Cependant, après une année 2015 très productive, un nouveau détail a attiré l’attention sur ce dernier, en tout cas ici en France : sa collaboration, sur « Designer Drugz 2 » (en plus de beatmakers maison comme Metro Boomin, Dun Deal et Danny Wolf), avec le producteur de musiques électroniques Brodinski. Ce dernier, certes, s’intéresse depuis un certain temps à la trap music d’Atlanta, multipliant ses connexions là-bas. Mais les deux sons que le Français prête ici à la mixtape, bien qu’à rebours de beaucoup d’autres instrumentaux avec leur aspect glacial, collent plutôt bien aux raps sous stupéfiants de Hoodrich Pablo Juan, en tout cas assez pour que l’un d’eux, « Dead People », ait fait l’objet d’un clip qui en a souligné l’aspect morbide. Et l’autre titre, « Addicted », est tout aussi notable avec sa flûte inquiétante qui accompagne la litanie d’addictions dont fait part le rappeur.

L’intérêt de cette mixtape ne se limite toutefois pas à Brodinski et à ses deux contributions. Travaillant son image de junkie céleste, avec ses paroles et sa manière de les débiter dans un état second, le principal intéressé multiplie les perles : « Look at Me Now » fait une très bonne plage introductive ; la mélodie de « Percocet » est imparable ; Metro Boomin fait encore des miracles, sur l’indolent « Fish in the Coupe » ; « Plug » joue du chantonnement sous Auto-Tune et bénéficie d’une intervention de Gucci Mane ; « Switching my Wrist » parvient à nous expliquer comment préparer de la drogue sur un joli air mélancolique ; « Silly Rabbit », avec Migos, est un chouette morceau zinzin dans le style de ces derniers ; le titre éponyme de la mixtape, avec le seul Quavo, est un charmant duo de toxicos, de même que « Mixin Up the Medicine », avec Rich the Kid ; et, toujours sur les mêmes thèmes du manque et de la dépendance, la complainte « I Need Mo », avec Wicced, est servie à la perfection par une petite musique évanescente et délicate.

Au-delà de sa légère touche française, « Designer Drugz 2 » est en fait l’une des mixtapes les plus satisfaisantes de l’année. Elle est à extraire de la jungle épaisse de projets quasi génériques qu’est devenue la production de l’après trap à Atlanta.