’avèrent à la hauteur, comme vers la fin et sur la somptueuse douceur jazz qu’est « The Cure », les Non Prophets montrent qu’ils sont en mesure de pondre de petits bijoux.
Sylvain
Intro
Any Port
That Ain’t Right
Damage
Disasters
Fresh
Mainstream 307
A Mill
Spaceman
Xaul Man’s Heart
New Word Order
Tolerance Level
The Cure
Outro