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Disques

Beirut – No No No

Beirut - No No No 

A l’aune de ce quatrième album de Beirut on aura beaucoup commenté les états d’âme de Zach Condon : un burn-out au cours de sa tournée australienne de 2012 (dans la ville de Perth qui donne son nom à l’un des titres du présent disque), son divorce et une crise identitaire traversés difficilement, pour mieux se reconstruire et revenir enfin à la musique après de long mois de silence. Que ces événements somme toute privés aient influencé la musique de Beirut ne relève pourtant pas de l’évidence. Le storytelling ne peut et n’explique pas tout et la musique apporte des démentis frappants, ou permet tout au moins de relativiser les choses, comme c’est le cas ici.
Car Zach reste fidèle à lui-même : la mélancolie est depuis toujours chez lui indolente, douce, et même entraînante. Aussi, ceux et celles qui sont familiers de l’œuvre de l’Américain seront en territoire connu : les cuivres et les percussions s’entrelacent, le piano ou l’orgue et quelques chœurs toujours bien placés portent les mélodies avec le même bonheur que sur les précédents albums de Beirut.

« No No No » pourra d’abord apparaître moins riche et moins abouti que « The Rip Tide« . Mais il semble se bonifier à chaque écoute et s’avère in fine l’un des disques les plus attachants du moment (et de l’année ?). Sa modestie, doublée d’une évidente authenticité, y est sans doute pour beaucoup. Ne dépassant pas les 30 minutes, il apparaîtra peut être a posteriori comme un beau disque de transition, avant les chemins plus aventureux que l’on aimerait voir l’homme emprunter.

En un seul titre, « At Once », et en à peine plus de deux minutes, Beirut prouve une nouvelle fois qu’il est l’un des seuls groupes au monde à pouvoir nous toucher profondément (et à nous arracher des larmes). Une mélodie à couper le souffle portée par un cortège de cuivres, entre quelques passages (magnifiquement) chantés.

« Gibraltar », « Perth » et le morceau-titre s’avèrent brillants, fédérateurs, au pouvoir de séduction immédiat. Et puis il y a « August Holland », à la mélancolie plus affirmée, et surtout « So Allowed », sur lequel le chant de Zach Condon se montre particulièrement émouvant. Bref, l’Américain continue, l’évidence mérite d’être rappelée, à être l’un des artistes de sa génération, avec Sufjan Stevens, à porter un univers qui n’appartient qu’à lui-même. Précieux compagnon, il nous appartient (un peu) aussi. 

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