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Pascal Comelade – A Freak Serenade

PASCAL COMELADE – A Freak Serenade
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PASCAL COMELADE - A Freak SerenadeVous souvenez-vous de "Ramblin’ Rose", ce titre du MC5 datant de 1969, et introduisant le fameux "Kick Out The Jams" ? Pascal Comelade, lui, s’en souvient. Comme à l’aube de ses 14 ans, lorsque le disque débarqua dans les bacs. Mais que vient faire le MC5, ou encore une citation de l’introduction du "Twenty Flight Rock" d’Eddie Cochran dans un album conçu très majoritairement avec des instruments jouets, accordéons et cuivres, utilisés sous le sceau du minimalisme ? Cet art de la citation, des références sous-jacentes ou explicites aux mythes du rock est un moyen de rappeler, entre deux ballades portant l’empreinte des traditions méridionales et un morceau composé sous haute influence de Steve Reich, tout ce que cette satanée musique binaire représente à ses yeux. Et, peut être au-delà de tout, montrer ce que l’idéologie du rock a laissé en lui : une manière de continuer sa route musicale à son idée, sans se soucier des modes, selon ses propres envies. Pascal Comelade creuse en effet ce sillon qu’il a lui-même contribué à populariser : une musique instrumentale minimaliste, aux accents à la fois enfantins et profondément empreints de nostalgie, au croisement de Nino Rota et de Captain Beefheart. Ce qui pourrait ressembler, d’un oeil (et d’une oreille) extérieur, comme un disque d’expérimentation sonore, se révèle toujours fascinant pour l’auditeur, même profane, par l’existence de mélodies attractives et étonnamment pop : "Europe Change Bad" est à ce titre une charmante ballade menée au piano, que seules viennent troubler quelques notes de guitare acoustique à l’accordage relativement approximatif ; une délicieuse clarinette vient donner à l’ensemble un charme jazzy supplémentaire. Toujours dans la même veine accessible de Comelade se trouve le très beau "Un Cigaret a l’Estatua Del Gardel", qui sonne comme un titre inédit de Doc Pomus et Mort Schuman joué avec les instruments de l’enfance. Des morceaux à pleurer comme celui-là, on en découvre d’autres au fil de l’album, nous prenant par surprise pour nous faire rougir les yeux.

Une partie de la force de Pascal Comelade provient de l’immense sensibilité émanant de sa musique, ce qui a justifié ses collaborations avec d’autres écorchés vifs tels que PJ Harvey, Robert Wyatt ou Richard Pinhas. Par ailleurs, le minimalisme général, l’esprit "Do-It-Yourself" le rapprochent sans conteste de l’esthétique punk originelle. Parfois les ambiances de fête foraine et les invocations du cabaret reviennent à la surface ("A Freak Serenade", "Perque Vull"), et l’on se prend à imaginer le résultat d’une possible collaboration entre Comelade et un artiste tel que Tom Waits : à ce titre, "El Misteri Del Triangle Del Vermut" n’aurait pas dépareillé sur "Swordfishtrombones". Sensibilité, gouffres, références et beauté brute : pas de doute, Comelade est un rocker. Peu importe l’instrument sur lequel il joue, ce sont les âmes pures des morceaux qui nous le révèlent. Et aussi la pochette de l’album, dessin qui représente Comelade en Elvis mimant la pose originelle, guitare en main, jambes écartées, lorsque tout a commencé. Avant que le mythe ne se transforme en cirque.

Frédéric Antona

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A lire également, sur Pascal Comelade :
l’interview (première partie) (2007)
l’interview (deuxième partie) (2007)
la chronique de « Monofonicorama Best-Off 1992-2005 » (2007)

A Freak Serenade
The Return of Lux Interior the Magician
Un Cigaret a l’Estatua del Gardel
Two Maniaco-Depressive Beatnicks Suabbling Over a Jane Russel Mozzarella’s Stereokini
Perque Vull
El Misteri Del Triangle Del Vermut
Ramblin’ Rose
Strip-Tease de Mosques en Patinet
Three eyed Hot-Dog Belly Dance
Europe Change Bad
L’Enterrament De Les Sardines
Sans les Mains
The Beat Don’t Make the Monk
Vals Burlesco

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