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Disques

Maher Shalal Hash Baz – Les Bleus de la brousse

Maher Shalal Hash Baz - Les bleus de la brousse

Suivre la disco-casseto-graphie de Tori Kudo revient à retrouver en nous l’instinct du chasseur, ou du moins de l’homme Hawksien. Il faut patiemment arpenter la savane du réseau mondial et/ou faire confiance à des veilleurs-guides mieux acclimatés aux climats et habitudes nippones. C’est McCloud Zicmuse, ambassadeur Kudien pour l’Europe et basé à Bruxelles qui fait ici office, une fois de plus, d’entremetteur via l’Hôtel Rustique cogéré avec Anne Brugni.

Le butin (très bel objet artisanal signé Zicmuse) est ici un enregistrement d’un concert donné en pleine pampa, le Hameau de la Brousse, par le Maher Shalal Hash Baz incluant pour cette fois-ci Naoki Otani à la trompette, Kiji Shibuya à la basse et au mélodica, McCloud aux percussions et le centre solaire, Tori Kudo à la guitare et au chant, le 26 juin de la Sainte Année 2007, quelques jours après l’enregistrement de « C’est la Dernière Chanson », dernier album studio en date du groupe.

On retrouvera donc, et c’est tout naturel, de nombreux titres issus de cette divine période, perdus entre de nombreux blues du jour, compositions presque éphémères, capturées ici dans leur élément de prédilection, la scène, et colorés de leurs beautés et imperfections prises sur le vif. C’est comme cela qu’il faut les prendre : dans toute leur fragilité, avec les canards de la trompette, avec les impros glissantes de la guitare, virant du blues au surf punk (très punk), les percussions -de cuisine !- de McCloud intervenant au petit bonheur la chance, le tout s’adossant sur une basse mal assurée. C’est souvent « Pierre et le Loup » en version canards boiteux et bras cassés mais c’est toujours très vivant.

Pour les réfractaires, il y aura, peut-être, « Machinations in our Days », avec le bar ouvert, et les cris, les voix des autres participants qui se répondent, « McCloud », le titre, bien punk grattant, ou « Forgetting », un de mes titres préférés en conclusion idéale. Ah non, c’est Tori qui conclut avec le final et vraie fausse chanson, « C’est la Dernière Chanson ».

Après douze années, peut-on enfin espérer un album studio (outre l’incroyable « Gala-Kei » l’an passé, tout lo-fi et tout conceptuel) ? À moins que Tori, en bon lecteur de Goethe, ne soit entré dans le groupe fermé des Renonçants, ou simplement, tel un moine zen malicieux, se refuse à donner au monde de nouvelles preuves de son talent sous une forme policée. En attendant, prenons cette nouvelle capsule temporelle et espérons que l’ami McCloud en ait d’autres dans son sac en attendant la prochaine volée de manne.

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