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Promise and the Monster – Interview

PROMISE AND THE MONSTER

A peine vingt ans et déjà un talent indéniable pour l’écriture de chansons taillées dans un folk glacé, fantômatique et solitaire, voici "Promise and the Monster", alias Billie Lindahl, jeune femme fraîchement débarquée de sa Scandinavie natale, à la conquête timide d’un autre public européen. Celui de la Maroquinerie ce soir-là, a pu découvrir en première partie de My Brightest Diamond, que jeunesse ne rime pas pour toujours avec manque de maturité.

Promise and the Monster

Comment vous sentiez-vous avant le concert de ce soir, un peu tendue ?
Oui, vraiment. Ça fait plusieurs jours que je tourne, que je rencontre plein de gens différents et je me sens un peu perdue. D’autant qu’avant ce concert à Paris j’avais très peu dormi et je n’étais pas très en confiance. Mais je crois finalement que ça s’est bien passé.

Pourquoi avoir choisi un nom de groupe alors que vous êtes seule à composer et à interpréter vos chansons ?
Je ne pense pas que ma musique soit quelque chose qui reflète ma personne. Je ne veux pas que ma musique soit la même chose que ce que je suis. Je veux que ce soit vraiment une entité à part. J’ai donc choisi un nom qui pour moi ressemblait vraiment à ce que devait être la musique que je jouais. Quelque chose de doux et inquiétant à la fois.

Est-ce que vous considérez que l’idée de mystère fasse partie de la démarche artistique, de la création de chansons ?
Tout à fait. J’aime beaucoup ce mot et le sens qu’on lui donne. Les choses cachées sont toujours plus intéressantes que celles qu’on montre. Le mystère est pour moi une piste intéressante à suivre dans l’écriture de mes chansons.

Si vous ne veniez pas de Suède, pensez-vous que votre musique pourrait être aussi froide ?
Ce serait techniquement possible, mais probablement pas de façon aussi tranchée. Les gens font souvent référence au fait que je viens de Scandinavie pour décrire ma musique. Mais, aujourd’hui, il est tellement facile d’écouter de la musique, quelle que soit sa provenance, que quelqu’un de France ou d’Espagne pourrait aussi composer ce genre de chansons s’il le voulait. Venant de Suède, c’est en tout cas quelque chose de beaucoup plus naturel, il y a un son scandinave qui existe de fait et dont nous sommes tous inspirés.

Vous allez tourner avec Jens Lekman dans quelques jours, vous êtes sur le même label que Jose Gonzalez. Est-ce que vous vous considérez aujourd’hui comme la petite soeur de cette grande famille du folk scandinave ?
(Rires) Je ne m’étais jamais formulé les choses de cette façon pour être honnête. Je n’ai encore jamais rencontré Jens Lekman d’ailleurs. Enfin, si, je l’ai croisé il y a quelques années à l’un de ses concerts mais il ne se souvient certainement pas. J’étais dans le public et après le concert, on a parlé pendant au moins une vingtaine de minutes… de reverb en l’occurrence.

Promise and the Monster

Je suis sûr qu’il se souvient très bien et qu’il a certainement écrit une chanson à ce sujet.
Oui, ce serait tout à fait lui.

Certains journalistes ont cherché à vous comparer à Joanna Newsom, probablement parce que le climat acoustique de vos chansons peut y faire songer. C’est curieux parce que j’aurais pour ma part tendance à vous comparer à une autre chanteuse scandinave, dont la musique n’a pourtant rien à voir avec celle que vous jouez : Björk. Quelle comparaison préférez-vous ? Vous n’êtes pas obligée de choisir bien sûr…
J’ai pourtant envie de le faire à vrai dire. Je ne trouve pas que la comparaison entre Promise and the Monster et Joanna Newsom soit justifiée. Je me sens beaucoup plus proche de Björk et j’ai beaucoup plus envie de lui ressembler. Elle a chanté de tels chefs d’oeuvre… J’aime assez bien le premier album de Joanna Newsom. Mais le deuxième me semble très difficile d’accès, uniquement pour la beauté du geste. Il faut vraiment aller à la recherche de ce qu’on veut aimer dans les chansons. Ce n’est pas très spontané pour moi comme façon d’apprécier de la musique.

Vous êtes la première personne que j’interviewe qui soit plus jeune que moi. Est-ce que cette question de l’âge est un point qui mérite d’être noté pour vous et si oui, est-ce quelque chose dont vous retirez une certaine fierté ?
Oui, c’est indéniablement la deuxième option. Certaines personnes ont l’air de penser que ma musique a plus de valeur, juste parce que j’ai moins de vingt ans. Je vais donc probablement continuer à communiquer là-dessus jusqu’à la veille de mon vingtième anniversaire. Cela dit, je ne pense pas que ce soit un élément clé de ma musique. C’est un point sur lequel les médias concentrent leur attention parfois, et ça ne me dérange pas vraiment. Mais je ne crois pas que ça change grand chose à la façon dont je compose et joue mes chansons.

Propos recueillis par Jean-Charles Dufeu .
Photographies par Julien Bourgeois.

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