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Jennifer Gentle – The Midnight Room

JENNIFER GENTLE – The Midnight Room
(Subpop) [site] – acheter ce disque

JENNIFER GENTLE - The Midnight RoomAvec Jennifer Gentle, l’adage selon lequel il ne faut pas se fier aux apparences se trouve confirmé, puisque non, il ne s’agit pas du disque d’une quelconque gagnante de l’édition anglaise de la Star Academy, mais bien de celui d’un groupe de rock… italien.
"The Midnight Room" a des allures de séance de spiritisme : enregistré à l’Ectoplasmic Studio (sic), manifestement sous haut patronage du spectre de Syd Barrett (minuit, l’heure des fantômes), le disque, plein de brumes et de brouillards psychédéliques, provoque de délicieux frissons.
La formule n’a pourtant rien de bien original : des guitares, une basse, une batterie, une voix un peu androgyne, des claviers, parfois quelques notes de pianos, et surtout, de la reverb’ à fond les ballons. Mais les compositions, solides, efficaces et entraînantes, se révèlent suffisamment intrigantes pour nous tenir en haleine de bout en bout. Le secret de Jennifer Gentle, en la matière, c’est une pincée de swing cabaret ajoutée à son bouillon psychédélique. De plus, le groupe mise sur l’épure plutôt que sur la surenchère et le bruit vain : il parsème ses compositions de brefs silences, d’arrêts et de reprises tout en sous-entendus, qui sont autant de petits clins d’oeil à l’attention des auditeurs.
Le disque s’ouvre sur "Twin Ghosts", un morceau éthéré tout droit sorti des catacombes. Mais rapidement, les ombres reviennent à la vie : "Take My Hand" et "Electric Princess" sonnent comme d’irrésistibles danses macabres qui ne sont pas sans évoquer Tiny Tim, ce chanteur américain improbable qui se prenait pour une petite fille et reprenait les chansons de Judy Garland ou de Shirley Temple. Les harmonies vocales de "The Ferrymen" ou de "It’s in Her Eyes" rappellent, quant à elles, le Pink Floyd des débuts. Et avec "Granny’s House", piste instrumentale hantée, on se croirait plongé dans un cauchemar très giallo à la Dario Argento.
Jennifer Gentle, c’est un peu comme un tour de train fantôme ou la lecture d’une nouvelle d’Edgar Poe (n’est-ce pas d’ailleurs son célèbre chat noir que l’on entend feuler dans "Telephone ringing" ?) : on sait que c’est pour de faux, mais on ne peut s’empêcher d’y croire quand même. Un disque à écouter dans le noir.

Aurélien Gaidamour

Twin Ghosts
Telephone Ringing
It’s in Her Eyes
Take My Hand
The Ferrymen
Electric Princess
Quarter to Three
Mercury Blood
Granny’s House
Come Closer

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