Loading...
Disques

My Brightest Diamond – A Thousand Shark’s Teeth

MY BRIGHTEST DIAMOND – A Thousand Shark’s Teeth
(Asthmatic Kitty / Differ-Ant) [site] – acheter ce disque

MY BRIGHTEST DIAMOND - A Thousand Shark's TeethLe deuxième album de Shara Worden commence de manière peu encourageante. Celle que, dans ces pages mêmes, on a comparé à raison à Jeff Buckley pour la grâce aérienne de son chant et ses parties de guitare incisives (voir l’interview ci-dessous) se prend un peu les pieds dans le tapis : les guitares grondantes et les vocalises un rien emphatiques de "Inside a Boy" rappellent pour le coup, mauvaise pioche, Matthew Bellamy et Muse. Le deuxième titre ne dissipe pas tout à fait la mauvaise impression. Il faudra donc attendre "If I Were a Queen", ses arrangements de cordes et ses aigus élégamment perchés pour comprendre où la chanteuse veut en venir. Le disque, composé en parallèle de "Bring Me the Workhorse", dévoile ainsi, avec l’entrée en scène du quatuor à cordes mobilisé pour la circonstance, les plus beaux de ses atours. Patiemment, à force d’arrangements arachnéens, de rythmiques décadrées (les marimbas de "Apples") et de murmures poussés jusqu’au hululement, Shara Worden construit un univers musical à la fois fragile et complexe, invente un idiome qui rappelle par sa singularité soigneusement cultivée le travail de Kate Bush ou, parfois, de Björk. A la croisée de l’indie-rock et d’un néoclassicisme lyrique, elle continue de tracer sa route : aussi cultivée que ses deux consoeurs, elle se permet de plonger des arrangements de cordes et de cuivre inspirés de Ravel dans un bain néo-gothique, vaguement théâtral, dont elle seule connaît la formule (le remarquable "Black & Costaud"). Le disque tour à tour séduit, embarque et déroute, déployant une liberté qui confine souvent à l’excellence (ainsi du magnifique "To Pluto’s Moon", équilibre parfait des tendances, ou plus encore de "Bass Player" gagnant lentement en puissance et en séduction), et risque de susciter autant d’envieux que de fans énamourés. Sur la foi de ces éminentes qualités, on ne peut que souhaiter à Shara Worden de sortir au plus tôt de son aura culte pour connaître le succès qu’elle mérite de toute évidence.

David Larre

A lire également, sur My Brightest Diamond :
la chronique de « Tear It Down » (2007)
l’interview (2007)
la chronique de « Bring Me the Workhorse » (2006)
Inside a Boy
The Ice & the Storm
If I Were a Queen
Apples
From the Top of the World
Black & Costaud
To Pluto’s Moon
Bass Player
Goodbye Forever
Like a Sieve
The Brightest Diamond

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *