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Neutral Milk Hotel – In the Aeroplane Over the Sea

NEUTRAL MILK HOTEL – In The Aeroplane Over The Sea
(Domino Records / PIAS) [site] – acheter ce disque

NEUTRAL MILK HOTEL - In The Aeroplane Over The Sea Même le plus inconditionnel des fans de Neutral Milk Hotel, à l’époque de la sortie de "In a Aeroplane Over the Sea" en janvier 1998, n’aurait pu se douter de la réputation que cet album aurait à peine une décennie plus tard. Les prophètes furent rares. Certes, la plupart des critiques notèrent le songwriting impeccable de Jeff Mangum, la force de ses compositions, son sens particulier de l’instrumentation, mais l’ensemble semblait trop bancal, et probablement trop étrange, pour son temps. Nous sommes maintenant en 2009 et le second LP de NMH est quasiment devenu un objet de culte, impossible à dénigrer sans se recevoir une volée de bois vert en plein visage. Plusieurs raisons à cela. D’une part, l’influence qu’eut le disque sur la nouvelle génération de musiciens indépendants américains, Arcade Fire en tête de liste. D’autre part, le fait qu’il soit désormais considéré comme un modèle à suivre, un authentique exemple de combinaison réussie d’originalité et d’esprit do-it-yourself. Evidemment, les conditions dans lesquelles fut enregistré le disque, le parcours chaotique ayant mené à sa réalisation, le silence dans lequel s’enferme Mangum depuis, tous ces éléments ont injecté au LP une bonne grosse dose de mystère et de romantisme, dont les années 90 manquent cruellement. Certes, on peut trouver à ce succès une raison évidente : "IAAOTS" est absolument somptueux. D’accord. Seulement, beaucoup de disques le sont et tous n’ont pas droit au même destin, loin s’en faut. L’excellence artistique ne suffit pas. Il y a bien autre chose en jeu, de l’ordre de la construction du mythe. Ma théorie personnelle est que, les anciens chouchous R.E.M. et Radiohead devenus trop gros, trop mainstream pour une frange des fanatiques de l’indie, il fallait trouver un nouveau messie et l’endosser. En faire un symbole. Ma foi, bon ou mauvais, c’est exactement ce qui s’est produit.

Cela dit, "ITAOTS" est bel et bien un époustouflant disque de pop psychédélique picorant dans quarante ans d’histoire culturelle : les collages sonores de la musique concrète, les expérimentations à la limite du rock progressif des Beatles fin de carrière et des Moody Blues, le son crasseux du mouvement lo-fi, l’esprit naïf, coeur saignant et à découvert façon J.D. Salinger, les textes cryptiques de Pavement et le chant un brin criard et maladroit de Dinosaur Jr et Nirvana. Si, onze après, le contenu continue à fasciner pas mal de monde, c’est qu’il parvient à associer la joie de vivre la plus épidermique à la tragédie, au sein d’une espèce d’épopée introspective, dans lequel l’auditeur se sent intégré. Les onze chansons sont avant tout cela : de constants face-à-face émotionnels dont l’on sort la plupart du temps chamboulé. Et sans complaisance et grosses ficelles, s’il vous plaît. A partir du récit autobiographique d’Anne Frank, Mangum décrit les peurs les plus élémentaires, la perte de l’innocence, la conscience du poids de l’Histoire, le combat pour conserver la magie dans un univers confus et meurtrier. Je ne sais guère si, un jour, le mythe se fissurera, renvoyant le disque dans l’anonymat, mais sa poésie, elle, ne disparaîtra jamais.

Julian Flacelière

 

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