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Disques

Marhaug, Asheim – Grand Mutation

MARHAUG, ASHEIM – Grand Mutation
(TouchLa Baleine)acheter ce disque

MARHAUG, ASHEIM - Grand MutationEcouter un disque de chez Touch est à chaque fois une expérience tant l’exigence de ce label est impressionnante, voire déconcertante.
Ce label culte, qui vient de fêter ses vingt-cinq ans (avec une superbe compilation sobrement intitulée "Touch 25"), est l’œuvre d’un seul homme, le photographe Jon Wozencroft, qui est aussi responsable de la quasi-totalité des somptueuses photos illustrant les disques. Même si les musiques du label peuvent, pour quelques grincheux, faire preuve d’un élitisme insupportable, on ne peut qu’être admiratif devant tant d’acharnement à sortir des disques toujours à la pointe de l’avant-garde.
Touch est un de ces nombreux laboratoires qui a pu voir le jour dans le sillage de la musique industrielle et de sa "cassette culture". Depuis, le label est devenu une référence incontournable ô combien respectée, et il est certainement celui qui fait la meilleure synthèse de ce que la musique dite expérimentale a de plus passionnant à proposer, et ce en dehors de tout académisme pompeux (Touch est resté fidèle à ses origines "industrielles").
Sur ce "Grand Mutation", l’œuvre de deux musiciens norvégiens, nous sommes en présence d’improvisations nocturnes pour orgue (celui de la cathédrale d’Oslo joué par Nils Henrik Asheim) et dispositifs électroniques (oscillateurs et générateurs de bruits entre les mains de Lasse Marhaug).
Les enregistrements ont été divisés en 5 parties.
Après un démarrage très calme et somme toute classique, fait de passages minimalistes, où les couches de sons viennent petit à petit se superposer, l’orgue se faisant alors discret et n’étant utilisé que pour générer un drone sur lequel viennent s’accrocher des nappes sonores, l’ambiance devient de plus en plus pesante, presque grandiloquente, faite alors de clusters, de bruits ("Magnaton", sorte de rencontre improbable entre Charles Ives et Mika Vainio !), de répétitions inquiétantes ("Philomela"). Puis l’orgue retrouve un caractère plus apaisé, accompagné par des oscillateurs de nouveau apprivoisés pour un final absolument somptueux, bien qu’intimidant.
On sent presque transpirer l’excitation qu’ont dû éprouver les deux musiciens à enregistrer ces improvisations (imaginez donc : faire un boucan d’enfer dans une cathédrale la nuit !), ce qui explique certaines longueurs pour un disque qui n’est pas de tout repos (d’autant que ce genre d’oeuvre ne peut s’écouter que dans son intégralité). Un disque à apprivoiser (c’est souvent le cas chez Touch, ceux qui ont écouté Hafler Trio ou Chris Watson en savent quelque chose), mais vraiment étonnant, excitant, qui réserve de bonnes surprises tant par moments le mariage de l’orgue et des sons analogiques est pertinent. Bref, un disque atypique même dans le catalogue de Touch (on est très loin des sons quasi inaudibles de Ryoji Ikeda !) et qui ravira les fans des années sauvages de Charlemagne Palestine (peut-être le disque qu’il aurait rêvé de faire à l’époque de "Schlongo!!! Daluvdrone", autre œuvre effrayante pour orgue).

Cyril

Bordunal
Phoneuma
Magnaton
Philomela
Clavaeolina

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