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Festivals

La Route du Rock – Collection Été 2011

La première soirée au Fort de Saint-Père commence sous un pâle soleil avec la tout aussi pâle Anika, dont le répertoire est principalement composé de reprises (méconnaissables). Apparemment, la jeune et jolie Berlinoise, vêtue d’une sage robe noire, n’a pas appris à parler au public depuis son passage aux Femmes s’en mêlent au printemps dernier. On n’a même pas l’impression qu’elle s’ennuie, juste qu’elle est ailleurs. Une présence qui frôle l’absence. Heureusement, ses musiciens assurent, entre krautrock blafard et dub cryogénisé, avec des claviers semblant tout droit sortis d’une B.O. de Goblin pour Dario Argento, parfaits écrins pour la voix très Nico de la chanteuse. L’ensemble est proche du projet BEAK> de Geoff Barrow (cerveau de Portishead et producteur de l’album d’Anika), et l’on croit d’ailleurs reconnaître le bassiste du groupe, l’excellent Billy Fuller. Pour la grosse éclate, on repassera, mais comme entrée en matière d’un festival qui s’est toujours voulu exigeant, c’est assurément bien choisi. (VA)
Lou Barlow (Sebadoh)
Avec Sebadoh, on est en terrain plus familier, du moins si l’on avait l’âge d’écouter du rock indé dans les années 90. On ne peut d’ailleurs pas dire que le trio mené par Lou Barlow ait beaucoup gagné en professionnalisme depuis cette époque où il était bien vu de jouer un peu faux, d’échanger ses instruments et de mettre des plombes à s’accorder. Malgré ces approximations et l’absence impardonnable du sublime “Soul and Fire” dans la setlist, on ne boude pas son plaisir devant cette succession de classiques mal peignés (surtout ceux chantés par Jason Lowenstein) qui ont plutôt bien passé l’épreuve des années. (VA)
Mia Clarke (Electrelane)
Lors de leur conférence de presse, un confrère sortit carrément aux quatre filles d’Electrelane que leur reformation était la seule bonne nouvelle de 2011. Sans aller jusque-là (d’autant que l’année n’est pas finie), reconnaissons que la perspective de revoir les Anglaises sur cette même scène où elles avaient donné un concert mémorable quatre ans plus tôt était des plus excitantes. De fait, leur prestation restera comme l’un des plus grands moments de cette Route du rock. Le plaisir de se retrouver et de jouer devant un public tout acquis à leur cause se manifeste par des sourires constants – et contagieux – sur les visages de Verity, Emma, Mia et Ros. Sans jamais relâcher la tension, Electrelane enfile les perles d’une discographie passionnante quoique un peu inégale (“Bells”, “To the East”, “Birds”, “U.O.R.”…), ajoutant à une collection de reprises déjà bien fournie une belle relecture du “Smalltown Boy” de Bronski Beat. La formule est simple (alternance de moments calmes et de montées en puissance extatiques, sur des rythmiques métronomiques inspirées du krautrock), mais la cohésion sans faille du groupe – encore plus impressionnante qu’en 2007 – lui confère une intensité exceptionnelle. Electrelane nous offre plus d’une heure de transe, conclue par un “Long Dark”/“96 Tears” qui nous laisse les larmes (de joie) aux yeux. Un come-back triomphal. (VA)

“Bonsoir Saint-Malo, we’re Mogwai from Glasgow, Scotland, it’s great to be back.” C’est sur ces mots bienveillants lancés par Stuart Braithwaite, le “leader” du groupe, que commence le concert de Mogwai dont chaque titre sera conclu par un très chaleureux “thank you, merci.”
Même si leur musique se passe le plus souvent de paroles, les gars de Mogwai savent créer un lien avec le public – au point qu’ils fréquenteront plus que de raison le bar du festival, paraît-il -, ce qui est loin d’être désagréable après la froideur certes élégante d’Anika et le flegme certes de circonstance d’Electrelane.
Sans être de grands compositeurs, les Ecossais savent créer des ambiances avec pas grand-chose : deux ou trois accords, une mélodie simple répétée à l’infini. Ce manque de génie qui peut paraître ennuyeux sur disque est balayé en concert par la projection d’images évocatrices en fond de scène, parfait complément aux longues plages sonores jouées par le quintette (transformé ici en sextette). Comment ne pas succomber aux charmes de l’hypnotique “How to Be a Werewolf” lorsque ce titre se transforme en bande-son idéale d’un road trip en Ecosse, dont la vidéo-souvenir illumine la grande toile tendue derrière les musiciens ?
Etre sympathique, c’est bien, avoir deux ou trois bon morceaux c’est encore mieux, mais avouons que la recette Mogwai montre ses limites au bout de 30 minutes de concert. Rendez-vous donc au bar VIP avec la POPnews team avant le concert de Suuns. (MatCh)

Suuns
C’était une très bonne idée de caler le set de Suuns juste après Mogwai. Adeptes d’une pop instinctive, à la fois expérimentale et dansante, les Montréalais très en vue conquièrent assez vite la foule avec leurs mélodies beaucoup plus récréatives que celles des Ecossais et leurs claviers dantesques. Ben Shemie susurre ses textes d’un air presque inquiétant, à la manière d’Aden Blackburn (Clinic), sur des lignes rythmiques parfois très accrocheuses, mais parfois aussi très faiblardes (Liam O’Neill est loin d’être à la hauteur à la batterie). Beaucoup plus éclatants néanmoins qu’à la dernière édition hiver, les Montréalais convainquent de leur singularité et de leur potentiel. (VLD)

Si Richard D. James, alias Aphex Twin, a incontestablement révolutionné la musique électronique dans les années 1990 et 2000, il semble vivre aujourd’hui sur sa réputation. Contrairement à l’inventif Etienne Jaumet, qui vient de jouer sur la petite scène de la Tour, l’Anglais livre un set pépère qu’on quitte bien avant la fin – un peu plus furieuse -, malgré des effets visuels plutôt séduisants. Allez, au lit ! (VA)


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