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The National – Rétrospective 2001-2010 (4ème partie)

La quatrième partie de la rétrospective est consacrée aux années 2007 et 2008.


« Il n’y a pas eu de changement majeur pendant ces deux années [Ndlr : 2005 et 2006] . Nous continuons à faire ce que nous avons toujours fait. Nous sommes peut-être plus confiants dans notre façon de fonctionner. Nous sommes peut-être aussi plus hermétiques aux événements extérieurs qu’avant, aux attentes des gens. » Voilà en quels termes Matt Berninger, dans une interview à POPnews parue en mai 2007, résumait l’état d’esprit du groupe à la sortie du très attendu « Boxer » en mai 2007. Aaron, en guise d’explication, ajoutait : « Garder cette confiance lors des phases d’écriture et d’enregistrement est une chose plutôt difficile, on a toujours un peu l’impression de recommencer à zéro. Maintenant, quand je réécoute l’album, j’ai l’impression que bien que nous ne savions pas exactement où nous voulions aller, tout ce temps passé à jouer ensemble s’est concrétisé en quelque chose qui a du sens. Je ne sais pas pour toi, Matt, mais pour moi cet album coule de source. Je pense que cela vient du fait que nous avons fait avant de l’enregistrer plus de concerts que jamais auparavant. Cela nous a cramé un petit peu à un stade, mais nous en sommes ressortis avec une grande assurance, une grande conscience de ce que nous savions faire. »


Une confiance en leurs moyens que l’on ressent bien à l’écoute de l’album. « Face à tant de maestria affaissée, insouciante d’elle-même, on n’a plus envie de parler de tubes en puissance (un « Brainy » sur la corde raide, trop plombé pour consentir un refrain enlevé, et captivant pour cette raison même), ou de ballades élégiaques (un « Slow Show » fondant dans les graves, ou un « Racing Like a Pro », à faire virer la journée au gris indélébile), mais tout est pourtant là. Ce groupe n’est jamais plus grand que lorsque c’est le dernier de ses soucis, et procure, avec ce « Boxer » amoché et majestueux, la bande-son idéale de l’année. » (chronique de « Boxer » parue en décembre 2007). Bien que leur influence ait été considérable dès les débuts du groupe, Peter Katis et Padma Newsome, respectivement producteur et responsable des orchestrations, n’avait jamais auparavant été impliqués aussi en amont du processus d’enregistrement. Au point que Padma participe même à la composition de certains morceaux, ajoutant des parties à celles écrites par Bryan, Aaron et Matt. The National s’entoure également de Sufjan Stevens, Marla Hansen et d’un bataillon de musiciens addditionnels (flûtiste, violoniste, altiste, violoncelliste, basson, etc.).


« Boxer » est précédé de trois semaines par un premier single, « Mistaken for Strangers », qui rappelle, dixit notre chronique, les vertus énergisantes du groupe, à cette nuance près qu’elles apparaissent sous contrôle, comme l’est la voix (presque) apaisée de Matt Berninger, refusant là comme partout l’éructation et le débordement. Suivront en novembre « Apartment Story » et, en juin 2008, « Fake Empire ». Médiatiquement, le groupe explose, passant pour la première fois au Late Show with David Letterman (juillet), sorte de maître-étalon de la notoriété outre-atlantique, puis au Late Late Show présenté par l’excellent Craig Ferguson (septembre). La presse est unanime à saluer la qualité du disque, même si les critiques semblent étrangement un peu moins enthousiastes au moment de rédiger leur bilan de fin d’année. Les lecteurs de POPnews, accoutumés au groupe depuis notre premier article en 2002, sont visiblement conquis puisque « Boxer » aurait été élu album de l’année sans la sortie d’un certain « In Rainbows » (le disque échouera également à la seconde place du classement de la rédaction, le pion damé par PJ Harvey). « Boxer » fait quoi qu’il en soit une entrée remarquée à la 68e place du Billboard 200 et se vend en quelques mois à plus de 180 000 exemplaires rien qu’aux USA, soit deux fois plus qu’Alligator.


The National passe par la France et particulièrement la Bretagne à l’occasion de l’édition 2007 de la Route du Rock. Le concert sera malheureusement, comme deux ans auparavant, un demi-échec. Le 20 mai 2008 sort « A Skin A Night », documentaire signé Vincent Moon, chef d’orchestre de la Blogothèque, couplé avec le « Virginia EP ». Mêlant scènes captées en coulisse et séances d’enregistrement du dernier album du quintette, Moon semble vouloir démythifier une bonne fois pour toutes le rock et ceux qui le font : dans ce film impressionniste et fragmentaire, les membres de The National évoquent surtout leur angoisse avant de monter sur scène et leurs années de vaches maigres. Formellement, « A Skin, a Night » est tout aussi surprenant : couleurs désaturées à dominante verdâtre, chansons livrées par bribes et mixées avec des sons ambiants, propos des musiciens enfouis sous la musique (on conseille vivement les sous-titres anglais optionnels), plans de bâtiments et de routes tirant vers l’abstraction graphique… L’opération sera tant réussie qu’Arcade Fire et R.E.M. auront droit à leurs propres mooneries quelques temps plus tard (cf. « Miroir Noir » et « This Is Not a Show », DVD bonus du « Live at the Olympia » des Géorgiens). L’EP rassemble pas moins de douze morceaux : inédits, faces B, démos, prises live et reprises, dont celle de « Mansion on the Hill » de Springsteen, belle à pleurer. L’été 2008 est riche pour The National. Le groupe est invité par R.E.M. à ouvrir leurs concerts en compagnie de Modest Mouse et joue dans la plupart des grands festivals de la planète (Coachella, Glastonbury, Werchter, Lollapalooza, Benicassim…). Une lettre est envoyée le 17 décembre aux membres de leur « mailing list », signifiant que le groupe débute la composition d’un sixième album, dont la sortie est annoncée pour fin 2009 ou début 2010…


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